Vendredi 13 octobre 2017
Il est 9H00 lorsque nous partons à pied de Chiriveta pour faire une boucle qui nous conduira à la Tour de Chiriveta et à l'ermitage de la Virgen del Congost. Dès le départ, nous admirons les très nombreuses toiles d'araignées recouvertes de rosée, accrochées à la végétation.
Nous passons au Castell de Chiriveta que l'on nomme également "Torre de Montgai" ou même "Torre de los Moros", d'où nous découvrons un superbe point de vue sur le Congost de Mont Rebei.
Située en position stratégique dans l'axe du Congost de Mont Rebei (au Sud), cette tour d'origine musulmane a été édifiée au milieu du XIème siècle, durant la période de la "Reconquista", c'est-à-dire l'époque où les souverains chrétiens ont combattu pour reconquérir les territoires musulmans de la péninsule ibérique, aussi bien en Espagne qu'au Portugal. On sait que Ramón Berenguer IV, Comte de Barcelone, qui a largement contribué à cette reconquête, a cédé cet ouvrage fortifié aux Templiers au cours du XIIème siècle. Cette tour, haute d'une quinzaine de mètres, est constituée de murs de plus de 2m d'épaisseur à la base et son diamètre intérieur mesure environ 3,50m. Elle comportait deux niveaux, le second devait probablement avoir 5 fenêtres destinées à surveiller la totalité des environs. Pour assurer sa défense, la tour était équipée de canons. Cet ouvrage à vocation militaire, dresse aujourd'hui sa silhouette éventrée, face aux hordes de touristes envahisseurs qui déferlent en masse sur la rive opposée de la Noguera Ribagorzana, pour aller voir le Congost de Mont Rebei.
Nous voici à l'ermitage de la Virgen del Congost. Construit en pierres de couleur ocre au cours de la première moitié du XIème siècle, il fut restauré au XIIIème. Il a fait l'objet d'une nouvelle restauration en 1996, et son état de conservation à ce jour est remarquable. Nous avons la chance de pouvoir pénétrer à l'intérieur, et nous remarquons que quatre boules superbement décorées ont été placées au pied de l'autel.
Nous sommes de retour à l'église de Chiriveta à 12H45, et nous mangeons à l'ombre des camping-cars.
Nous reprenons la route à 14H30. Nous repassons à Benabarre où nous tournons à droite pour emprunter la A-1606 en direction de Laguarres. La route est étroite mais nous fait traverser des paysages splendides, avec en particulier de très beaux points de vue sur le Turbón.
Nous stationnons à l'entrée du village de Roda de Isabena (J6P1). C'est le plus petit village d'Espagne possédant une cathédrale.
Roda de Isábena fut le grand centre chrétien de la Ribagorza, face aux musulmans installés à Graus. Rattachée aux comtes francs de Toulouse au VIIIème siècle, son indépendance politique et religieuse fut acquise avec les comtes de Ribagorza et l'évêché de Roda. En 1006, Abd-el-Malik détruisit l'église et fit son évêque prisonnier, mais en 1018, un nouveau temple fut consacré par le libérateur Sancho el Mayor, roi de Navarre. C'est en 1068, sous Sancho Ramírez, que l'édifice fut terminé.
Roda perdit sa primauté en 1149 avec le reconquête de Lérida, qui inventa la théorie erronée que son ancien siège épiscopal avait été transféré à Roda aux jours sombres de la conquête musulmane...
Nous profitons d'une visite guidée (16H30 - en espagnol) de la cathédrale de San Vicente Mártir. Le porche d'entrée protège un imposant portail qui date du XIIème siècle. Ce dernier possède des chapiteaux historiés, mais ce sont surtout les magnifiques portes de style mudéjar qui retiennent notre attention.
La cathédrale est constituée de trois nefs, mais elle se caractérise en particulier par sa crypte ouverte, visible depuis la nef centrale, où se trouve le sarcophage de Saint Raymond, premier évêque de Roda. Ce magnifique tombeau est sculpté de scènes de l'enfance du Christ. Daté de 1170, il est probablement dû au Maître de San Miguel d'Estella.
Quelques fresques polychromes subsistent dans la crypte septentrionale : on y voit le Tétramorphe, le baptême de Jésus et Saint Michel pesant les âmes.
Le cloître de forme trapézoïdale, aux arcs en plein cintre est intéressant, ses galeries sont couvertes de façon à recueillir les eaux dans la citerne centrale. Les colonnes sont surmontées de chapiteaux décorés de motifs géométriques ou floraux. Beaucoup portent des épitaphes datant du XIIème au XVème siècle.
Revenant au parking, nous voyons en face à nous (à l'Est) le Tozal de los Moros qui semble nous inviter à venir lui faire une visite. Ce sera une prochaine fois...
Nous reprenons la route par La Puebla de Roda et nous tournons à gauche à la sortie de Biascas de Obara pour prendre la HU-V-9601 en direction de Campo où nous rejoignons la N260. Avant d'arriver à Ainsa, nous tournons à gauche pour passer à Tierrantona. Arrivant au petit village de Palo, nous prenons une toute petite route sur la gauche pour rejoindre l'ermitage de Bruis (indiqué par un panneau). Nous nous installons à l'arrière de l'ermitage pour passer la soirée et la nuit (J6P2).
Nous avons parcouru aujourd'hui 117km, soit 1041km depuis Bardos.
Visualisation du tracé interactif grâce au travail de