Saltstraumen - Laksforsen
Mercredi 3 juillet 2024
Nous quittons Eggum à 8H15 sous un ciel bas. Nous voyons quelques oiseaux, mais beaucoup moins que lors de notre passage en 2017. Il y a des harles huppés, des huîtriers-pie et des hérons cendrés.
Mais tout à coup, un oiseau court sur la route devant nous, et se faufile dans la végétation sur la droite. Nous nous arrêtons, mais sans nous laisser le temps de descendre du camion, il traverse la route et se pose sur un rocher à quelques mètres de nous : idéal pour lui tirer un portrait... C'est un oiseau que nous n'avions jamais eu la chance d'observer : un lagopède des saules. Son plumage d'été est roux, ce qui lui permet de se camoufler parfaitement dans le milieu ambiant. Par contre, en hiver, il est presque entièrement blanc pour se confondre avec la neige, hormis la queue qui demeure noire tout au long de l'année.
Il est midi lorsque nous arrivons à Lødingen pour prendre le ferry, mais comme nous avons une heure d'attente, nous en profitons pour manger. Nous embarquons à 13H00 pour une traversée jusqu'à Bognes où nous retrouvons le continent.
Nous faisons le plein de gasoil, le plein d'eau et les vidanges à la station Shell d'Innhavet.
Nous faisons une halte au niveau de Tømmerneset, sur un petit parking équipé de toilettes, vidange WC, tables et bancs, et même bornes de recharge pour les voitures électriques alors que nous sommes en pleine nature. Mais en observant un panneau d'information, je découvre que nous sommes à seulement 150m d'un site rupestre.
Nous suivons le sentier et franchissons le pont qui traverse la rivière avant de tourner à gauche pour observer les deux rennes gravés dans le rocher, sur la rive gauche de la rivière Sagelva, juste en aval du Rotvatnet (67°53'58.7'' Nord - 15°51'31.7'' Est). En fait, deux rennes sont indiqués sur le panneau d'information, mais en réalité, seul celui de droite est encore visible. Ces gravures datent de l'âge de pierre et sont donc vieilles d'environ 9000 ans. Les animaux sont représentés grandeur nature avec la tête baissée. Ces représentations ont été interprétées de diverses façons : comme symbole magique donnant au chasseur un pouvoir sur le gibier, comme marque de territoire vis-à-vis des tribus rivales, ou comme symbole utilisé dans les rituels et la communication entre les individus.
En soirée, nous bivouaquons à Sommerset, au bord d'un fjord, ce qui permet aux amateurs de faire une partie de pêche.
Jeudi 4 juillet 2024
Nous avons fait la grasse matinée jusqu'à 8H30, et nous ne décollons donc qu'à 9H20 de notre bivouac.
Nous commençons par aller faire le plein de GPL à Fauske (67° 15' 40" Nord - 15° 25' 48" Est) avant de rejoindre le courant du Saltstraumen qui est particulièrement spectaculaire. C'est le courant marin le plus puissant du monde. Toutes les six heures, 400 000 mètres cube d'eau s'engouffrent à des vitesses pouvant atteindre 20 nœuds (40 kilomètres/heure) dans un bras de mer de 150 mètres de large et 3 kilomètres de long qui relie le Saltenfjord et le Skjerstadfjord. Les puissants tourbillons peuvent atteindre 10m de diamètre et 4 à 5m de profondeur.
Nous y sommes vers 11H00, alors que la marée haute est à 13H41. Nous sommes donc là au moment le plus favorable pour observer les remous qu'il provoque en dessous du pont.
Le Saltstraumen est aussi réputé pour son abondance en poissons, notamment du cabillaud (morue), lieu noir, loup de mer, baudroie et flétan. C'est ici que le lieu noir le plus gros du monde a été pêché à la canne à pêche : 22,7 kilos !
Nous observons quelques groupes de touristes en quête de sensations fortes qui sont conduits au cœur des tourbillons sur des bateaux pneumatiques aux moteurs surpuissants.
12H15 Nous nous arrêtons pour manger au départ d'un chemin qui se trouve juste à côté des chutes de Valnesfossen.
Après le repas, nous allons voir la cascade depuis les rochers qui la surplombent, mais il nous semble trop périlleux de descendre en-dessous.
Nous allons donc faire une petite promenade le long du lac Valnesvatnet. Le chemin est inconfortable, alternant des zones tourbeuses et des rochers glissants, alors nous faisons rapidement demi-tour.
Nous avons la chance d'observer du Saxifrage cotylédon ainsi que quelques pieds d'Epipactis rouge sombre.
15H30 Nous arrivons à l'église de Gideskål qui a la réputation d'être la mieux conservée du comté de Norland. Nous patientons car la prochaine visite est à 16H00.
Une jeune fille nous fait visiter (en anglais) cette belle église médiévale en pierre qui date des années 1100, et qui conserve un mobilier magnifique, en particulier la chaire et les tribunes. Elle est construite dans un style roman simple avec des murs d'une épaisseur de près de 1,50m.
Vers 1710, l'église fut victime d'un grand incendie. Elle fut réparée et une extension fut ajoutée au Sud, ce qui lui donna une étonnant plan semi-cruciforme. Lorsque nous nous sommes étonnés de voir qu'une partie de l'assemblée ne pouvait pas voir l'autel durant les cérémonies, la guide nous a indiqué que ce n'était pas grave car seuls les pauvres étaient placés à cet endroit...
Comme l'église d'Hadsel que nous avons vue il y a cinq jours, elle a servi en 1814 d'église électorale, comme plus de 300 autres églises paroissiales à travers la Norvège. C'était un bureau de vote pour les élections à l'Assemblée constituante norvégienne, qui a rédigé la Constitution de la Norvège.
Nous reprenons notre route, mais faisons rapidement une nouvelle halte botanique pour photographier la Campanule à feuilles larges qui porte une magnifique hampe de grosses fleurs blanches.
Il est 17H00 lorsque nous faisons un nouvel arrêt pour aller voir la maison thaïlandaise "Thaihuset". Il s'agit d'un étonnant petit refuge en forme de pagode implanté au bord du lac Kjellingvatnet, et qui mérite une visite (66°56'59.9" Nord - 13°56'31.0" Est). Nous trouvons à l'intérieur une statue de Buddha et quelques ouvrages qui semblent écrits en thaïlandais (ou similaire). Le site est aussi calme que superbe, avec de nombreux nénuphars qui fleurissent à la surface du lac.
Il est 18H00 lorsque nous rejoignons notre bivouac à Sandvik, au bord du Saltfjorden. En soirée, il n'y a pas de débat pour désigner le vainqueur du concours de pêche... Bravo Hubert !
Vendredi 5 juillet 2024
Nous partons en direction d'Ornes à 8H15.
Après avoir passé une interminable tunnel de plus de 7km, nous faisons une halte vers 10H45 pour photographier le Svartisen qui est par sa superficie le deuxième glacier de Norvège (370 km2) après le glacier de Jostedal. Le Svartisen compte une soixantaine de bras dont l'Engabreen qui est nettement visible depuis notre route, sur la rive opposée de l'Holandsfjord.
Nous prenons le bac de 11h30 à Forøy pour une traversée de 10 minutes qui nous permettra de rejoindre Åskarget.
Nous avons le temps de manger avant d'embarquer sur le ferry suivant à Jetvik, qui va nous conduire jusqu'à Kilboghamm. C'est au cours de cette traversée d'une vingtaine de kilomètres que nous franchissons le cercle polaire en redescendant vers le Sud.
Il est 15H55 lorsque nous rejoignons notre bivouac de Tortenvika.
Jean Paul part faire une promenade en solitaire en suivant un itinéraire balisé au-dessus du bivouac. Le paysage est aussi sauvage que splendide, avec de nombreux petits lacs au bords desquels poussent le Trèfle d'eau et une jolie fleur jaune en épi : la Narthécie des marais. Il y a également des parterres de Myrtilles.
Nous mangeons tous ensemble les poissons pêchés par Hubert et Patrick, et les moules récoltées dans notre bivouac d'hier soir par plusieurs courageux de l'équipe.
Samedi 6 juillet 2024
Nous partons dès 7H45 pour rejoindre Nesma où nous prenons en ferry jusqu'à Levang. Nous arrivons à 8H30 à Nesma, mais le ferry ne partira qu'à 9H20, avec notre groupe de camping-cars au complet à bord.
Nous franchissons un tunnel de 11km avant de rejoindre Mosjøen où nous nous arrêtons pour aller visiter la ville en compagnie de plusieurs autres équipages de notre groupe.
Mosjøen serait un petit bourg assez banal sur les rives de la rivière Vefsna, si le quartier de Sjogåden ne possédait pas de jolies maisons en bois rescapées d'un autre temps. Certaines datent du XIXème siècle.
Nous parcourons la rue Sjøgata, avec sa centaine de maisons de bois qui lui donnent un charme rétro, et qui est réputée être l'une des plus longues de ce genre au monde… Il faut préciser cependant qu'elle ne mesure pas plus de 500m...
La promenade est agréable, et surtout l'ambiance est très sereine. Pourtant, c'est le dernier jour du festival "Galleria Kunstfestival". Ce festival est un mélange de foire d'art, où tout le monde peut participer, et d'expositions avec des artistes invités. Nous visitons justement plusieurs galeries d'art qui ont bien failli nous pousser à alléger notre porte-monnaie. Mais les prix étaient norvégiens... si vous voyez ce que je veux dire.
La décoration des rues est originale, voire inédite, avec des shorts colorés placés comme sur des étendages en guise de guirlandes...
Nous arrivons pour midi aux splendides chutes de Laksforsen, où un repas au restaurant nous a été réservé par Thellier Voyages.
Nous sommes ici sur les rives de la Vefsna, la plus longue rivière à saumons du comté de Nordland. D'ailleurs, "laks" veut dire "saumon" en langue Sami...
À la fin du XIXème siècle, le saumon était si abondant qu’on pouvait le pêcher avec les mains ! Le saumon n’était alors guère considéré comme un mets délicat. En fait, certains ouvriers agricoles ont insisté pour que leurs contrats stipulent qu’ils ne seraient pas obligés de manger du saumon plus de trois fois par semaine.
Par la suite, de riches Anglais et aristocrates sont venus pêcher dans la rivière Vefsna. Ils louaient les droits de pêche sur la majeure partie de la rivière, amenant souvent des domestiques ainsi que leur famille. Certains restaient près de Laksforsen, car la pêche était particulièrement bonne dans la rivière juste en dessous de la cascade. Elle reste encore aujourd'hui un lieu réputé pour la pêche au saumon.
La chute ne représente que 17m de dénivellation, mais son débit moyen de 700m3 par seconde est impressionant. Il est agréable de s'en approcher par ce jour de beau temps, et de profiter des embruns pour se rafraîchir.
Lorsqu'il est temps de passer à table dans le restaurant qui domine les chutes, nous découvrons un point de vue spectaculaire sur les eaux déchaînées au travers des fenêtres panoramiques. Patrick nous a vraiment gâté en nous donnant l'occasion de manger dans un tel décor...
Mais tout cela ne serait rien si le repas n'était pas à la hauteur du spectacle... Entrée à base de viande d'élan, suivie d'un pavé de saumon absolument délicieux, et une crème caramel maison tout aussi bonne.
Avant de reprendre la route nous faisons un petit tour à pied au cours duquel nous constatons qu'ici la pêche est une chose sérieuse. Il n'y a qu'à observer comment sont équipées les voitures pour transporter le matériel de pêche...
Il n'est que 15H30 lorsque nous nous installons au camping de Trofors, à côté de la rivière Svenningelva, avec un petit jardin de Lupin multicolore devant la porte.
Nous passons une bonne partie de l'après-midi à jouer au Qwirkle et au Yams, dans un petit salon vitré avec cheminée, dont nous bénéficierons tout seul pendant une heure. Le luxe !