Inari - Roddinesjoen

Jeudi 20 juin 2024

Nous démarrons à 8H15 et passons par Ivalo pour continuer en direction d'Inari. Le paysage devient plus varié, avec un peu de relief, quelques lacs avec des rochers émergeants, mais nous sommes encore sous la pluie.

Il est 9H45 lorsque nous arrivons au musée d'Inari. Nous allons visiter ce splendide musée des communautés Sami qui peuplent les grandes étendues nordiques sur 4 pays : Finlande, Suède, Norvège et Russie. C'est justement à Inari qu'est implanté le siège du parlement Same de Finlande. L'objectif principal de ce musée est de soutenir l’identité et l’estime de soi culturelle des Samis, et nous ressentons bien au cours de la visite que ce musée a effectivement une âme. Ce sera un des points forts de notre voyage.

Le musée présente le patrimoine culturel, le patrimoine architectural et les moyens de subsistance du peuple Sami de Finlande. Il traite aussi bien de la faune et de la flore, que des traditions et du mode de vie de ce peuple qui a su s'adapter pour surmonter des conditions climatiques extrêmes. L'exposition met également en lumière l'histoire du climat après la dernière période glaciaire et s'interroge sur ce qu'il adviendra du climat à l'avenir.

Musée InariMusée InariMusée Inari

Dans la partie extérieure de l'écomusée aménagé sur 7 hectares de forêt, nous voyons entre-autres des abris pour le bétail (moutons et rennes) avec un revêtement de tourbe, mais aussi des pièges pour les prédateurs tels que les renards, les loups ou les ours. Il y a également une fosse aménagée pour piéger les rennes.

Musée InariMusée Inari

Musée InariMusée Inari

Nous voyons également quelques embarcations utilisées par le peuple Same.

Musée InariMusée InariMusée Inari

Nous quittons le musée pour parcourir une trentaine de kilomètres avant de nous arrêter pour manger. Les rennes sont de plus en plus présents au bord des routes... La bonne nouvelle, c'est que nous quittons progressivement la zone infestée par les moustiques. Tankavaara nous a semblé être le paroxysme de ce fléau...

RenneRenneRenne

Dès que nous entrons en Norvège, le paysage change. Nous voyons des champs cultivés, des prairies et des petits hameaux ou groupes d'habitations. Nous commençons à voir des petits fjord, avec quelques bateaux de pêche accostés près des embarcadères. Nous rencontrons aussi les premières neiges de notre voyage, qui ponctuent les reliefs bien plus marqués que ceux de la Finlande.

Il est 16H20 lorsque nous arrivons sur notre lieu de bivouac, sur le plateau d'Ilfjordjellet, à 283m d'altitude, au milieu de nulle part, au bord de la rivière "Storelva - Stuorrajohka"...

Bivouac d'Ilfjordjellet

Nous sommes dans une ambiance cotonneuse et il tombe un léger crachin. Nous partons quand même faire un petit tour à pied en suivant le début du chemin qui conduit au lac Urrojávri qui se trouve à un peu plus de 5km mais que nous n'aurons pas le temps d'aller voir.

Cependant, cette courte escapade nous a permis de découvrir un splendide oiseau : le labbe à longue queue, une espèce qui fréquente essentiellement les vastes étendues dégagées de la toundra arctique. Autant dire que le biotope dans lequel nous nous trouvons, correspond parfaitement à son habitat de prédilection. La calotte qui recouvre sa tête et la moitié de la face jusque sous l'œil est noire, son cou et sa poitrine sont blancs et le reste du corps est gris. Au niveau de sa queue, il possède de très longues plumes rectrices médianes qui ondulent pendant le vol. Après l'avoir vu au sol, nous avons eu la chance de l'observer en vol à plusieurs reprises.

Labbe à longue queueLabbe à longue queue

Au niveau de la flore nous avons observé la Camarine noire (à ne pas confondre avec les Myrtilles), la Phyllodoce bleue, l'Arabette du Caucase, les Violettes à deux fleurs, le Tussilage et les Silènes acaules. Nous trouvons également des Mûres arctiques (également appelées Ronce des tourbières ou Plaquebière). C'est une plante vivace de la famille des rosacées qui pousse principalement dans la toundra et dans la taïga (forêt boréale). Elle est typique des pays nordiques où son fruit est utilisé frais ou transformé en confiture. Nous repérons aussi la présence du Saule laineux.

Camarine noire Phyllodoce bleue Arabette du Caucase Violettes à deux fleurs
Camarine noire Phyllodoce bleue Arabette du Caucase Violettes à deux fleurs
Tussilage Silènes acaules Plaquebière Saule laineux
Tussilage Silènes acaules  Mûre arctique (Ronce des tourbières - Plaquebière) Saule laineux

Vendredi 21 juin 2024

Nous démarrons à 8H30 sous un grand soleil, et très vite nous rencontrons un chevalier gambette, très facilement identifiable avec ses pattes rouges, qui picore sur la rive d'un lac partiellement entouré de neige.

Chevalier gambetteChevalier gambette

Nous faisons une halte photo au départ de la piste qui conduit à une ferme d'élevage aquacole où Patrick nous a indiqué qu'il est possible d'acheter du "king crabe". Certains de nos compagnons en ont profité, mais nous avons préféré poursuivre directement notre route.

Le king crabe est l' appellation courante du crabe royal du Kamtchatka, qui n'est pas à proprement parler un crabe car il appartient à la famille des Lithodidae qui sont en fait plus proches des Bernard l'ermite. C'est un animal dont la carapace peut atteindre 28 cm de diamètre,  son envergure 1,80m et son poids 12,7kg. C'est le crustacé le plus recherché au monde et le plus cher au poids (il peut atteindre 200€ le kilo pour du produit congelé...), ce qui permet de comprendre pourquoi nous avons passé notre chemin...

Depuis les années 1960, la population de crabes royaux du Kamtchatka pose de sérieux problèmes à l'écosystème de la mer de Barents. Originaire du littoral oriental de la Sibérie, il a été introduit dans la baie de Kola afin de fournir de nouvelles prises aux pêcheurs russes. Par la suite, il s'est répandu le long des côtes de Norvège et dans l’archipel du Spitzberg. Les protecteurs de l'environnement et certains pêcheurs voient cette progression rapide comme une menace pour les écosystèmes, alors que d'autres pêcheurs le considèrent comme une bénédiction économique. Sans prédateur naturel dans la chaîne alimentaire qui puisse lui nuire, il pourrait même atteindre les côtes atlantiques de l'Europe de l'Ouest où seules les eaux chaudes de Gibraltar pourraient l'arrêter...

Elevage de king-crabe

Nous nous arrêtons à 10H45 pour aller voir la cascade Adamselvfossen. Il nous faut descendre sur un petit chemin pour rejoindre un beau point de vue depuis le pied de la cascade.

AdamselvfossenAdamselvfossen

Madeleine et Dominique se trouvaient sur place en même temps que nous, et Madeleine est ravie d'herboriser un peu avec Christiane. Elles ont ainsi l'occasion d'observer les Trolles, la Bartsie, les Pensées à deux fleurs, la Dryade octopétale, le Trientalis d'Europe, la Pyrole à feuilles rondes et de très beaux parterres de Cornouiller de Suède.

Trolles Bartsie Dryade octopétale Pyrole à feuilles rondes
Trolles Bartsie Dryade octopétale Pyrole à feuilles rondes

Nous parcourons une quarantaine de kilomètres avant de nous arrêter pour aller voir le Silfar Canyon qui est indiqué par un panneau au bord de la route. Nous cheminons sur 200m environ sur un sentier en forêt pour rejoindre les rives du canyon, et nous suivons un sentier vers la gauche pour atteindre un belvédère environ 150m plus loin. Nous dominons les flots tumultueux de la rivière Børselva qui s'écoulent dans un spectaculaire défilé rocheux.

Silfar CanyonSilfar Canyon

Nous repérons au passage la présence de la Pédiculaire de Laponie.

Pédiculaire de Laponie

Nous nous arrêtons pour manger environ 4,500km plus loin, sur un petit parking situé sur la gauche de la route, que nous connaissons pour nous y être arrêtés en 2017. Nous y retrouvons le pin sylvestre qui pousse à l'emplacement le plus septentrional du monde pour cette espèce.

Pin sylvestre le plus septentrional du monde

Nous avons tourné à droite à Borslev pour emprunter une splendide route côtière sur une quinzaine de kilomètres en direction de Vednes. Nous voyons des huitriers-pie, mais nous observons aussi un couple de harles bièvres.

 Huitrier-pie Harles bièvres Harles bièvres

Nous faisons demi-tour au niveau du hameau de Gieddi-Leirpollen-Kenttä, et nous nous arrêtons à 15H00 au bord du Porsangerfjorden, pour prendre une douche et faire un peu de lessive.

PorsangerfjordenHalte au bord du Porsangerfjorden

Jean Paul part faire un petit tour à quelques pas du camping-car et découvre la présence de l'Orchis miel et de la Grassette, une plante carnivore. Elle est composée d'une rosette basale de feuilles gluantes sur lesquelles on trouve souvent de petits insectes, comme on peut le remarquer sur la photo ci-dessous. Elle possède deux types de glandes qui ne se discernent pas à l’œil nu car elles sont microscopiques : certaines sécrètent en continu de la colle qui englue l’animal pour le retenir avec encore plus d’efficacité qu’un papier tue-mouche, d’autres un suc digestif dont les enzymes dégradent la matière organique de la proie. Les éléments extraits sont absorbés par les feuilles à la manière de nos parois digestives. Plusieurs jours sont nécessaires avant que la digestion soit achevée.

Orchis miel Grassette
Orchis miel Grassette

Nous reprenons la route à 17H00 pour rejoindre notre bivouac de Roddinesjoen, toujours au bord du Porsangerfjorden.

Notre bivouac de RoddinesjoenNotre bivouac de Roddinesjoen

Nous partons à pied pour faire un petit tour des environs, et nous trouvons encore quelques nouvelles fleurs telles que les Silènes à une fleur, le Renouée vivipare et les Pois de mer (également nommés Gesse de mer, ou Gesse maritime).

Silènes à une fleur Renouée vivipare Pois de mer
Silènes à une fleur Renouée vivipare Pois de mer

Mais ce qui nous enchante le plus, c'est que nous découvrons une plante dont nous avons beaucoup entendu parler, mais que nous avions déjà rencontrée en Islande : la Plante huître (Mertensie maritime), qui pousse sur les plages de sable et de galets. Cette espèce est nommée en français de plusieurs noms tels que « Mertensie maritime » et « Pulmonaire de Virginie » ainsi que de ses noms vernaculaires « Huître végétale », « Huître potagère » et « Sanguine de mer ». Les feuilles de cette plante ont une étonnante saveur d'huître, et sont utilisées en cuisine pour accompagner des plats de poisson. Nous les goûtons et constatons en effet un goût d'huître bien présent en fin de bouche.

Plante huîtrePlante huître

Nous faisons donc une petite cueillette et proposerons de la goûter à nos compagnons de voyage au cours du briefing de la soirée, mais il faut dire que les candidats à la dégustation furent peu nombreux...

Au cours de cette petite promenade, nous avons également pu observer des eiders à duvet. C'est une espèce de canards plongeurs assez massifs dont les individus peuvent peser jusqu'à 2,800kg. Le mâle a une calotte noire sur la tête, une nuque et les côtés du cou de couleur vert olive, des joues blanches. Le ventre, les flancs et la queue sont noirs, le dos est blanc et la poitrine légèrement rosée, ses ailes sont noires et blanches. Quand à la femelle, elle est brun foncé barré de noir. En Europe, l'Eider à duvet vit dans l'hémisphère Nord, à la limite de la banquise. Il niche sur les côtes rocheuses ou sablonneuses de l'Atlantique Nord et de la mer du Nord, de la Scandinavie jusqu'à l'Islande.

Son duvet est utilisé depuis longtemps par les peuples vivant dans le grand Nord. Il est récolté dans les nids après le départ des petits. Il est utilisé pour confectionner des vêtements chauds et des édredons, nom issu de l'anglais "eider down", "duvet d'eider". Considéré comme le nec plus ultra pour le garnissage des couettes, le prix de ce duvet est très élevé : une couette de 140 X 200 cm coûte dans les 4 000 euros.

Eiders à duvetEiders à duvet

Il y a également des goélands marins. C'est l'un des plus grands goélands européens. La tête, la poitrine, le ventre et la queue sont blancs, contrastant nettement avec son dos presque noir. Les ailes sont également noirâtres avec un peu de blanc sur les bords antérieurs et postérieurs. Le bec est jaune avec une petite tache rouge sur la mandibule inférieure. Les pattes palmées sont rose pâle.

Goéland marin

Jour suivant Grand tour nordique 2024

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