Bidarray - Bidarrai

Bidarray, vu de la crête de Zarkambidé.Bidarray vu des pentes de l'Haltzamendi.Le fronoton et l'église de Bidarray

Bidarray est un petit village situé au bord de la Nive (713 habitants en 2017), à mi-chemin entre Cambo-les-Bains et Saint Jean Pied de Port. Il se niche au pied des massifs du Baïgura, de Larla, d'Iparla et de l'Artzamendi.

Bidarray au pied du massif du Baïgura

Bidarray au pied d'IparlaBidarray au pied de l'Artzamendi

Bidarray devint une paroisse indépendante en 1723 et fut érigée en commune en 1790

En arrivant de Cambo, le pont Noblia se trouve sur la droite, et permet d'accéder au centre du village. Constitué d'une arche centrale en plein cintre, et de deux arches latérales en arc brisé, il date du XIVème siècle. Selon la légende, il aurait été construit, en une seule nuit, par les laminaks, des petits lutins omniprésents dans la mythologie basque. Le pont Noblia permettait aux pèlerins de Compostelle de traverser la Nive pour se rendre au prieuré situé dans la partie haute du village.

Pont NobliaBidarray vu depuis Gakoeta.

Ce prieuré, fondé au XIIème siècle, dépendait de Roncevaux, c'est pour cette raison que le parvis est décoré aux armes de Roncevaux..

L'église Notre Dame correspond à la chapelle de cet ancien prieuré. Son portail de grès rouge, du plus pur style roman, date de 1130. Le mur pignon à arcades forme le clocher, dont la partie supérieure est ornée de boules décoratives.

Eglise de Bidarray

Le porche possède de superbes chapiteaux sculptés

Chapiteau du porche de l'église de BidarrayChapiteau du porche de l'église de BidarrayChapiteau du porche de l'église de Bidarray

C'est à partir de 1625 que la nef fut allongée et que le transept fut construit. Au XIXème siècle, l'ensemble fut surhaussé et doté d'une fausse voûte en bois et de retables pseudo-gothiques. Lors de la dernière restauration, des poteries qui avaient un rôle acoustique ont été découvertes dans les murs.

Le Christ que nous pouvons voir au dessus du chœur est de facture moderne. Cependant l'ancien crucifix de l'église de Bidarray est attaché à une histoire surprenante...

Joseph Matenotte, surnommé "La Victoire", fut élu capitaine par les Chasseurs basques lors des guerres de la Convention (1793-1795). Le 3 juin 1794, il fit enlever le crucifix de l'église, et ordonna à ses hommes de tirer sur le Christ en guise d'exercice. Tous ratèrent volontairement la cible, sauf lui... Le lendemain, au cours de l'attaque de la redoute de Berdaritz, près des Aldudes, La Victoire fut blessé au ventre, à l'endroit même où la statue du Christ avait été atteinte. Il mourut quelques jours plus tard à Baïgorri...

 

Dans le cimetière qui entoure l'église, on trouve de magnifiques croix navarraises et de nombreuses stèles discoïdales.

 

Adossée à la façade Nord de l'église, on peut remarquer une croix dont les inscriptions sont gravées à l'envers... La photo de droite ci-dessous donne l'image de cette croix dans un miroir, qui devient alors plus lisible ! Il semble probable que le sculpteur était illettré et qu'il a recopié un modèle à l'envers, réalisé sur un support transparent...

 Un "cimetière jardin" aménagé en terrasses se trouve à l'extrémité Est, perpétuant ainsi la tradition d'une proximité très affirmée du monde des vivants et du monde de l'au-delà. On y trouve de très belles discoïdales de facture moderne.

En tournant à droite en sortant du pont situé juste en aval du Pont Noblia, on peut franchir un autre pont le Bastan (remplacé par en nouveau pont en 2021). En se dirigeant vers l'Ouest en direction du Pont d'Enfer, on peut remarquer les linteaux qui se trouvent sur les deux premières maisons sur le côté droit de la route : "Charlesteia" et "Eiharaldia". Il semblerait que ces deux maisons appartenaient aux mêmes propriétaires...

Jean Ibar dit "Manis", marié avec Juana Heguy, et maître de Eiharaldea  était cultivateur-cordonnier. Il fut maire de Bidarray de 1835 à 1848.

Linteau EiharaldiaLinteau Charlesteia

Leur fille Gracianne s'est mariée avec Jean Anchordoquy (de la maison Oiharzabalia) qui succéda à son beau père pour la fonction de maire du village. Il fut suspendu le 15 février 1855 par le préfet compte tenu que sa profession de cabaretier était incompatible avec la fonction de maire...

Une autre fille de "Manis": Jeanne Marie Ibar, s'est mariée avec  Martin Anchordoquy (de la maison Ilharrebixkar) qui était lui aussi cabaretier, puis cultivateur.  Martin Anchordoquy fut lui aussi maire du village de 1858 à 1860... (succédant à Jean Cedarry également suspendu par le préfet le 11 février 1858...).

Une maison située à proximité porte un linteau dont l'orthographe du nom semble approximative...

Linteau Anchordokui...

 

En continuant direction Ouest, on arrive au Pont d'Enfer, qui enjambe le ruisseau du Bastan. Reconstruit en 1913, il est situé à l'extrémité aval d'une gorge digne des ríos aragonais. Selon la légende, les laminaks (petits génies) l'auraient construit en une nuit... Le diable lui-même s'est jeté de ce pont car il n'arrivait pas à apprendre le Basque !

Le Bastan

On ne peut parler de Bidarray sans évoquer la "Grotte du Saint qui sue" : "Harpeko Saindua". Cette célèbre cavité est située en bordure du GR10, au dessus de la maison Arrusia (Arouchia) à 375 mètres d'altitude (43°15'54,0'' Nord - 1°23'21,1"" Ouest) . Nichée à la base de belles falaises de poudingue, elle est dominée par les escarpements méridionaux de Zelhayburu. 

La maison Arrusia (Arouchia)Harpeko SainduaChrist, ex-voto Harpeko Saindua

 Après avoir pénétré par un petit escalier, on est surpris de trouver un nombre considérable d'ex-voto : croix, vierge, médailles, pièces, jouets, cloche, vêtements, mouchoirs... Nous sommes dans un lieu de pèlerinage où se pratique un culte de type animiste (qui attribue une âme aux phénomènes et objets naturels), christianisé au niveau des rites et pratiques.

Ex-votos Harpeko SainduaEx-votos Harpeko SainduaEx-votos Harpeko SainduaJouets ex-votos Harpeko Saindua

 À gauche de l'entrée, se développe une étroite galerie accessible par quelques marches, au fond de laquelle se trouve une concrétion calcaire (stalagmite) de 1,10m de haut. Si l'on ne dispose pas d'une lampe de poche, il est important de ne pas se retourner vers la lumière du jour pour laisser la vue s'adapter à la pénombre. L'aspect de cette colonne est à l'origine d'une légende qui fut relatée par "l'etxeko andere" (la maîtresse de maison) de la maison Arrusia , le 14 novembre 1938, à José Miguel de Barandiaran.

Ex-votos et galerie Harpeko SainduaStalagmite Harpeko SainduaStalagmite Harpeko Saindua

Une bergère se perdit dans la montagne. Quelques temps plus tard, on ne retrouva que sa tête, et pendant plusieurs années, on entendit des voix dans la nuit. Attends ! Attends ! Criait quelqu'un dans la montagne. Une fois, à minuit, on vit entrer une lumière dans cette grotte... Certains en virent même douze... Le lendemain, les habitants des alentours se rendirent à la grotte et trouvèrent la statue de la "Sainte"... Depuis ce jour, on n'entendit plus aucune voix...

La croyance aux vertus curatives de cette stalagmite est très forte encore de nos jours. Les dévots frottent leur corps ou leurs membres malades avec des linges imbibés de l'eau recueillie sur la concrétion. Ce traitement serait particulièrement efficace pour les maladies de la peau (eczéma) et des yeux. Le fait de déposer des linges, vêtements ou ex-voto est lié à la volonté de laisser en ces lieux la maladie qui affecte la personne ; cette affection est ainsi matérialisée par l'objet dont elle se débarrasse.

Pièces, ex-votos Harpeko SainduaEx-voto Harpeko SainduaPoupée, ex-votos Harpeko SainduaVierge Harpeko Saindua

Il fut une époque où les jeunes des villages environnants (Itxassou, Erratzu, Arizkun et Amaiur) venaient en pèlerinage à Pentecôte et à la Trinité.

Des pièces de bronze du siècle dernier furent trouvées dans l'anfractuosité au dessus de la stalagmite. De nos jours, une multitude de pièces sont encore insérées dans les anfractuosités des parois de la cavité. J'ai personnellement recueilli des témoignages de guérisons qui ne peuvent que me convaincre des vertus curatives de la sueur de ce Saint !

 

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