Week-end en Rioja et Navarre
Vendredi 8 mars 2019
Nous quittons Bardos à 15H30 pour prendre la route en direction de la Rioja. Nous rejoignons l'autoroute vers Saint-Sébastien et Pampelune.
Nous laissons Pampelune sur notre gauche et poursuivons sur la A15 en direction de Saragosse et Madrid.
Nous prenons la sortie 50 en direction de N121 Tafalla, et au rond-point suivant, nous prenons la 3ème sortie en direction d'Olite
Après le passage sous l'autoroute A15, nous prenons la N115 en direction de Peralta. Après Peralta, nous prenons la NA624, puis la N653 Vers San Adrian.
Nous passons à Calahorra et Quel avant de traverser Arnedo. Nous avons la chance qu'il fasse encore jour pour observer les falaises qui surplombent Arnedo. Elles sont percées de nombreuses grottes qui ont servi d'habitat troglodytique. Elles furent occupées lors des nombreuses périodes de trouble telles que les invasions romaines, wisigothes, arabes et au moment de la "reconquista". Par la suite, certaines ont été transformées en ermitages, et plus récemment, quelques-unes ont servi de pigeonniers... Tout au long de notre route, nous avons le plaisir d'observer les amandiers en fleurs.
Nous poursuivons en longeant le río Cidacos pour rejoindre Arnedillo, où nous allons nous installer sur une aire de camping-cars qui se trouve au-dessus du village (19H00). Pour y parvenir, nous tournons à droite après une pharmacie, en empruntant la calle Miguel del Pozo. La pente est de plus en plus raide, mais l'accès au grand parking mis à disposition des camping-caristes ne pose pas de problème. (42°12'50'' Nord - 2°14'23'' Ouest - 735m d'altitude) Un agent municipal passe le matin pour faire payer 10 euros, et il est possible de se brancher sur des bornes électriques qui fonctionnent avec des pièces de monnaie. L'atout inattendu de cette aire est la mise à disposition d'un bâtiment pour les toilettes d'une propreté exemplaire !
Une aire de service artisanale permet d'effectuer sans aucun problème le plein d'eau et les vidanges. Le calme absolu et le point de vue de cette aire sont exceptionnels et méritent d'être soulignés.
Vers 19H30, Kattin et Sylvain nous rejoignent avec leur fourgon.
Nous avons parcouru aujourd'hui 268km depuis Bardos.
Samedi 9 mars 2019
Nous avons le plaisir de nous réveiller sous le soleil, et nous pouvons déja observer les vautours fauves posés sur les lignes de crêtes rocheuses qui nous dominent.
Vers 9H30, nous descendons à pied en direction du village, et nous rejoignons les rives du río Cidacos où se trouvent "Las Pozas de Arnedillo"... Ce sont de petits bassins aménagés sur la rive gauche du río, qui sont alimentés par une source d'eau thermale naturelle. Ces eaux ont des propriétés médicinales et surgissent depuis les profondeurs de la terre à une température dépassant les 50°. Trois bassins se succèdent parallèlement au lit de la rivière, et la température de l'eau diminue légèrement dans chacun des basins successifs. L'accès à ces piscines thermales est absolument libre et gratuit, et l'ambiance y est très conviviale.
Kattin et Sylvain ne manquent pas de profiter de cette opportunité à laquelle ils ne s'attendaient absolument pas !
En remontant en direction de l'aire de camping-cars, nous faisons une petite halte pour visiter l'ermitage "Virgen de la Torre" qui date du XVIème siècle. Nous y remarquons en particulier un beau retable polychrome.
Il est 11H00 lorsque nous prenons la route d'Enciso où nous allons nous garer sur le parking situé à la sortie du village sur la gauche (42°08'52,5'' Nord - 2°16'27,6'' Ouest - 790m d'altitude).
Nous redescendons à pied vers le village, mais nous tournons à droite pour passer rive droite du río Cidacos. Nous laissons sur notre gauche le parc d'attraction du "Canyon perdu" qui associe la découverte de la paléontologie et du monde des dinosaures, à des activités ludiques telles que tyroliennes et toboggans (il est fermé en cette saison).
Nous prenons le chemin qui monte en passant devant l'ermitage de la Virgen del Campo, pour aller découvrir le site éponyme afin d'observer des traces de dinosaures...
A l'époque ou sur terre il n'existait encore qu'un seul continent, il y a 100 à 200 millions d'années, les dinosaures peuplaient notre planète. Ils vécurent durant toute l'ère secondaire. Les plus anciens fossiles connus ont environ 225 millions d'années. Ils datent du Trias supérieur. Les dinosaures ont ensuite prospéré durant toute la période suivante, le Jurassique (entre 208 et 144 millions d'années). Leur disparition brutale eut lieu au cours de la dernière période de l'ère Mésozoïque, le Crétacé, il y a 65 millions d'années. En comparaison, le genre humain lui, n'a que deux millions d'années.
La région d'Enciso se trouvait dans une vaste étendue marécageuse au climat tropical. Il s'agissait du delta d'un grand fleuve (comparable à celui de l'Amazone) qui se jetait dans la mer, alors que mers et océans tels que nous les connaissons aujourd'hui n'existaient pas, ou du moins n'étaient pas encore séparés par le phénomène de la dérive des continents. Les dinosaures qui vivaient dans ces lieux où les eaux étaient peu profondes ont laissé des traces sur les sols meubles du delta. Par suite d'une période d'assèchement, leurs empreintes ont durci, et ont été recouvertes par des sédiments et des limons. Les dépôts de calcaire ont constitué de véritables moules dans lesquels se sont déposés les sédiments.
Suite à des mouvements géologiques nombreux et complexes, ces couches réapparaissent de nos jours à la surface. Le pendage (inclinaison) des strates associé à l'érosion de surface nous permet donc d'observer des empreintes datant de l'ère secondaire ! 1400 traces de dinosaures sont répertoriées sur le territoire de la commune d'Enciso !
Nous allons donc parcourir le secteur pour découvrir quelques-uns des sites où il est possible d'observer ces empreintes.
La visite du gisement de la Virgen del Campo (42°08'38,2" Nord - 2°16'18,3" Ouest - 803m d'altitude) se fait en traversant une passerelle bois qui protège la roche et évite ainsi son altération. Une réplique grandeur nature d'un dinosaure herbivore nous donne une idée de la taille impressionnante des espèces qui ont marqué le sol de 506 empreintes. Nous pouvons en particulier observer des traces qui se modifient progressivement en fonction de la vitesse d'un dinosaure qui se met à courir. Au changement de direction, il semblerait qu'un petit a été rejoint par un parent, à moins qu'il ne s'agisse d'une scène de chasse...
Outre les empreintes de pattes, nous observons également des traces de déplacement de la queue et les éraflures provoquées par des animaux de la famille des crocodiles… Le sol est constellé de trous de bivalves, mais nous n'arrivons pas à dénicher les fossiles de coquillages dont la présence est invoquée par la documentation sur ce site.
En revenant au parking, nous repérons deux petites constructions dans lesquelles se trouvent des ruches. Nous remarquons que certaines d'entre-elles, probablement très anciennes, sont faites en osier et en terre.
Nous nous installons à l'extérieur du camping-car pour manger en profitant du soleil de la Rioja (alors que nous savons que la météo annonçait la grisaille et la pluie pour chez nous...).
Nous reprenons les véhicules pour suivre la route de Cornago en franchissant un pont très étroit, juste devant le parc d'attraction.
Il ne nous faut parcourir que 2km pour atteindre le site de Valdecevillo, situé sur la droite de la route (42°08'15,4" Nord - 2°15'19,7" Ouest - 825m d'altitude), et un grand parking nous permet se stationner en toute sécurité sous le regard protecteur d'un immense dinosaure ...
Des panneaux d'information et des maquettes grandeur nature nous permettent de mieux appréhender la vie animale qui régnait ici il y a 300 millions d'années, bien avant que l'homme n'apparaisse sur la planète... Bien conservées, les premières traces appartiennent à un théropode (dinosaure bipède, ce qui signifie que son corps était soutenu par les membres postérieurs qui servaient à la locomotion. Les membres antérieurs étaient de petite taille, mais dotés de griffes mobiles. Elles étaient probablement utilisées pour saisir et déchiqueter ses proies. Les théropodes étaient tous carnivores. Théropode veut dire " pied de lézard ").
Ce site comprend 10 traces de dinosaures carnivores, 7 traces d'herbivores bipèdes et un quadrupède (probablement un "braquiosaure")... On estime qu'il mesurait 23 mètres de long pour 3 de hauteur. Cet ensemble de traces est constitué de 106 empreintes répertoriées...
En remontant le chemin aménagé (bien que l'érosion a rendu les marches particulièrement hautes), on trouve diverses traces intéressantes, en particulier celles d'une probable famille.
Continuant 2,700km sur la même route, nous nous arrêtons sur le bas-côté pour observer le site de Villar Poyales (42°07'34,7" Nord - 2°13'50,8" Ouest - 895m d'altitude).
Ce site se situe juste au bord de la route et comprend 84 empreintes. En partie haute de l'affleurement supérieur, nous pouvons observer une douzaine de traces comprenant 84 empreintes, dont celle d'un "Théroplantigrade encisensis" (ce qui fait référence à sa découverte à Enciso), un dinosaure bipède plantigrade qui a la particularité d'avoir les pieds palmés... L'état de conservation de ces empreintes nous paraît cependant de moins bonne qualité que celui des deux sites précédents...
C'est reparti pour 2km de plus pour rejoindre le site de Navalsaz (42°07'15,3" Nord - 2°12'28,1" Ouest - 985m d'altitude) qui se situe en contre-bas de la route sur la droite, juste en face du village du même nom. Selon la documentation, ce site contient 138 empreintes d'Ornithopodes… On y trouve l'une des traces d'Iguanodon les plus importantes de la Rioja. Nous pouvons y observer d'énormes empreintes dont la largeur atteint 75cm. Cet immense créature herbivore avait des pattes qui mesuraient 5,50m de longueur ! Un panneau très explicite nous permet de prendre conscience de la taille de cet animal.
Nous poursuivons en direction de Cornago, par une magnifique route de crête qui atteint les 1150m d'altitude au niveau de l'Alto de Vallaroso. Nous voyons très bien, au Nord, La Peña Isasa qui domine de ces 1472m d'altitude, le village de Muro de Aguas. Au terme d'un parcours d'une douzaine de kilomètres nous rejoignons la LR283 au niveau d'un rond-point. Nous ne l'empruntons pas pour l'instant, car nous prenons la deuxième sortie (en face de nous) pour nous engager sur une route qui fait immédiatement un lacet vers la gauche.
Cette route toute neuve va nous conduire en 2km à un petit parking sur la gauche où nous allons stationner. Nous ne sommes alors qu'à 150m du site de Los Cayos, situé en contre-bas direction Est (42°05'06,3" Nord - 2°05'24,4" Ouest - 786m d'altitude).
Nous pouvons observer 36 traces magnifiquement conservées et mises en valeur sur ce site qui constitue le point d'orgue de notre circuit de découverte paléontologique. La netteté et la profondeur des empreintes sont saisissantes, à tel point qu'il est difficile d'appréhender l'échelle de temps qui nous sépare du passage de ces créatures, qui semblent pouvoir surgir à tout instant.
Nous revenons jusqu'au rond-point où nous tournons à droite en direction d'Arnedo et Logroño. Lorsque nous rejoignons la LR-123 en face de Villaroya, nous tournons à droite en direction de Gravalos ; 2,600km plus loin, sur la droite de la route, un panneau indique "Carrascal 1km". Nous nous engageons sur cette piste qui nous conduit à une aire de détente ombragée où nous nous installons à 17H00 pour passer la soirée et la nuit (42°06'53,8" Nord - 2°03'22,1" Ouest - 832m d'altitude). Les quelques familles qui se trouvaient là lèvent le camp progressivement et nous bénéficierons donc seuls de cet emplacement idyllique pour passer la nuit (il y a même un point d'eau).
Nous avons parcouru aujourd'hui 44km depuis Arnedillo.
Dimanche 10 mars 2019
La nuit fut hyper calme, et nous nous levons encore sous le soleil.
Nous partons par Gravalos, Alfaro, Castejón et Caparroso. Avant Mélida, nous remarquons les ruines de la forteresse médiévale de Rada qui se trouve sur un point haut à gauche de notre route.
Nous arrivons à 10H30 au Monasterio de la Oliva (42°22'18,9" Nord - 1°28'06,1" Ouest - 342m d'altitude) que nous avons la chance de pouvoir visiter (contrairement à ce qui nous est arrivé en octobre 2017)...
Le nom "Monasterio de la Oliva" est lié à une légende populaire selon laquelle un roi navarrais fut blessé au cours d'une bataille contre les Arabes et vint mourir au pied d'un olivier sauvage. Le monastère fut construit à la place de l'olivier, et fondé en 1149 par l'Ordre de Cîteaux. Après des siècles de splendeur, au Moyen-âge, la guerre d'Indépendance et la vente des biens religieux au XIXème provoquèrent la ruine de ce monastère qui fut abandonné jusqu'au siècle suivant, au cours duquel il a été restauré. La vie monastique put ainsi reprendre. Ce monastère est actuellement habité par une douzaine de moines cisterciens, c'est l'un des trois monastères préservés de la Ribera de Navarre.
Après avoir pris les tickets d'entrée (2,50 euros par personne) nous commençons par visiter le cloître dont le pavage en galets est constitué de motifs représentant des fleurs de lis, les armes de la Navarre et autres symboles médiévaux.
Nous remarquons aussi les nombreux chapiteaux qui soutiennent les voûtes du cloître.
Nous remarquons des dalles funéraires gravées dans la salle capitulaire où l'on accède à partir du cloître.
Nous visitons l'église qui constitue l'un des exemples les plus authentiques de l'art cistercien en Espagne. Sur les murs, nous observons que les pierres portent de nombreuses marques de tâcherons. Chaque tailleur de pierres qui était employé pour l'édification des monuments possédait sa marque qu'il gravait sur chacune des pierres qu'il avait taillée. Il pouvait ainsi être payé en fonction du nombre de pierres qui portaient sa marque.
Nous revenons dans la cour principale qui nous permet de voir la façade de l'église.
L'immense portail en ogive est surmonté d'une corniche décorée de modillons représentants des personnages parfois grotesques, des musiciens ou des artisans.
Nous ne manquons pas d'acheter du vin (attention, on ne peut payer qu'en argent liquide) que nous dégusterons avec Kattin et Sylvain dans quelques temps, en nous remémorant les excellents moments partagés durant ce week-end...
Nous reprenons la route pour rejoindre Ujue en passant par Carcastillo et Murillo el Fruto. Le revêtement de chaussée nous impose de rouler à allure modérée, ce qui nous vaut de voir une perdrix rouge dans un champ du bord de la route, quasiment au même endroit que celles que nous avions vues en octobre 2017...
Le village d'Ujué est situé en Navarre, sur une éminence dominant la Ribera.
Nous stationnons avant le village (42°30'53,0" Nord - 1°30'34,4" Ouest - 779m d'altitude) car nous tombons sur une spectaculaire compétition de motocross, et la foule est nombreuse...
Nous rejoignons le village à pied et nous attendons 13H00 pour l'ouverture du restaurant "Asador Uxue" qui se trouve à l'entrée du village. L'accueil est sympathique et la réservation par le site Internet a parfaitement fonctionné. Nous nous sommes régalés avec le menu à 24 euros qui comprend trois entrées, un plat et un dessert... La salade de perdrix a une véritable couleur locale, les joues de porc sont excellentes, et la "cuajada" (lait caillé) également. Nous retenons cette adresse où le rapport qualité-prix est particulièrement intéressant...
Après le repas, nous parcourons les rues tortueuses et pentues, bordées de maisons aux façades pittoresques, qui sont restées quasiment identiques à ce qu'elles étaient au Moyen Age.
Des tours de l'église forteresse, la vue s'étend jusqu'à Olite, le Montejurra et les Pyrénées.
Le portail gothique de l'église Sainte Marie est superbement orné, avec en partie inférieure une représentation de la scène.
C'est surtout le chemin de ronde couvert qui retient notre attention... En effet, il possède quelques chapiteaux sculptés, avec en particulier une acrobate remarquable.
Nous observons avec admiration les abouts de chevrons sculptés. L'extrémité des poutres destinées à soutenir les pannes en tête des poteaux sont également sculptés de façon assez singulière, représentant des personnages qui tirent une énorme langue ...
La légende raconte qu'un berger vit apparaître une colombe qui entrait et sortait par un trou dans le rocher. En suivant la colombe, il découvrit une grotte avec une statue de la Vierge à l'Enfant. Cette vision fut interprétée comme une injonction de la Vierge de fonder un village à cet endroit, et c'est ainsi que naquit Ujué.
Nous pouvons voir à l'intérieur de l'église, une belle statue de la Vierge, datée de 1190, recouverte d'argent. C'est l'un des exemples les plus beaux et les plus anciens de la sculpture romane de Navarre. Une vitrine jouxtant la statue contient le cœur du roi qui fortifia le sanctuaire au XIVème siècle, Charles II « Le méchant », surnommé ainsi par ses ennemis français, et dont on raconte qu'il tenta de tuer à la fois les rois de Castille et ceux de France...
Alors que Kattin et Sylvain rentrent directement par l'autoroute, nous partons en direction de San Martin de Untx que nous laisserons sur notre gauche pour passer à Lerga, Eslava et Aibar afin de rejoindre Lumbier.
De nombreuses et belles touffes de fleurs roses attirent notre attention sur le bas-côté de la route au départ d'Ujué, nous nous arrêtons pour les identifier : il s'agit du Chou des champs.
Nous aurions souhaité dormir sur le parking autorisé pour les camping-cars à côté du camping (qui est fermé en cette saison), mais un panneau notifie une interdiction de stationner la nuit pour les camping-cars. Nous tentons donc notre chance pour dormir sur le parking de la Foz de Lumbier, mais la gardienne nous indique que c'est également interdit...
Décidément Lumbier n'a rien compris à l'intérêt que pourrait représenter les séjours des camping-caristes, et devrait prendre des leçons auprès des édiles d'Arnedillo qui sont à ce sujet exemplaires !
Nous décidons donc de rentrer par Aoiz, Nagore, Roncevaux, Saint-Jean-Pied-de-Port et Saint-Palais pour arriver à Bardos à 19H30.
Nous avons parcouru aujourd'hui 278km depuis notre bivouac de Villaroya, et 590km pendant notre périple.