Les îles Lofoten
Dimanche 30 juin 2024
Nous nous réveillons encore sous la pluie, mais la tendance semble être à l'accalmie. Le briefing est ... humide, mais Patrick nous annonce le soleil pour ce soir.
Nous commençons la journée en allant visiter le Lofotakvariet de Kabelvåg, un aquarium qui présente la faune marine des Lofoten. L'aquarium est petit, et l'eau des bassins est souvent trouble. Le film en anglais qui nous vante les qualités de l'élevage de saumons nous laisse sceptique. Finalement le seul mérite de cette visite était de passer un moment à l'abri en attendant que la météo s'améliore.
Nous repartons pour Henningsvaer où nous arrivons à 12H15 pour faire un tour à pied. C'est un village de pêcheurs posé sur plusieurs îles, ce qui lui a valu le surnom de " Venise des Lofoten ". Cependant, bien que ses maisons colorées soient majoritairement construites sur pilotis dans un cadre où la mer est omniprésente avec les montagnes en toile de fond, elle ne nous semble pas mériter cette comparaison...
Nous sommes cependant contents d'avoir pris l'air sans nous mouiller, et en plus, nous avons trouvé un doudou macareux pour notre petite fille.
Tout en cheminant dans le village, nous voyons quelques morues suspendues pour sécher, mais il semble bien qu'elles ne soient là que pour le décor... Par contre, les Silènes enflés et la Lysimaque ponctuée poussent naturellement.
Nous mangeons sur le parking avant de reprendre la route.
Il est 16H00 lorsque nous passons à Stamsund, où nous reconnaissons très bien notre point d'accostage avec l'Hurtigruten en provenance de Bødø en 2004. Nous voyons également la grande maison jaune où nous avions logé, visible sur la photo ci-dessous.
La route côtière que nous suivons est splendide et nous apprécions particulièrement les maisons aux toits végétalisés qui ponctuent notre circuit.
Une demi-heure plus tard nous passons à Ure, un petit port niché dans un cadre pittoresque qui a gardé toute son authenticité. Le port est abrité par des îles et des îlots, qui offrent une protection efficace contre les pires intempéries que peut subir le Vestfjord.
Il est difficile d'imaginer que l'histoire d'Ure remonte aux années 1500, époque à laquelle des traces de peuplement, de pêche et de sorties de pêche ont été documentées. Au XVIIIème siècle, le port bourdonnait de vie pendant la saison de pêche et les activités commerciales abondaient.
Avant la dernière guerre mondiale, Ure était l'un des villages de pêcheurs les plus grands et les plus connus des Lofoten. En hiver, 60 à 70 bateaux de pêche étaient ancrés dans le port et, les jours de tempête, leur nombre pouvait atteindre 150 bateaux. Ure était alors un centre d'activités très important avec des cafés, un télégraphe et un commerce ouverts tout au long de l'année.
Alors que nous avons repris la route en direction d'Uttakleiv, nous avons le plaisir d'observer un courlis cendré. Un peu plus loin, un lagopède des saules ne nous a pas laissé le temps de le photographier.
Nous avons la chance d'arriver à Uttakleiv sous un grand ciel bleu. La plage de sable blanc d'Haukland est splendide. Les sommets du Veggen, du Mannen et de l'Himmeltindan complètent majestueusement le décor de ce site exceptionnel.
Un tunnel nous permet de passer sous le Mannen pour arriver à Uttakleiv, lieu mythique pour les camping-caristes qui souhaitent observer le soleil de minuit depuis les îles Lofoten. La plage de sable blanc d'Uttakleiv n'a rien à envier à la précédente.
Il y a beaucoup de monde sur le site, mais il est bien géré et la soirée se passe dans le calme. Nous ne manquons pas évidemment de faire des photos sous le soleil de minuit...
Lundi 1er juillet 2024
Nous nous réveillons sous un grand ciel bleu et prenons la route à 8H40. Nous commençons par aller voir le village de Ballstad dont l'activité principale tourne autour de la pêche. La première chose que l'on remarque en arrivant à Ballstad est la pointe acérée du Skottinden qui culmine à 971m, offrant un décor de carte postale à ce lieu magique.
En pénétrant plus à l'intérieur du village, nous découvrons une grande fresque de couleur bleue, réalisée sur la façade aveugle d'un chantier naval. Avec un bateau en premier-plan, le réel et l'imaginaire se mêlent pour un résultat du plus bel effet.
Nous reprenons la route pour rejoindre Vitken par un itinéraire pittoresque en bord de mer. La route est étroite mais il y a de nombreux emplacements pour se croiser et les problèmes de circulation ne se posent pas. Nous allons voir un artisan verrier : "Åsvar Tangrand" qui est installé dans un lieu on ne peut plus calme. L'architecture de sa maison faite de bois et de verre "Glasshytta" vaut à elle seule le détour avec son toit végétalisé...
Il nous laisse gentiment le regarder travailler, et c'est bien la première fois que je vois un artisan verrier réaliser un oiseau en seulement quelques minutes..
Ses œuvres sont exposées dans le local qui sert à la fois d'atelier, de salle d'exposition et de vente, mais aussi de café. Nous nous installons donc pour prendre un café accompagné de pâtisseries faites maison.
Nous faisons également un tour sur la terrasse où nous découvrons encore quelques-unes de ses oeuvres, judicieusement disposées sur les rochers du littoral.
Alors que nous avons repris la route en direction de Nusfjord, nous nous arrêtons pour faire une photo de Flakstadtinden, où nous étions monté le 4 juin 2017.
Nous remarquons à cette occasion la présence de l'Orchis maculé.
Il n'est pas très facile de trouver une place pour stationner lorsque nous arrivons à Nusfjord, et il nous faudra donc marcher un petit kilomètre pour aller visiter le village dont l'accès est payant (ce que l'on peut considérer comme regrettable...). C'est l'un des villages de pêcheurs les plus anciens et les mieux préservés de Norvège. De nombreux bâtiments tels que la forge, le fumoir, les hangars à bateaux et l'usine d'huile de foie de morue ont été préservés, car, au début du XXème siècle, Nusfjord abritait plus de 1 500 pêcheurs. On estime que plus de 600 000 poissons étaient suspendus sur les séchoirs à cette époque considérée comme « l'âge d'or ».
Le cœur du village s'articule autour d'un quai en bois, en forme de fer à cheval. Tout autour sont disposés des rorbuer (cabanes de pêches) de couleur rouge et des entrepôts peints en jaune. Le site est inscrit sur la liste des "sites à conserver" par l'UNESCO. Nous retrouvons les lieux tels que nous les avions connus lors de notre premier passage en 2004. Le rorbu où nous avions logé n'est pas occupé mais reste aménagé à l'identique.
Un joli bateau à voile ancien est amarré à quai, puis prend le large pendant que nous parcourons ce site splendide.
Le temps est magnifique, et les conditions sont idéales pour profiter de ces lieux magiques, dominés par le Nesheia qui se trouve en face (Est), de l'autre côté du fjord. Nous l'avions également escaladé le 5 juin 2017, et je ne résiste donc pas au plaisir de placer trois photos ci-dessous, prises à cette occasion.
Nous reprenons la route pour aller manger sur un parking en bord de mer, proche de Flakstad. Nous le connaissons bien, puisque nous y avions bivouaqué en 2017.
Le village d'Hamnøya n'est pas aussi connu que Nusfjord, Reine ou Å, mais il ne manque pas de nous émerveiller au passage, dans son décor de montagne absolument splendide.
Il est 14H30 lorsque nous arrivons sur le parking de Reine. Nous revenons à pied jusqu'au point de vue qui se trouve à l'embranchement de la route qui conduit au village.
Ici aussi nous bénéficions d'une vue de carte postale, comparable à celle que nous avions à Hamnøya. Les maisons rouges sur pilotis sont alignées au bord du fjord, et de nombreux sommets acérés ceinturent le village. Les teintes de bleu du ciel et des eaux du fjord voudraient nous laisser penser que nous sommes dans les Caraïbes, tout comme la température.
Nous parcourons ensuite les rues du village avec Fabienne et Hubert. De nombreuses maisons ont un toit végétalisé, et contrairement à l'habitude, ici l'église est de couleur blanche comme pour mieux se distinguer dans le paysage.
Nous rejoignons maintenant le village situé le plus au Sud des Lofoten, tout au moins de l'île Moskenesøy : Å. Å est, contrairement à ce que l'on pourrait penser, la dernière lettre de l'alphabet norvégien, et se prononce comme «Ô» en français. Ce nom a pour origine un mot de vieux norrois signifiant «ruisseau». Ce n'est que depuis 1986 que la municipalité de Moskenes a adopté Å comme nom officiel du village.
Quelle n'est pas notre surprise lorsque nous découvrons un parterre de Lis martagon en descendant depuis le parking en direction du village par un agréable petit sentier.
Å fut un important port de pêche spécialisé dans le poisson séché jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Ses séchoirs traitaient plus de 700 000 morues par saison. Les bâtiments anciens préservés, tels qu'entrepôts, cabanes de pêcheurs (rorbuer), hangars à bateaux, séchoirs à morue (la majorité sont actuellement vides), forge, donnent à cette localité des allures de «musée vivant».
Comme nous l'avions remarqué à Oldervik, les goélands nichent de toutes parts sur les toitures ou même les façades des bâtiments, et animent les lieux de leurs cris incessants. Il est prudent de rester vigilant pour éviter de recevoir leurs fientes sur la tête où sur les vêtements...
Nous avons justement rendez-vous avec Myriam et Patrick pour visiter le musée de la morue qui est tenu par un retraité polyglotte qui a vendu du stockfish en Italie et un peu partout en Europe du Sud pendant une vingtaine d'années. Le musée est aménagé dans l'une des usines qui produisaient autrefois le stockfish (cabillaud séché à l'air libre). Déjà, les Vikings faisaient sécher la morue sur des galets jusqu'à ce qu'elle devienne aussi dure que le bois. Le stockfisch était déjà une marchandise très prisée à leur époque. Stockfish est un mot qui vient du néerlandais : "stocvicsh" qui veut dire séchée comme un bâton.
Les dimensions du musée sont modestes, mais nous y voyons par exemple une presse pour compresser les cabillauds séchés.
Nous découvrons le processus de fabrication grâce à un film réalisé par Thalassa qui nous explique comment ce poisson séché est devenu un produit d'exportation majeur pour la Norvège. C’est pourquoi, en Norvège du Nord, pour qualifier l'odeur omniprésente de la morue lorsque les séchoirs sont pleins, on parle de « l’odeur de l’argent ». Nous apprenons d'ailleurs que pour se faire un peu d'argent, ce sont les enfants qui se chargent à l'arrivée des bateaux, de couper les têtes de poissons avant de les mettre elles aussi à sécher. Elles sont ensuite vendues au Nigeria, où elles sont incorporées au plat national…
Le cabillaud doit être vidé, écaillé et salé avant d'être séché à l'air libre entre fin février et mai. La brise marine, douce et salée, lui apporte exactement la quantité de soleil, de pluie, de neige et de vent nécessaire au processus de fermentation. Puis, durant plusieurs semaines encore, il achève de s’affiner dans des cave sèches et bien ventilées. Après ces traitements, la morue aura perdu 70 % de son poids en eau, tout en conservent ses principaux éléments nutritifs : protéines, vitamines, fer et calcium.
Le stockfisch doit tremper pendant plusieurs jours avant d’être prêt à être cuisiné. On dit par exemple qu'au Portugal il y a autant de recettes pour accommoder la morue que de jours dans l'année...
Nous remontons une trentaine de kilomètres vers le Nord pour rejoindre le camping de Fredvang qui se trouve juste à côté de la plage d'Yttersand, d'où nous étions partis en 2004 pour monter au sommet du Ryten avant d'aller contempler le soleil de minuit sur la plage de Kvalvika.
Cette journée fut un spectacle permanent et nous en avons plein les yeux... Mais notre regard peut encore se porter sur le sommet du Volandstinden que nous avions escaladé en 2017. Nous mesurons la chance et le privilège que nous avons de parcourir ces îles merveilleuses pour la troisième fois de notre vie.
Mais, comme si la journée n'avait pas été suffisamment remplie, après le briefing, Patrick nous offre un apéritif "couleur Lofoten", accompagné de crevettes qu'il cuisine devant nous.
L'ambiance est excellente, et nous alignons nos tables pour partager un repas pantagruélique... Patrick a pêché des petits lieus noirs pour tout le monde, mais comme il ne veut pas que l'on passe faim, il nous rajoute un demi pavé de saumon par personne...
Tout ceci est complété par du pâté, des courgettes, des tomates, du saumon ou des maquereaux proposés par Martine. Michelle et Jacques nous offrent du "brunost" : un fromage norvégien à pâte brune et au goût caramélisé que Christiane nous découpe en lamelles avec l'outil spécialement adapté qu'elle avait emmené à toutes fins utiles. Le dessert est composé d'une salade de fruits réalisée avec la contribution de chacun et se termine par une tournée de "túrron", une gourmandise à base d'amandes moulues avec du miel que nous avions emmenée d'Espagne. Le tout abondamment arrosé par des vins divers, sans compter les alcools forts qui fleurissent sur les tables : génépi, prune, framboise et calva...
On peut dire que ce soir, la mayonnaise a bien pris au niveau de la dynamique de groupe, même si Luicia et Armando sont restés reclus dans leur camping-car. Ils ont finalement décidé de poursuivre seuls leur voyage, suscitant une pointe de regret et d'incompréhension dans l'équipe.
Mardi 2 juillet 2024
Nous nous levons sous un ciel parsemé de quelques nuages, mais nous prenons tout notre temps puisque nous avons rendez-vous à 11H30 au "Lofotr Viking Museum". Il s'agit d'un musée historique présentant une reconstitution de l'habitation d'un chef viking qui date environ de l'an 500 de notre ère, d'après les fouilles archéologiques réalisées sur les lieux de 1986 à 1989. Les archéologues estiment qu'elle a été utilisée jusqu'en 950 après J.-C. environ, date à laquelle elle a été abandonnée.
La visite débute par un musée d'architecture contemporaine, dans lequel nous avons l'impression de nous trouver sous la coque transparente d'un navire renversé. On y trouve des pièces archéologiques tels que des tessons de poterie, des bijoux, des amulettes en feuille d'or ou un manche d'épée...
Nous visionnons un film « Le rêve de Borg » (en anglais, mais hélas le système d'audioguide est défaillant) qui raconte l'histoire des Vikings qui ont vécu ici. Il décrit de façon romancée comment le chef de clan qui vivait à Borg entra en conflit avec Harald Fairhear et un chef viking rival, Håkon Grjotgardsson. Il dut quitter Borg avec ses hommes et sa famille pour rejoindre l'Islande. Sa fille, n'a jamais pu oublier sa maison, et a toujours espéré y retourner. Un jour, par le pouvoir de l'amour, elle y est parvenue. Ce film tente de recréer l'atmosphère de la vie à l'époque viking.
Nous rejoignons ensuite la grande bâtisse viking reconstituée, accompagnés par une guide francophone (française expatriée en Norvège). Long de 83m, et large de 9,50m, c’est le plus grand bâtiment de cette époque découvert en Scandinavie. Elle est divisée en trois parties : le logement, la salle des fêtes qui se trouve au centre et la grange.
Un repas nous est servi dans la belle salle des fêtes qui se trouve au centre de la maison. La délicieuse soupe d'agneau préparée par la maîtresse de maison est cuite dans une marmite en fer sur le feu au milieu de la pièce et nous est servie avec un pain traditionnel local. La suite du repas est constituée d'un buffet abondamment garni où nous pouvons nous servir à volonté.
Nous ne sommes pas descendus au port pour voir le bateau viking, dissuadés par un vent très froid.
Il est 15H45 lorsque nous arrivons à Eggum où Thellier Voyages nous a réservé des emplacements. Il faut dire que lorsque nous sommes passés ici en 2017, c'était un peu le bazard. Aujourd'hui, le site est bien mieux géré, mais une arrivée à l'improviste comme nous l'avions fait à l'époque semble irrémédiablement vouée à l' échec.
Le temps s'est amélioré et nous sommes à l'abri du vent. Nous décidons donc de retourner voir la célèbre tête de Marcus Raetz qui est implantée au bord du chemin à seulement 1km à pied de notre bivouac (68°18'03.8'' Nord - 13°38'01.4'' Est). Elle est censée changer seize fois de forme selon l'endroit où l'on se place pour l'observer... Nous dirons qu'il est facile de l'observer dans quatre positions différentes, jusqu'à la voir "tête à l'envers"...
Par contre, pas de soleil de minuit programmé pour ce soir à Eggum car nous sommes sous un crachin qui ne cessera de tomber durant toute la nuit.