Ujue - Sangüesa - Sos del Rey Católico
Lundi 9 octobre 2017
La nuit fut hyper calme, et le matin nous observons un écureuil depuis la fenêtre du camping-car.
Nous quittons notre bivouac de Villaroya à 9H00 et partons par Gravalos, Alfaro, Castejón et Caparroso. Avant Mélida, nous remarquons les ruines de la forteresse médiévale de Rada qui se trouve sur un point haut à gauche de notre route.
Nous arrivons à 10H30 au Monasterio de la Oliva (J2P1), mais hélas il n'est pas possible de le visiter car il n'est pas ouvert aujourd'hui (contrairement à ce qui est annoncé sur le site Internet du monastère)...
Le nom "Monasterio de la Oliva" est lié à une légende populaire selon laquelle un roi navarrais fut blessé au cours d'une bataille contre les Arabes et vint mourir au pied d'un olivier sauvage. Le monastère fut construit à la place de l'olivier, et fondé en 1149 par l'Ordre de Cîteaux. Après des siècles de splendeur, au Moyen-âge, la guerre d'Indépendance et la vente des biens religieux au XIXème provoquèrent la ruine de ce monastère qui fut abandonné jusqu'au siècle suivant, au cours duquel il a été restauré et a pu revenir à la vie monastique. La Oliva est actuellement habité par une douzaine de moines cisterciens, c'est l'un des trois monastères préservés de la Ribera de Navarre.
Nous pénétrons dans la cour qui nous permet de voir la façade de l'église. L'immense portail en ogive est surmonté d'une corniche décorée de modillons représentants des personnages parfois grotesques, des musiciens ou des artisans.
Sur les murs, nous observons que les pierres portent de nombreuses marques de tâcherons.
Nous pénétrons dans l'église qui constitue l'un des exemples les plus authentiques de l'art cistercien en Espagne, mais nous ne pouvons pas vraiment l'apprécier sans qu'elle soit éclairée.
Nous aurions bien aimé revisiter le cloître que nous connaissons déjà, et dont le pavage en galets nous a laissé un excellent souvenir. Il est constitué de motifs représentant des fleurs de lis, les armes de la Navarre et autres symboles médiévaux
Nous nous délections à l'idée d'acheter du vin, mais ce sera donc pour une autre fois...
Une demi-heure plus tard, nous reprenons la route pour rejoindre Ujue en passant par Carcastillo et Murillo el Fruto. Le revêtement de chaussée nous impose de rouler à allure modérée, ce qui nous vaut de voir 9 perdrix rouges dans un champ du bord de la route...
Ujué est situé en Navarre sur une éminence dominant la Ribera. Nous stationnons à l'entrée du village (J2P2) et partons parcourir à pied les rues tortueuses et pentues, bordées de maisons aux façades pittoresques, qui sont restées quasiment identiques à ce qu'elles étaient au Moyen Age.
Des tours de l'église forteresse, la vue s'étend jusqu'à Olite, le Montejurra et les Pyrénées.
Le portail gothique de l'église Sainte Marie est superbement orné, mais c'est surtout le chemin de ronde couvert qui retient notre attention... En effet, il possède quelques chapiteaux sculptés, avec en particulier une acrobate remarquable. Nous observons avec admiration les abouts de chevrons sculptés.
La légende raconte qu'un berger vit apparaître une colombe qui entrait et sortait par un trou dans le rocher. En suivant la colombe, il découvrit une grotte avec une statue de la Vierge à l'Enfant. Cette vision fut interprétée comme une injonction de la Vierge de fonder un village à cet endroit, et c'est ainsi que naquit Ujué.
Nous pouvons voir à l'intérieur de l'église, une belle statue de la Vierge, datée de 1190, recouverte d'argent. C'est l'un des exemples les plus beaux et les plus anciens de la sculpture romane de Navarre. Une vitrine jouxtant la statue contient le cœur du roi qui fortifia le sanctuaire au XIVème siècle, Charles II « Le méchant », surnommé ainsi par ses ennemis français, et dont on raconte qu'il tenta de tuer à la fois les rois de Castille et ceux de France...
Nous mangeons sur place avant de repartir en direction de San Martin de Untx que nous laisserons sur notre gauche pour passer à Lerga, Eslava et Aibar afin de rejoindre Sangüesa.
Nous franchissons un pont métallique en arrivant à Sangüesa et nous traversons la ville pour aller stationner sur un parking en bordure du río Aragón (J2P3).
Nous longeons la rive gauche du río pour rejoindre l'église Santa Maria la Real (J2P4), et nous avons le plaisir de croiser le chemin d'un adorable petit écureuil.
Construite au XIIème siècle, sous les directives de Alfonso 1er le Batailleur, roi de Navarre et d'Aragon, l'église Santa Maria la Real possède un extraordinaire portail qui date des XIIème et XIVème siècle, dont le style correspond à la transition du roman au gothique.
La partie inférieure du portail a été réalisée par Leodegarius, maître français de la fin du XIIème. Il a signé son travail sur le livre que Marie tient dans la main (statue du milieu côté gauche). Ces trois statues de forme allongée représentent Marie Madeleine, la Vierge Marie et Marie, mère de Jacques et de Jean. Coté droit, nous trouvons les apôtres Pierre, Paul et Judas avec la corde au coup...
Le maître de San Juan de la Peña est l'auteur de la partie supérieure, plus ancienne, avec les douze apôtres réunis autour d'un Christ pantocrator. Ils sont représentés sous des arcs en plein cintre soutenus par des colonnes et des chapiteaux doubles.
Les sculptures romanes des voussures sont également attribuées à Leodegarius. La première voussure a pour thème les apôtres, la seconde les métiers, et les 3 autres traitent de thèmes divers de la société.
Au centre du tympan, on trouve le Christ jugeant les hommes avec la Vierge, les apôtres en intercesseurs et Saint Michel pesant les âmes. De part et d'autre du tympan, les archivoltes illustrent la société médiévale.
Nous parcourons la cité, passant devant le palais Ongay-Vallesantoro (J2P5) (aujourd'hui utilisé comme maison de la culture), un bâtiment du XVIIème siècle de style baroque dont l'avant toit en bois sculpté est spectaculaire. Treize modillons représentent des animaux fantastiques attrapant des têtes humaines. L'arrière plan est décoré de fleurs et fruits exotiques, ainsi que de figures grotesques.
Nous passons devant l'église San Salvador (J2P6) de style gothique (XIII - XIVèmes siècles), constituée d'une nef unique et d'un porche d'entrée riche en sculptures. En partie inférieure du tympan, on peut observer une sculpture représentant le jugement dernier, avec le Christ en partie centrale montrant les blessures, entre les anges, la Vierge et Saint Jean Baptiste. La résurrection des morts est représentée en-dessous : les hommes sont en attente de jugement et ceux qui sont condamnés à l'enfer sont précipités dans une chaudière qui se trouve dans les mâchoires du diable...
Nous reprenons la route vers 17H00 pour rejoindre Sos del Rey Católico où nous allons nous installer sur l'aire d'accueil des camping-cars (J2P7) qui se situe près du complexe sportif, en contre-bas de la cité (5€ avec services).
Nous partons à pied pour visiter Sos del Rey en parcourant les ruelles souvent étroites et pentues.
Nous passons par la "Plaza de la Villa" qui se trouve au centre de la cité. Nous y trouvons la mairie, édifice principal de cette place qui date du XVIème siècle, mais c'est le "Soportal" une immense arcade qui retient particulièrement notre attention. C'est dans cette galerie qu'avait lieu le marché au Moyen Age. Nous observons, au point de convergence des arcs intérieurs, une engravure linéaire qui représente la "vara aragonesa ou vara jaquesa", une mesure de longueur utilisée dans le secteur jusqu'au XIXème siècle.
Nous poursuivons nos déambulations dans le village pour rejoindre l'église San Esteban où nous accédons par une galerie couverte.
Le portail de l'église a subi les outrages du temps, mais reste cependant remarquable. Sur le tympan, on figure le Christ en majesté entouré des symboles des évangélistes.
Nous visitons l'intérieur de l'église, et empruntons un escalier hélicoïdal très étroit pour descendre vers la crypte où nous découvrons des peintures gothiques très bien conservées (mais les photos sont interdites).
Nous avons parcouru aujourd'hui 176km, soit 491km depuis Bardos.
Visualisation du tracé interactif grâce au travail de