Agüero - San Juan de la Peña

Mercredi 11 octobre 2017

 

Nous profitons d'un magnifique lever de soleil avant de quitter le camp pour revenir au village d'Agüero en camping-car.

Agüero

Nous prenons la route qui monte au-dessus du village en passant devant le cimetière, et nous stationnons au point de départ de la randonnée (J4P1) qui nous permettra de faire le tour des Mallos de Agüero. (Dénivelé : 138m ; Distance : 3,600 Km aller-retour)

Mallos de Agüero

Un panneau indique : « Sendero circular a los Mallos de Agüero 2,800km ». Le sentier est bien tracé et cairné jusqu'au col (J4P2) où un nouveau panneau indique vers la gauche : « Sendero circular a los Mallos de Agüero 1,900km ».

Nous descendons alors sur une piste ravinée et caillouteuse un peu inconfortable, mais sans présenter de réelle difficulté.

La température s'élève et les vautours profitent des ascendances pour prendre leur envol. Le paysage est magnifique, les falaises sont superbement éclairées et le ciel est d'un bleu limpide.

En bas de la descente (J4P3), un panneau indique « Villalangua 10,600km » en face de nous, c'est cette direction que nous prenons.

Nous parvenons à la « Cueva el Foraz » (J4P4), étrange grotte située au-dessus de la « Foz de Pituelo ».

Revenant sur nos pas, nous dominons des petits jardins potagers, arrosés par un minuscule canal d’irrigation, aménagé tel une « levada », comme on en trouve dans l’île de Madère.

Repassant au pied de la descente inconfortable, nous suivons le chemin horizontal sous lequel court un aqueduc. Les parois Ouest des Mallos de Agüero nous écrasent de leur immensité.

Nous contournons l’énorme monolithe qui forme l’angle Sud-ouest des Mallos de Agüero pour revenir en direction du village. Les vautours planent, se posent, et reprennent leur vol dans un ballet incessant.

Mallos de AgüeroMallos de Agüero

Nous allons voir l’église paroissiale de San Salvador (J4P5), aux traits romans assez marqués, mais transformée en gothique. Nous observons plus particulièrement le portail roman présidé par le « Pantocrator », mais aussi plusieurs marques de tâcherons gravées sur les pierres de l’édifice.

Portail de l'église d'Agüero

Nous remontons en haut du village pour rejoindre les camping-cars où nous dégustons un excellent repas en observant les très nombreux vautours qui nous offrent un véritable spectacle.

En début d'après midi, nous commençons par faire une halte à Murillo de Gállego où nous allons rendre visite à Rafa, le propriétaire du magnifique gîte de la Casona de la Reina Berta (J4P6). Très content de faire notre connaissance alors que nous n'avions eu jusqu'ici que des relations par mails, Rafa nous fait visiter le gîte en détail. La vue sur les Mallos de Riglos depuis les diverses chambres est superbe et la décoration intérieure est particulièrement soignée... Sans aucun doute, si nous n'étions pas camping-caristes, c'est ici que nous dormirions ce soir !

Nous reprenons la route par le Puerto de Santa Bárbara pour rejoindre Santa Cruz de la Serós. Nous tournons à droite à l'entrée du village pour rejoindre le monastère San Juan de la Peña (J4P7).

Le monastère San Juan de la Peña a été édifié en l'an 922, probablement par Sancho Garés II, comte d'Aragon Il est situé dans un abri sous roche, à 1120m d'altitude, au pied d'une falaise surplombante de la sierra de la Peña. Ce site était occupé depuis deux siècles par des ermites, suite à l'invasion musulmane.

Il est situé dans un abri sous roche, au pied d'une falaise surplombante de la sierra de la Peña.

Le 22 mars 1071, le roi Sancho Ramírez fit adopter dans le monastère, puis dans tout l'Aragon, la liturgie romaine utilisée en Occident, mettant fin à l'ancien rite mozarabe ou wisigothique. Il y installa les Bénédictins de Cluny.

En 1078, le monastère reçut les reliques de San Indalecio et de San Jaime, ainsi qu'un important patrimoine des mains du roi d'Aragon. C'est ainsi qu'au-dessus de l'église inférieure préromane, furent édifiés un nouveau temple, des chapelles funéraires, et les bâtiments nécessaires à la vie de la communauté monastique.

En 1083, le corps de Ramiro 1er souverain d'Aragon, fut solennellement enterré au monastère San Juan de la Peña, qui devint panthéon royal.

L'église romane supérieure, constituée d'une triple abside encastrée sous le roche, fut consacrée le 4 décembre 1094, en présence du roi Pedro 1er.

C'est au XIIème siècle que le monastère commença à décliner, et l'incendie de 1675 qui dura trois jours, obligeât la communauté monastique à quitter ces lieux devenus insalubres.

La visite du monastère débute par le dortoir des moines, nommé aussi à tort "salle des conciles", car les moines ont voulu faire croire qu'un concile y avait été célébré sous le règne de Ramiro 1er... Il est divisé en quatre travées par des arcs en plein cintre, qui reposent sur des piliers cruciformes.

Le dortoir des moines.

L'église inférieure édifiée sur deux niveaux est située à l'extrémité du dortoir. La partie primitive, constituée de deux absides rectangulaires est intégrée à l'abri sous roche. Elle fut décorée en 1170 par des fresques représentant la crucifixion, et une scène de la vie de Cosme et Damien. Les Saints sont brûlés par les flammes activées par un soufflet qu'actionne le bourreau. La partie plus récente est également constituée de deux nefs; elle fut construite au XIème siècle pour servir de soubassement à l'église supérieure.

Les Saints sont brûlés par les flammes activées par un soufflet qu'active le bourreau, alors qu'ils dirigent leurs prières vers les anges et les cieux, alors que les païens dirigent leur regard vers la terre.

On accède à l'étage supérieur par le panthéon des nobles, constitué d'une cour, dont le mur est creusé d'une double rangée de sépultures fermées par des dalles ornées de chrismes, blasons, croix et motifs divers, datées de 1082 à 1325. Elles sont séparées par des arcs en plein cintre décorés en damier, et soutenus par des cariatides. Ce sont des personnages illustres du royaume d'Aragon qui furent enterrées ici, et leur famille contribuèrent à l'enrichissement du monastère. On peut remarquer de nombreuses inscriptions nécrologiques sur les murs de la cour.

Le panthéon des nobles. Les arcs en plein cintre sont soutenus par des cariatides.
Ascension d'une âme dans une mandorle soutenue par deux anges.
Inscriptions nécrologiques

On accède ensuite à l'église haute à nef unique. Son sanctuaire est constitué de trois absides creusées dans la roche.

L'église romane

Le panthéon royal néoclassique date du XIIIème, et fut construit par le roi Carlos III. La nécropole royale se trouve derrière le mur de marbre, les rois Ramiro 1er, Sancho Ramírez et Pedro 1er y sont enterrés. Les quatre reliefs en stuc réalisés par Pascual Ipas représentent des scènes de l'histoire d'Aragon.

Le panthéon royal néoclassique.

On pénètre dans le cloître par une porte mozarabe qui semble être un réemploi provenant de l'église inférieure. Côté cloître, l'arc porte une inscription signifiant: "La porte du ciel s'ouvre à travers celle-ci, à tout fidèle qui s'efforce d'unir à la foi les commandements de Dieu".

On pénètre dans le cloître par une porte mozarabe dont l'arc porte une inscription en latin.

Le cloître est le véritable trésor du monastère. Sa situation insolite sous l'aplomb de la falaise lui confère une disposition architecturale unique, visible depuis l'extérieur.

Tous les chapiteaux sont originaux, et la plupart sont historiés, représentant des scènes de la genèse et de la vie du Christ. Ils avaient à l'époque, une fonction didactique, permettant aux illettrés de découvrir la bible. Le Maître de San Juan de la Peña a voulu souligner les expressions, les attitudes, les caractères, en créant des personnages disproportionnés aux yeux globuleux soulignés par des incisions au-dessus des sourcils, avec des plis et des bords dentelés sur les vêtements.

Adam cache sa nudité. Adam et Eve doivent travailler, lui avec une charrue et elle filant avec un fuseau. Annonciation à la Vierge. Annonciation à la Vierge.
Un ange dit à Saint Joseph de fuir en Egypte. Un ange dit à Saint Joseph de fuir en Egypte. Le meurtre d'Abel. Le meurtre d'Abel.
Saint Jean Baptiste prisonnier. Deux Rois Mages. Rois Mages. La pêche miraculeuse.
La pêche miraculeuse. Les noces de Cana Changement de l'eau en vin. Marthe implorant Jésus.
La résurrection de Lazare devant Marthe et Marie. Entrée triomphale du Christ dans Jérusalem. La Cène.

Dans un angle du cloître, accolée à l'église, se trouve la chapelle de Saint Victorian qui fut construite entre 1426 et 1433 et a servi de sépulture aux abbés. De style gothique flamboyant, elle serait la première manifestation du gothique fleuri d'Aragon. L'œuvre est harmonieuse et délicate avec sa porte à pinacle , ses arcs polylobés richement sculptés, sa voûte en croisée d'ogives et son décor d'animaux, d'anges et de végétaux.

La chapelle de Saint Victorian.

A l'autre extrémité du cloître se trouve la chapelle des Saints Voto et Félix, construite au XVIIème siècle, de style néoclassique. On peut voir à l'intérieur, un tableau évoquant la légende attachée à l'origine du monastère.

Un chevalier de Saragosse nommé Voto chassait le cerf dans la forêt environnante. Il chuta accidentellement avec son cheval, du haut de la falaise qui surplombe le monastère actuel. il invoqua alors Saint Jean Baptiste, et par miracle se réceptionna sans dommage devant un ermitage. De retour à Saragosse, il convainc son frère Félix de vendre tous leurs biens et de se retirer dans cette grotte.

Au fond, on apperçoit la chapelle des Saints Voto et Félix.Le tableau représentant la légende de Saint Voto.

Nous reprenons la route en passant devant le monastère que nous venons de visiter, et un peu plus haut devant le nouveau monastère (qui peut également se visiter). Nous continuons vers l'Est sur la A-1603.

Un sanglier suivi d'un marcassin traversent la route juste devant nous...

Nous franchissons le Puerto de Oroël avant de redescendre sur Jaca où nous allons faire quelques courses.

À la sortie de Jaca en direction de Sabiñanigo, nous tournons à droite dans un rond-point en direction de Baros. Deux kilomètres plus loin, avant d'arriver au village de Baros, nous tournons à gauche en direction de Ulle.

Encore 2,300km, et juste avant l'embranchement qui conduit à Ulle, nous nous arrêtons sur une plate-forme à droite de la route pour passer la nuit (J4P8).

 

Nous avons parcouru aujourd'hui 95km, soit 723km depuis Bardos.

 

Visualisation du tracé interactif grâce au travail de

Jean Pierre Guyon

 

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