Sorgin Xilo

 Le site de Sorgin Xilo (trou des sorcières), est situé à Hendaye, en pied de falaises,  au nord-est du château d'Abbadia. Aujourd'hui, il n'est plus fréquenté que par les pêcheurs à pied, qui recherchent les opernes ou autres crustacés...

La pointe rocheuse centrale constitue la zone où se trouvent les meules.

Dans le passé, ce site a servi de lieu d'extraction de meules, mais nous ne connaissons pas à quelle époque il fut exploité. Son accès est conditionné par les marées, mais nous pouvons penser qu'à l'époque de sa pleine activité, le rivage avait une morphologie différente, et la zone d'extraction se trouvait hors d'eau. Le secteur d'exploitation représentait une superficie approchant les 5000 m2, ce qui laisse penser qu'il s'agissait d'une production de type industriel.

Trente sept meules ont été répertoriées sur le site par Philipe Lesgourgues et Charles Humbert. Leur épaisseur varie de 20 à 40 cm, leur section peut être de différents types: arc de cercle (1/3 des pièces), carrée, rectangulaire ou circulaire avec un diamètre  parfois irrégulier; elles ont parfois un œillard. Les pièces de section circulaire ont un diamètre variant de 1m à 1,30m. Les pièces non circulaires étaient ultérieurement retaillées et assemblées par cerclage de fer à chaud, comme les roues de charrette. Cette technique fut mise au point à partir de la fin du XVIIIème siècle.

On peut distinguer deux types de pierres: les meules à moulin, et les meules à taillander.

Les meules à moulin étaient destinées à divers types  de moulins: moulins à eau, à vent, à bras, à marée; ils avaient également diverses destinations: foulon (laine), huile, tan, poudre à canon, lin et bien sûr le grain.

Les meules à taillander servaient à affûter les outils de nombreuses professions: charpentiers, menuisiers, tonneliers, barbiers, cordiers, tailleurs, etc.

On peut donc considérer que la production et le commerce des pierres à meule est un pôle déterminant des activités domestiques, artisanales et industrielles.

Selon les archives de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Bayonne, les marchandises qui entraient et sortaient du port de Bayonne étaient soumises au droit de coutume et au droit d'octroi. Les pierres de moulin étaient taxées selon leur diamètre, mais indépendamment de leur nature.

Les Archives Nationales indiquent que, durant la Convention (1792-1795), la commission de subsistance diligenta une enquête pour répertorier tous les moulins existants sur le territoire national. En guerre contre l'Angleterre, l'Espagne, la Hollande, la France connaît à cette époque l'insurrection dans de nombreuses régions. L'Etat à pour objectif au travers de cette enquête, de prendre le contrôle de toute la production agricole et manufacturière. Bertrand Barere de Vieuzac, membre du Comité Central de Salut Public déclare le 12 octobre 1793: "… les productions territoriales sont une propriété nationale…".

Six mille huit cent quatre vingt trois moulins sont recensés pour soixante douze départements (sur quatre vingt trois), ce qui donne une idée de l'importance de l'activité de production des pierres à meules.

Le 31 décembre 1808, les préfets sont chargés par Jean Antoine Chaptal, Ministre de l'intérieur de Napoléon Bonaparte, de répertorier par département, le nombre de meules en fonction, les types de roues, les techniques de meunerie, et le lieu d'extraction des meules de moulins à farine en activité.

Les résultats donnent 9045 moulins en activité pour 115 départements.

L'arrondissement de Bayonne en totalise 187. Les lieux d'extraction sont étonnamment nombreux: Aïnhoa, Anglet, Arancou, Arbonne, Arcangues, Ascain, Ayherre, Baïgorry, Bayonne, Bergouey, Biarritz, Bidache, Bidart, Bidarray, Biriatou, Briscous, Bonloc, Came, Cambo, Ciboure, Escos, Espelette, Guiche, Halsou, Hasparren, Hendaye, Isturitz, Itxassou, Labastide de Clairence, Lahonce, Louhossoa, Larressore, Macaye, Mendionde, Méharin, Mouguerre, Saint Esteben, Saint Jean de Luz, Saint Pée sur Nivelle, Souraïde, Sare (La Rhune), Sauveterre, Urcuit, Urrugne, Urt, Ustaritz, Villefranque…

A ce jour, de nombreuses associations tentent de préserver, restaurer, faire vivre les moulins qui subsistent. En particulier, je dois à l'association des amis des moulins, la chance d'avoir visité de superbes moulins à l'Hôpital Saint Blaise et à Barcus.

Le magnifique moulin de Bassilour à Bidart est en pleine activité. Le meunier perpétue une activité familiale. Il est indispensable de connaître ses gâteaux basques et ses sablés…