Bidache - Bidaxune |
Bidache situé sur un promontoire dominant la Bidouze et le Lihoury, devint au XIIème siècle, la principale résidence des Gramont qui abandonnèrent alors leur château primitif de Viellenave-sur-Bidouze. Bidache est dite Villa de Bidaxen en 1293 et Bidassun en 1328. Il y eut un marché et un péage pour le moins en 1381. Bien que Bidache ait sans aucun doute relevé du roi de Navarre, les Gramont utilisèrent leur situation, à la fois en Navarre, où ils défendirent la dynastie légitime (parti des Agramonteses), et en France, ainsi que la position géographique de leurs biens entre la Navarre et la Gascogne, pour mener une politique quasiment indépendante qui aboutit à la reconnaissance de leur souveraineté sur Bidache à partir de 1531, devenant ainsi Princes souverains, mais pour Bidache seulement. Le château de Bidache est cité en 1329, lors du premier hommage connu, rendu par Arnaud-Guillaume III de Gramont au roi et à la reine de Navarre. Il fut incendié en 1523 par les troupes de Charles Quint qui venait de lever le siège de Bayonne. Il fut à nouveau détruit la même année, lors de son siège et de son incendie par les troupes impériales sous les ordres de Philibert de Chalon, le redoutable prince d’Orange. Les 300 soldats assiégés ont lutté durant trois jours avant de périr dans les flammes... Charles de Gramont, archevêque de Bordeaux, finance la reconstruction. L'architecte, Gabriel Bourgoing, a utilisé son savoir-faire d'influence italienne, pour réaliser des enduits imitant la pierre et la brique. Les travaux furent terminés en 1539. Encore transformé au XVIIème, les derniers travaux datent du XVIIIème. C'est à cette époque que fut édifiée la porte principale, de style classique à fronton triangulaire, par Antoine IV de Gramont, dont Henri IV ne veut pas reconnaître l'épouse car elle est roturière. En 1630, la famille Gramont fit aménager l'esplanade Sud du château pour y réaliser des jardins à l'italienne en terrasses, reliées par des escaliers. En 1643 Antoine III de Gramont, maréchal de France, fit ériger ses possessions en duché-pairie, confirmé par lettres patentes en 1648. Il fut envoyé à Madrid par Louis XIV, pour demander la main de Marie-Thérèse. En 1659, le cardinal Mazarin, qui passait par Bidache pour aller signer le traité des Pyrénées, déclara qu'il s'y trouvait l'un des plus beaux escaliers qu'ils soient en France. Le château fut ensuite délaissé par les Gramont, occupés au Parlement et à la cour de Versailles, au près du roi Louis XIV. Pillé, puis transformé en hôpital militaire au moment de la Révolution (1793), il fut une nouvelle fois incendié dans la nuit du 22 au 23 février 1796 (an IV de la république...). Les ruines du château de Bidache ont été inscrites en 2003, comme site majeur des monuments historiques de la région Aquitaine. Des travaux de restaurations ont été entrepris en décembre 2004, financés à hauteur de 900 000 euro par l'État et les collectivités locales, en échange d'un bail de 36 ans, signé entre la commune et les propriétaires. Le village de Bidache est structuré de part et d'autre de la rue Saint-Jacques, selon un axe Est-Ouest. Les maisons accolées sont édifiées en pierre calcaire de Bidache, sur des parcelles longues et étroites, perpendiculaires à la rue. Elle sont datées d'une époque s'étendant de la fin du XVIème jusqu'au XIXème siècle. Les façades sont généralement traversées par des bandeaux de pierre horizontaux, confectionnés en saillie par rapport à l'enduit de façade. Quelques-unes de ces façades sont constituées de pans de bois en partie haute (maison Tanneur), d'autres conservent des couverts à arcades au rez-de-chaussée (maison Congrès). En parallèle de la rue Saint Jacques, le chemin de Talé, côté Sud, longe ces parcelles. Il se situe probablement à l'emplacement d'un ancien chemin de ronde. Jusqu'au milieu du XXème siècle, la fontaine de Talé alimentait le village en eau potable. Port actif sur le réseau fluvial de Bayonne, Bidache eut une colonie israélite, protégée par les Gramont. En descendant vers le port, le cimetière israélite contient de nombreuses sépultures datées du XVIIème au XVIIIème siècle. Au 40 de la rue Saint Jacques, se trouve la maison Missabe, qui était une synagogue aux XVII et XVIIIèmes siècles. Au-dessus de la porte, le blason représentant les armoiries de la communauté juive, donné par le roi Louis XIV, a été abîmé. On distingue encore une patte de griffon. La maison Haramboure, située à l'extrémité Ouest de la rue saint Jacques, était probablement située à la hauteur d'une des deux anciennes portes de la ville. Toujours rue Saint Jacques, la maison Congrès conserve des arcades couvertes au rez-de-chaussée, formant un passage couvert, ouvert au public. La ruelle Louis Agricole Perret, fait référence à une personne qui fut avocat, puis juge suprême de la cour de Bidache, et qui prit la tête des révolutionnaires en 1789. Il fut envoyé à Paris, le 14 juillet 1790, jour de la fête de Fédération, pour demander à la constituante, le rattachement de Bidache à la France. Il est mort une quarantaine d'années plus tard. Rue de la fontaine se trouve la maison Barthe, datée de 1668 sur la façade Nord. Pourtant, elle était déjà mentionnée en 1523, comme seule restante après l'incendie provoqué par les troupes de Charles Quint. Comme son nom l'indique, c'est la maison de la famille Barthe, maçons et architectes, à qui on doit le pavillon Sud-est du château de Bidache. Elle est édifiée sur une terrasse en terre-plein exposé au Sud, maintenue par un mur de soutènement. Les dépendances comprenant le pressoir et le fenil datent de 1767. Sur les façades, des bandeaux de pierre en saillie, soulignent les niveaux de l'édifice. A l'intérieur, le parquet de la salle à manger était entouré d'un dallage qui permettait de stocker des agrumes, comme c'était la mode à Versailles à la fin du XVIIème. L'église Saint-Jacques-le-Majeur, érigée en collégiale en 1563 par les Gramont et remaniée au XIXème siècle, contient la sépulture des Gramont, où est inhumé Antoine III de Gramont (dalle de marbre noir devant l'autel). Saint Vincent de Paul fut tonsuré et reçut les ordres mineurs le 20 décembre 1596 devant l'autel latéral de droite. Remaniée en 1654, elle fut reconstruite dans un style néogothique de 1877 à 1891 par l'architecte Émile Doyere. Les vitraux, datés de 1887, sont du peintre verrier palois Jules-Pierre Mauméjean. On peut remarquer un superbe chemin de croix composé de tableaux réalisés entre 1936 et 1944 par les frères René-Marie et Jacques Castaing, qui étaient également palois. René-Marie Castaing a obtenu le premier grand prix de Rome en 1924, et est devenu par la suite, membre de la Société des Arts Français. Chemin de l'église, la maison Apremont, créée par Claire de Gramont (dernière des Gramont, qui décéda en 1560), était le lieu d'habitation des chanoines de Bidache. En effet, Clément VII, dans la première partie du XVIème siècle, avait approuvé la création d'une collégiale de 12 chanoines. Toujours chemin de l'église, la maison Fenouil, qui possède des fenêtres à meneaux, a appartenu à la famille de Souhy, qui étaient juges à la cour souveraine de Bidache. C'est probablement la plus ancienne de la commune. A côté de l'église, la maison Tanneur est datée de 1699. La partie supérieure de la façade est en encorbellement, elle possède une structure en pans de bois. Son nom témoigne du métier de ses propriétaires, mais aussi d'une importante activité économique. Il y avait en effet beaucoup de chênes Tauzin à Bidache, dont l'écorce était très riche en tanin, et qui était utilisé par les tanneurs pour le tannage du cuir. Le pont du moulin de Roby qui enjambe le Lihoury est généralement appelé "pont romain", ce qui ne semble pourtant pas être conforme à son histoire... L'ouvrage actuel date de la fin du XVIème siècle ou du début XVIIème siècle, mais son origine est probablement antérieure. Il semble avoir été remanié sur les bases d'un pont médiéval, qui était emprunté à l'origine par les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Sur la place du fronton, à côté de la mairie, se trouve la stèle des tailleurs de pierre. Elle témoigne de l'importance de la pierre de Bidache dans l'économie locale. Elle fut utilisée pour la construction des fortifications, des ponts, de la jetée de l'Adour, et de la plupart des maisons de Bayonne. Elle était transportée par voie fluviale sur des galupes, chargées de 20 à 30 m3 de pierre. Au XIXème siècle, 2200 bateaux naviguaient sur la Bidouze... Il y eût à Bidache, jusqu'à 17 carrières qui employaient 520 ouvriers au XIXème siècle. Le profil de cette stèle représente un tailleur de pierre à genoux, comme ils pratiquaient le métier. Les instruments qui figurent côté Sud sont: le mètre, la boucharde, le têtu, l'équerre, le compas, le ciseau et la pointerolle. Chaque année, le jeudi de l'Ascension, se déroule la fête des tailleurs de pierre. |