Monastère de Leyre
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L'abbaye San Salvador de Leyre est située à une cinquantaine de kilomètres à l'Est de Pampelune, aux confins du Pays Basque dans la province de Navarre. Implantée dans un site magnifique, elle est perchée à 771 mètres d'altitude sur le versant Sud de la Sierra d'Errando (ou sierra de Leyre). Le monastère domine l'embalse de Yesa dont les rives accueillent les chaussées romaines du "Camino frances" du chemin de Saint Jacques de Compostelle. On peut apercevoir à l'Est la silhouette de la Peña Oroel et les monts de San Juan de la Peña. Lors de la visite, on vous remettra avec les billets d'entrée, un dépliant très documenté en Français; les explications et les croquis qui suivent en sont extraits. Le premier témoignage de l'existence du Monastère remonte aux IXème siècle. Les grottes des "golochos" (combes) de la sierra étaient alors habitées par des ermites. En 848, Saint Euloge de Cordoue séjourne à l'abbaye et y découvre une florissante communauté de moines ainsi qu'une imposante bibliothèque. Aux Xème et XIème siècles, ce Monastère, fut le Siège et la Cour du Royaume des Pyrénées et panthéon royal des monarques vascons. C'est pendant le règne du roi Sanche le Grand qu'il acquiert toute sa splendeur, ses biens sont incalculables. A cette époque, le Monastère de Leyre contrôle les mouvements spirituels, politiques et culturels de la Navarre ainsi que les passages pyrénéens empruntés par les pèlerins de Compostelle. C'est au cours de cette période que le Monastère entreprend d'introduire la discipline de Cluny dans les Pyrénées. Au XIIIème siècle, le roi Teobaldo I adopte la réforme cistercienne et la prépondérance du Monastère commence à décroître. La loi de sécularisation décrétée en 1836 fait disparaître la vie monastique de Leyre. Au XXème siècle, la Diputación Foral de Navarra entreprend d'importants travaux de restauration et, en 1954, un groupe de moines bénédictins de Santo Domingo de Silos reprend possession des lieux, et la vie monastique refleurit à Leyre. Les activités de cette communauté de bénédictins reposent sur la culture du chant grégorien, de la liturgie et sur les études de recherche. Grâce à leur vie de prière et de travail, ils ont rendu à ce remarquable monument toute sa vitalité et son dynamisme. En sortant de la porterie, une belle vue d'ensemble du monument s'offre à nos yeux. Les absides sont divisées en trois parties, il s'agit d'une construction massive dotée d'étroites ouvertures. L'aspect veiné de la pierre est d'une étonnante beauté, et les dimensions des pierres de taille sont colossales . Les murs cylindriques sont couronnés de corbeaux élémentaires agrémentés de motifs d'animaux et de masques. Une tour domine l'ensemble. Il s'agit d'une construction très archaïque, fendue de quatre fenêtres aux arcs irréguliers et aux chapiteaux sans ornementation. Au fond, surplombant les toits de l'église, se dresse le clocheton construit par les moines cisterciens au XIVème siècle. On peut observez, sur la droite, le solide arc-boutant soutenant la voûte ogivale de l'église. Absides, tour, clocher et arc-boutant constituent un ensemble magnifique. À gauche de la place, se dresse le nouveau monastère, construit aux XVIIème et XVIIIème siècles. La grande aile seigneuriale est l'œuvre de Maître Gorria, elle se caractérise par la simplicité de ses lignes. A droite, l'ancien monastère (actuelle Hostellerie) date du XIème siècle. Les meurtrières de la façade donnent au bâtiment un caractère fortifié. Le palais abbatial était adossé à cette façade. L'harmonieux portail de l'église date du XIIème siècle. Il est richement ornementé et débordant de symbolismes. On y remarque les influences de l'art roman de Jaca et de l'art de Compostelle. Les sculptures supérieures représentent le jugement dernier présidé par le Christ et les Apôtres. Vers lui se dirigent différentes figures bibliques et divers Saints locaux. Voici un croquis permettant de situer les différents motifs : 13. Le tympan est l'œuvre du Maître Esteban, il représente le Sauveur entouré de Saints. On distingue parfaitement les tuniques aux plis repassés et les capes en forme de cloche. Les personnages qui entourent le Seigneur sont, de gauche à droite : un Scribe (S. Paul), Saint Pierre, Marie, Saint Jean Évangéliste et deux statues en mauvais état... 14. Saint Michel chevauchant un dragon et portant un bouclier triangulaire ; Saint Jacques ; le Sauveur ; Saint Pierre ; Saint Jean Évangéliste et une scène représentant la Transfiguration. 15. Scène du martyre de Sainte Nunilo et de Sainte Alodia ; elles courent vers la mort, joyeuses, conduites par la main de Dieu. 16. Autre scène du martyre : l'une reçoit les coups du bourreau tandis que l'autre attend. 17. Jonas et la baleine. 18. Un démon s'empare d'une âme. 19. Monstre apocalyptique. 20. La Visitation. 21. L'Annonciation. 22. Un Ange jouant de la trompette annonce le jugement dernier. 23. Autre ange à trompette. 24. Un évêque. 25. Saint Jean, entouré de lions. 28. Monstre au cou de serpent, au corps d'oiseau et aux serres de rapace. 29. Anthropomorphes enchaînés et écrasés par le poids de l'arc. 30. Les lionceaux avancent en rugissant et en reniflant une proie. 31. Archivoltes couvertes de masques caricaturaux et d'animaux monstrueux, symbolisant les offices et les péchés.
Le chevet, de pierre martelée assez grossière, offre un aspect rustique. Les chapiteaux sont très archaïques et presque toujours dépourvus de gorgerins. Les fûts n'ont pas de soubassements. Les claveaux présentent des dimensions peu habituelles. La pierre offre un aspect veiné. Il faut bien observer le dernier siège qui est à l'extrémité des stalles, il est orné d'un blason avec la crosse de San Virila et le rossignol (voir son histoire en bas de la page). La grande nef est de style roman, jusqu'à la hauteur des chapiteaux. Ici, la pierre est blanche et calcaire. Les arcs en plein cintre sont parfaits. Une toiture de bois, dont les pans sont encore visibles au niveau du pignon, couvrait vraisemblablement la nef et le portail. La voûte est ogivale. Les clés d'ogive sont ornées de thèmes héraldiques. Par rapport à la pierre utilisée en bas, celle de la voûte semble assez insolite ; elle présente un aspect jaunâtre et une légère entaille a été pratiquée au centre de la plupart des blocs. Notre attention est retenue par la statue de Sainte Marie de Leyre qui préside l'église, au centre de l'abside principale. Nous découvrons également, contre l'un des arcs de décharge du mur Nord, une sculpture de bois du Christ mort sur la croix (XIVème siècle) ; puis, un peu plus loin, le Panthéon des rois de Navarre, niché dans un renfoncement et fermé par une solide grille datant du XIVème siècle. Enfin, du côté méridional, nous pourrons admirer un portail roman (12) d'une beauté sévère. Le tympan est orné d'un monogramme de style nettement jacobin (XIIème siècle). Ce portail s'ouvre sur une petite chapelle surplombée d'une belle voûte gothique du XIème siècle et dotée d'un admirable retable du XVIIème dédié aux Saintes Nunilo et Alodia. Au dessous du retable nous observons la superbe porte du tabernacle. La crypte du XIème siècle constitue un merveilleux ensemble architectural, considéré comme l'un des plus intéressants de l'art chrétien des Pyrénées. C'est véritablement le joyau de ce monastère avec le portail Ouest de l'église. Le portail est constitué de trois arcs étroits, superposés et échelonnés, uniquement ornés de diverses rangées d'impostes et d'une espèce d'archivolte irrégulière en biseau.
La crypte recèle différents styles de chapiteaux : les uns sont ornés de stries gravées suivant un tracé oblique, les autres exhibent des formes géométriques. Certains chapiteaux sont ornementés de différentes combinaisons de stries et de volutes, agrémentées de boules pendantes représentant des bulbes ou des fruits. La crypte et le chevet furent consacrés en 1057. En sortant de la crypte, on accède à gauche d'un petit escalier au tunnel de San Virila. On peut voir au fond d'une magnifique perspective, la statue de San Virila, ancien abbé de Leyre. La légende raconte qu'il resta 300 ans durant à écouter le chant d'un rossignol. La visite du monastère peut être complétée par une petite randonnée jusqu'à la fontaine San Virila située dans la forêt au-dessus en suivant un itinéraire parfaitement balisé. |