Saint-Pardon - La Roque-Saint-Christophe - Lascaux - Gouffre de Proumeyssac
Mardi 28 mars 2017
Nous quittons Bardos à 9H00, et prenons l'autoroute A63 à Saint-Geours-de-Maremne pour monter jusqu'à Belin-Béliet. Nous quittons l'autoroute pour rejoindre Hostens, puis nous passons par Cabanac-et-Villagrains avant de traverser la Garonne à Langoiran.
Nous nous arrêtons pour manger à la Sauve Majeure, mais sortirons déçus par le restaurant de l'Abbaye...
Il est 13H30 lorsque nous reprenons la route par Créon pour rejoindre Vayres où nous allons nous installer au château Pichon-Bellevue (44°53'32,3" Nord - 0°19'42,9" Ouest). Nous y sommes particulièrement bien reçus par le propriétaire. Nous sommes stationnés au cœur des parcelles de vignes où nous remarquons que de très nombreuses fleurs sauvages poussent à profusion... Il y a en particulier de la Fumeterre grimpante, de la Véronique petit-chêne, du Muscari en grappe, du Souci des champs et beaucoup d'Ornithogale en ombelle. Nous en profitons par acheter trois bouteilles de la cuvée Élisée, du nom d'Élisée Reclus, ancêtre de la famille et éminent géographe du XIXème siècle. Présenté comme un vin boisé, légèrement confituré, avec des tanins ronds et soyeux, fondant en bouche, cet excellent vin rouge vieilli en fût de chêne nous a régalé dès notre repas du soir, plus particulièrement en accompagnant le fromage.
Mais avant cela, nous enfourchons nos vélos et partons pour Saint-Pardon pour aller voir le mascaret. Le mascaret est une vague qui se produit lorsque, par gros coefficient, l'élévation du niveau de l'eau due à la marée vient s'opposer au courant descendant du fleuve. La présence de hauts fonds favorise la formation de cette vague, ce qui explique qu'elle ne se produit pas sur l'ensemble de la rivière, mais uniquement dans les tronçons où le tirant d'eau est faible, ce qui est le cas à Saint-Pardon.
Lorsque nous arrivons à Saint Pardon, la Dordogne est aussi calme qu'un lac, et nous observons les pêcheurs qui ne cessent de remonter leurs filets en se laissant dériver par le courant descendant.
Petit à petit, le port de Saint-Pardon commence à s'animer. Quelques spectateurs installent leurs appareils photos aux objectifs de taille impressionnante, puis quelques passionnés commencent à arriver avec des planches de surf sur les voitures. Les planches sont préparées avec de la paraffine, puis c'est le moment de descendre jusqu'à la rivière en profitant d'un bain de boue sur la rampe d'accès qui est complètement envasée...
Départ à la rame en direction de l'embouchure, à la rencontre d'une improbable vague, tant le miroir d'eau est limpide. Une bergeronnette grise picore devant nous, indifférente à toute cette animation.
Les lumières sont belles, mettant en valeur un carrelet situé en aval sur la rive gauche, alors que le Château de la Rivière se détache sur la rive opposée.
Finalement, une vague déferle dans la courbe située en aval de Saint-Pardon, et les surfeurs montent sur leurs planches. Il n'est pas question de rater le départ, car il n'y a pas de session de rattrapage avec la vague suivante : elle ne viendra pas ! Debout, couchés, sur des planches de surf ou des "paddleboards", toutes les techniques sont bonnes à condition de se positionner au bon endroit pour suivre la vague qui se développe en fonction de la profondeur de la rivière.
Lorsque la vague se concentre sur la rive gauche et passe au pied du carrelet, quelques candidats sont déjà dépassés par le phénomène et devront rentrer en ramant... Les plus chanceux, ou les meilleurs doivent prendre garde à ne pas percuter les troncs d'arbres qui gisent sur la rive.
Une triple vague se reforme en passant devant nous, et les surfeurs prennent un plaisir évident à profiter de cette énergie providentielle.
Progressivement la vague s'estompe et les meilleurs candidats n'ont plus qu'à faire demi-tour, sous le regard amusé des pêcheurs qui se trouvent sur leurs embarcations en limite amont du phénomène, et ne subiront quasiment aucune conséquence de cette vague spectaculaire.
Retour en vélo au château Pichon-Bellevue, observant au passage une belle station d'Orchis mâles. Nous passerons une soirée et une nuit excellente au milieu des vignes.
Mercredi 29 mars 2017
Nous quittons Vayres à 9H00, traversant le vignoble des Graves. Nous passons Branne, puis Castillon-la-Bataille, Bergerac, le Bugue et les Eysies, pour rejoindre le site de la Roque Saint-Christophe qui se situe sur la commune de Peyzac-le-Moustier (44°59'16,2" Nord - 1°04'13,9" Est). Il est midi, et nous commençons donc par manger avant d'aller visite ce site troglodyte qui se situe dans une falaise calcaire longue d'un kilomètre et haute de 80m.
La bonne surprise c'est que nous serons absolument seuls pour faire la visite, ce qui nous permettra d'en profiter un maximum ! Ces abris troglodytiques aménagés dans des cavités naturelles ont servi aux hommes de la Préhistoire il y a 55000 ans. Le site a été transformé en cité fortifiée du Moyen Âge jusqu'à la Renaissance, en particulier pour se protéger contre les raids vikings ou pendant la guerre de Cent Ans. Les habitations, servant de refuge aux Huguenots, ont été détruites pendant les guerres de religion en 1588.
L'accès se fait par une passerelle aménagée à flanc de falaise qui permet d'accèder à une grande terrasse de 400 mètres de longueur. La vue sur la vallée de la Vézère est magnifique.
Nous pouvons voir les restes de l'église, la forge, de nombreux appareils de levage reconstitués, le grand escalier monolithique qui avec ses 32 marches est réputé être le plus grand d'Europe... Nous passons aussi dans la salle où sont exposées quelques armes, avant de découvrir une cuisine médiévale dont l'aménagement donne une idée assez précise de la façon de vivre des occupants à cette époque. Une dernière grotte met en scène des hommes de Neandertal en situation de combat avec des ours des cavernes. On perçoit alors très bien la précarité et la rudesse de l'existence de ces hommes.
L'aménagement et la documentation de ce site nous ont comblés, mais comme il n'est que 13H30, nous décidons de rejoindre Lascaux. Nous partons donc en direction de Saint-Léon-sur-Vézère, mais une déviation nous conduite à passer au pied du château du Peuch-de-Plazac.
Nous rejoignons Montignac, et nous nous garons au parking n°2 des grottes de Lascaux. Nous n'avons pas fait de réservation mais nous tentons notre chance... Départ de la visite à 15H18, c'est à dire dans une dizaine de minutes, et nous ne serons que huit personnes pour faire la visite de Lascaux IV !
Notre charmante guide a tout le temps de nous donner un maximum d'explications sur les extraordinaires peintures rupestres du fac-similé de la grotte originale. Les éclairages nous permettent de découvrir les gravures étonnantes qui n'apparaissent pas à première vue. La visite se passe merveilleusement bien, mais on accède ensuite à une grande salle où nous avons le loisir d'observer à nouveau les principales peintures que nous venons de découvrir. Les tablettes qui nous ont été confiées au départ, nous permettent de compléter les observations initialement réalisées et nous pouvons même prendre des photos.
Le "théâtre de l'art pariétal" composé de 3 actes, expose notre rapport à la découverte de grottes ornées du 19ème au 21ème siècle. Le cinéma 3D nous présente une visite virtuelle de la grotte originelle et une découverte d'autres grottes ornées.
Une dernière salle intitulée "Galerie de l'imaginaire", nous permet d'explorer les liens entre art pariétal et art contemporain à travers un mur de 90 écrans. Nous sommes seuls avec une guide pour découvrir cet espace particulièrement intéressant, et nous pouvons réaliser nous-même une combinaison de tableaux qui s'affiche sur le mur d'images.
Après une telle visite, nous préférons rester sur place, et nous restons donc sur la parking n°2 pour passer la soirée et la nuit en compagnie d'un autre camping-car.
Jeudi 30 mars 2017
Nous quittons Montignac vers 8H30, après une nuit parfaitement calme. Nous revenons jusqu'aux Eysies avant de rejoindre Audrix où nous faisons une merveilleuse visite du gouffre de Proumeyssac (44°53'30" Nord - 0°56'06" Est). Ici non plus, ce n'est pas la foule : nous serons quatre à accompagner le guide pour faire la visite.
La descente en nacelle dans l'axe du gouffre est particulièrement spectaculaire. La nacelle pivote pour nous permettre d'observer toutes les parois et plus particulièrement les quatre gigantesques stalactites dont le poids de la plus grosse est estimé à 35 tonnes !
Surnommée la "Cathédrale de Cristal", cette cavité était déjà célèbre au XVIIIème siècle pour ses terrifiantes légendes. Vers 1755, pourtant, un intrépide habitant de cette contrée eut cependant assez de témérité pour vouloir affronter le gouffre et sonder cet abîme. “Il s’y fit descendre dans une hotte, attachée avec des cordes, après avoir eu la précaution de placer à l’entrée une sonnette dont il tenait en main le cordon ; mais arrivé à une médiocre profondeur, il se fit remonter, et rapporta qu’il avait aperçu de grandes cavités d’où il s’exhalait une vapeur étouffante qui ne permettait pas de descendre plus bas“.
En 1907, un léger effondrement s’étant produit dans un bois de châtaigniers appartenant à Pierre Francès, ce propriétaire eut l’idée de faire explorer l’excavation par M. Gabriel Galou, puisatier de métier, propriétaire-exploitant du restaurant du Paradis, établi dans les falaises du Roc de Tayac, mais surtout aventurier et casse-cou ! C’est donc lui qui s’aventura seul, le premier, dans le gouffre nouvellement redécouvert, le dimanche 10 mars 1907. Ayant installé ses appareils de puisatier, il descendit au moyen de cordages, jusqu’au sol inégal que constitue le sommet de l’énorme cône d’éboulis. M. Galou y trouva un réel intérêt “rencontrant un nombre considérable de colonnes de cristal mesurant de 0,80 à 1 mètre de diamètre et de 5 à 6 mètres de hauteur...“.
Ce n’est qu’à partir de 1924 que le tourisme souterrain à Proumeyssac a pris réellement son essor. Un treuil permet alors de descendre dans le gouffre avec une nacelle à trois places (plus le guide). Ce n'est qu'en 1950 que fut aménagé un ascenseur pour sécuriser l'accès des visiteurs toujours plus nombreux. Mais en 1952, la sécurité de l'appareil fut remise en cause, et il fut remplacé en 1957 par une tranchée prolongée par un tunnel pour accèder à la cavité.
C'est avec une nouvelle nacelle parfaitement sécurisée que nous sommes donc descendus dans ce site exceptionnel. Les photos sont interdites, mais il existe un site très bien documenté qui décrit parfaitement ce gouffre.
Outre les dimensions impressionnantes de la cavité, et les superbes stalactites, le guide nous fait découvrir d'extraordinaires concrétions triangulaires uniques au monde.
Nous mangeons sur le parking avant de reprendre la route par Belvès, Monpazier, Tonneins, Houeillès, Mont-de-Marsan, Saint-Sever et Orthez.
Nous faisons la vidange à Peyrehorade (où il fait 28°) et sommes de retour à Bardos à 18H15. Nous découvrons que pendant ces trois jours, la neige a fondu sur les Pyrénées et il ne reste presque plus rien sur le Pic d'Orhy.