Le Haut-Médoc en vélo
Mercredi 6 octobre 2021
Nous partons d'Itxassou à 12H30, et nous prenons l'autoroute A63 à Anglet, en direction de Bordeaux. Nous quittons l'autoroute à la sortie 23 pour suivre la D5 jusqu'à Lacanau. Nous passons par Carcans et Hourtin pour rejoindre Vendays-Montalivet où nous empruntons la D102 pour rejoindre la D1215 qui nous conduira jusqu'au Verdon-sur-Mer. Nous allons nous installer sur l'aire de stationnement des camping-cars qui se trouve Avenue de la Plage : 45°32'45,0'' Nord - 1°03'16,8'' Ouest. Nous nous installons sur cette aire parfaitement aménagée et nous réglons 10,61€ pour avoir le droit de rester 24h00 y compris l'utilisation d'un branchement électrique.
Il n'est que 16H30, et nous rejoignons donc à pied, la rive de l'estuaire de la Gironde qui se trouve à une centaine de mètres seulement de l'aire de stationnement.
Nous longeons la Plage de la Chambrette en empruntant un cheminement aménagé pour les piétons et les cyclistes, pour nous promener jusqu'au port de plaisance de Port Médoc. Nous apercevons le bac qui fait la liaison entre la Pointe de Grave et Royan.
De nombreuses touffes de fleurs jaunes attirent notre attention, il s'agit de Verges d'Or. Il y a également de l'Onagre à grandes fleurs, du Séneçon du Cap, de la Morelle faux-Chénopode et de l'Alysson maritime.
Nous revenons au camping-car vers 18H00, et nous passons une soirée parfaitement tranquille en compagnie de deux autres camping-cars.
Jeudi 7 octobre 2021
Nous enfourchons nos vélos (à assistance électrique) dès 9H00, sans se laisser impressionner par la fraîcheur matinale. Nous suivons la D1E4 en direction de Soulac jusqu'à la chapelle du Jeune Soulac qui fut construite en 1755, après l'ensablement de Notre-Dame-de-la-Fin-des-Terres et l'abandon de leur cité par les habitants du Vieux-Soulac.
Nous traversons la D1215 et parcourons alors un paysage de marais. À gauche, les mattes sont des polders qui ont été réalisés au XVIIème siècle avec l'aide des Hollandais. Ils sont actuellement exploités pour la cultures de blé et d'orge. Sur notre droite, le marais mouillé est consacré à l'élevage de vaches et de chevaux.
En arrivant au pont de Talais, nous tournons à gauche pour emprunter une piste cyclable qui va nous conduire au joli port de Talais, où nous faisons une petite halte. Ce port a été le siège d'une activité ostréicole intense depuis la fin du XIXème siècle jusqu'en 1970. Une centaine de petits bateaux et une cinquantaine de cabanes animaient les lieux. Hélas, le projet de zone industrielle portuaire et les travaux réalisés au Verdon ont conduit à l'expropriation puis à l'envasement partiel des parcs. La mise en évidence de la présence de cadmium à provoqué l'interdiction de la récolte d'huîtres et a signé l'arrêt de toute activité ostréicole.
Nous rejoignons la rive gauche de la Gironde à proximité d'une exploitation ostréicole qui se trouve à l'extrémité du chenal de Talais. La diminution du taux de cadmium laisse entrevoir aujourd'hui la possibilité d'une reprise progressive de ces activités.
Nous continuons en logeant l'estuaire sur la digue, et nous apprécions particulièrement les nombreux carrelets.
Nous revenons vers l'intérieur des terres en empruntant la passe de la Commission, et nous nous arrêtons un moment devant l'église de Talais qui possède un clocher particulièrement élevé. Nous jetons un coup d'œil à l'intérieur, bien que la porte soit fermée, et nous remarquons une superbe maquette de bateau à voile, suspendue au-dessus du chœur, comme souvent dans les églises du bord de mer.
Nous poursuivons par la route de Loumenade, et nous traversons encore des zones de marécages en direction de Lihan. Nous apercevons de nombreux oiseaux tels que hérons cendrés, aigrettes, colverts, cygnes et hirondelles. Nous remarquons aussi que l'Aster maritime pousse en abondance le long des canaux qui longent notre itinéraire. Il y a également de la Salicorne et des Prunelliers.
Après avoir traversé la D101, nous changeons de décor en pénétrant dans la forêt, pour rejoindre le littoral à Soulac-sur-Mer. Nous nous arrêtons quelques instants pour apprécier les magnifiques petits Cyclamen à feuilles de lierre qui poussent sur le bord de la route.
Une piste cyclable nous permet de longer le bord de mer, et nous pouvons voir les phares de La Coubre et de Cordouan. Quelques bunkers datant de la seconde guerre mondiale sont échoués sur la plage. Des grapheurs particulièrement doués les ont décorés de fresques très colorées. Nous passons devant l'immeuble Le Mistral qui a fait la une de l'actualité en raison du recul impressionnant du trait de côte.
Nous suivons la piste cyclable qui longe une ancienne voie ferrée qui fut construite durant les années 1930 pour le transport des pierres destinées à la construction de brise-lames afin de protéger les dunes de l'érosion.
Nous rejoignons le phare de la Pointe de Grave où nous faisons une courte halte pour observer l'embouchure de l'estuaire de la Gironde, avec la ville de Royan en face de nous. Nous distinguons très bien l'église Notre-Dame qui a été construite en béton armé, dans un style architectural inspiré par l'esthétique des grandes cathédrales gothiques. Construite en trois ans sous la direction des architectes Guillaume Gillet et Marc Hébrard, elle fut inaugurée en 1958. Elle est considérée comme un chef-d'œuvre de l'architecture moderne.
Nous sommes de retour sur l'aire de stationnement des camping-cars du Verdon-sur-Mer à 12h30, au terme d'une jolie boucle de 47km.
Nous mangeons et rechargeons les batteries de nos vélos avant de prendre la route.
Il est 17H00 lorsque nous nous installons sur l'aire Camping-car Park de Montalivet-les-Bains : 45°22'32,1'' Nord - 1°09'23,6'' Ouest. Nous sommes à deux pas du bord de mer qui se trouve juste derrière le cordon dunaire, mais il est dommage que cette aire ne dispose pas de branchements électriques.
Nous partons à pied pour faire un petit tour au bord de la mer, et notre attention est attirée par une plante grasse aux fleurs blanches : le Cakilier maritime. Nous l'avions déja observé il y a trois ans dans les Landes, sur les dunes à proximité du Cap de l'Homy. Nous repérons également quelques pieds de Centaurée rude qui sont encore en fleurs.
Nous observons également un petit oiseau qui ne cessera de faire des apparitions autour de notre bivouac durant toute la soirée. Nous pensons qu'il s'agit du tarier des prés...
En revenant au camping-car, nous observons les surprenantes arabesques dessinées dans le ciel par un avion... Ce tableau qui semblerait nous être offert par la nature ne peut hélas être dissocié d'une notion de pollution inutile...
Vendredi 8 octobre 2021
Il fait encore plus froid ce matin qu'hier, mais cela ne nous empêche pas d'enfourcher nos vélos dès 9H00 pour partir en direction de Vendays-Montalivet par la D102.
Au niveau du Pont de la Brède qui enjambe le chenal du Guâ, nous suivons la piste cyclable qui part sur la droite. Nous longeons ainsi le marais de la Perge, une vaste dépression humide coincée au pied des dunes, et dont le chenal du Guâ constitue l'exutoire principal. De nombreuses cabanes sont implantées au milieu des roseaux, ce sont des tonnes utilisées pour la chasse aux canards. L'humidité ambiante et la température que nous pouvons qualifier de très fraîche ne nous incitent guère à lambiner dans le secteur. Heureusement, la piste nous conduit maintenant vers des zones plus sèches, et serpente au milieu des fermes.
Nous passons à Vendays-Montalivet où nous tournons à gauche après l'église, sur la D102. Nous prenons la route de Perigueys qui démarre sur la gauche (Nord-est) devant une importante scierie.
Nous traversons prudemment la D1215 pour prendre la piste cyclable qui va encore pénétrer dans une zone marécageuse : le "Palus de Joffret". Le paysage est ouvert sur de grandes prairies où paissent vaches et chevaux. Ce marais sur sol argileux a été drainé. Les dépôts sédimentaires de la Gironde ont été progressivement asséchés à partir du XVème siècle. Nous nous arrêtons un moment pour observer les nombreux cygnes et les hérons cendrés.
Après la ferme des Pargaux, nous traversons la voie ferrée pour continuer vers la "Palu neuve", une vieille ferme du marais où une éolienne métallique vieillissante alimente un abreuvoir.
Nous laissons le village de Jau-Dignac-et-Loirac sur notre droite pour longer les vignes du château Noaillac, dont une partie n'est pas encore vendangée. Ce château se trouve à la limite septentrionale de la zone d'appellation Médoc.
Nous nous arrêtons à 10H30 pour voir l'église de Saint-Vivien-de-Médoc qui possède un immense clocher en béton armé, qui contraste énormément avec son abside romane... Le clocher fut détruit en 1945, et sa reconstruction dans le plus pur style moderne de l'époque, fut achevée en 1957.
Quant à son abside romane, elle est merveilleusement décorée d'une corniche moulurée à modillons sculptés. Les thèmes de ces décorations sont variés, représentant des motifs végétaux, d'entrelacs ou d'oiseaux. Quelques représentations attirent notre attention, en particulier une femme accroupie les jambes écartées dans une position clairement exhibitionniste. Plusieurs autres décorations représentent également des personnages masculins qui semblent nus. Un homme semble présenter deux pommes de pin à bout de bras... Sur un des chapiteaux figurent Adam et Ève. Sur l'un des tympans, nous reconnaissons la "Danse de Salomé". Trois personnages sont représentés : à gauche un homme assis qui joue du psaltérion ; au centre une femme, habillée en robe longue, courbée en avant, sa main gauche touchant le sol ; à droite un autre homme qui joue de la vièle. Nous remarquons également un homme accroupi, tenant sa longue barbe avec les mains, dont la tête semble se trouver en-dessous des épaules... Impossible de décrire toutes les représentations, mais nous passons probablement un bon quart d'heure à en observer les détails.
Notre circuit quitte progressivement le marais pour revenir en forêt.
Après Grayan-et-l'Hôpital, nous retrouvons une piste cyclable. Nous passons devant un camp naturiste de renommée internationale, et nous enchaînons sur une ligne droite de 3km pour revenir à Montalivet . Nous sommes de retour au camping-car vers midi, après avoir réalisé une boucle de 45km en vélo.
Nous faisons la vidange et le plein d'eau avant de reprendre la route du Château Tour Castillon à Saint-Christoly-Médoc. Nous avons fait un petit détour par Blaignan pour aller acheter des "Noisettines du Médoc", directement chez le producteur (45°19'33,6" Nord - 0°52'25,8" Ouest) qui nous a très gentiment accueillis. Nous y avons également découvert une patte à tartiner aux noisettes devant laquelle il était impossible de résister...
Il n'y a personne pour nous accueillir en arrivant au Château Tour Castillon qui se situe au bord de l'estuaire (45°21'03,3" Nord - 0°48'40,8" Ouest). Nous allons donc nous installer au pied du pigeonnier, en bordure des vignes.
Un peu plus tard, alors que nous faisons un tour à pied vers les carrelets au bord de la Garonne, nous rencontrons le propriétaire qui nous dit de venir le voir le lendemain pour déguster son vin.
Samedi 9 octobre 2021
Nous profitons d'un magnifique lever de soleil, avant d'enfourcher nos vélos dès 9H00 pour partir en direction de Saint-Yzans-de-Médoc. Nous traversons ensuite une zone de marécages où paissent vaches, chevaux, moutons et même quelques chèvres.
Nous apprécions particulièrement le passage devant le Château Loudenne, situé au sommet de la seule côte que nous rencontrerons sur notre parcours.
Il est 9H40 lorsque nous faisons une petite halte au Port de la Maréchale où nous observons de nombreux colverts. Ce petit port était un point de traversée pour les pèlerins de Saint-Jacques ou de Jérusalem qui arrivaient de Talmont, et rejoignaient la basilique de Cadourne ou l'abbaye de l'Île.
Nous longeons le chenal de la Maréchale qui draine le marais de l'Île depuis 1655. Nous passons devant l'abbaye de Saint-Pierre-de-l'Île qui domine les environs depuis le sommet d'une butte. Fondée en 1130 par l'archevêque de Bordeaux, il n'en subsiste qu'un pan de mur percé d'une fenêtre en ogive. Nous passons ensuite au village d'Ordonnac, ainsi désigné, car c'est sur cette commune que les prêtres de l'abbaye étaient éduqués et ordonnés...
Nous traversons Lesparre-Médoc, et nous revenons par Civrac-en-Médoc et Couquèques. Ce village s'appelait autrefois Saint-Martin-de-Conques, et tirait son nom des coquillages fossilisés que l'on trouve en grand nombre sur le site.
En rentrant au Château Tour Castillon, nous sommes très gentiment accueillis par la patronne qui nous fait visiter le chai, et nous propose une petite dégustation. Nous revenons ainsi au camping-car avec une caisse de 6 bouteilles de vin. Nous avons rajouté 40km aux compteurs de nos vélos.
Nous reprenons la route en début d'après-midi, et nous passons par Saint-Yzans-Médoc et Saint-Seurin-de-Cadourne. Nous voyons quelques vendangeurs qui ramassent à la main, alors que nous avons vu de très nombreuses machines à vendanger.
Nous faisons un petit arrêt photo devant le château Cos-d'Estournel.
Il est 15H30 lorsque nous nous installons au camping municipal de Pauillac, avec vue sur la Gironde et les carrelets depuis notre emplacement.
Dimanche 10 octobre 2021
Nous avons passé une excellente nuit au camping de Pauillac, bien que nous ayons entendu passer plusieurs bateaux sur la Gironde... Nous profitons d'une très belle lumière au moment du lever de soleil, malgré la présence d'un léger brouillard.
Pour le quatrième jour consécutif, nous partons en vélo dès 9H00, en passant devant le magnifique château Lynch-Bages, le cinquième grand cru dans le classement officiel de 1855. Nous apprécions particulièrement l'architecture moderne du chai contenant 80 cuves, dont les façades sont habillées de verre. Les travaux d'aménagement ont été conduits par l'architecte américain Chien Chung, qui est le fils de Leoh Ming Pei, créateur de la pyramide du Louvre.
Très vite, nous passons à proximité du prestigieux château Grand-Puy-Lacoste, adossé à la forêt, et qui semble veiller sur son vignoble. L'architecture classique du château associe la pierre bordelaise, superbement éclairée ce matin, au gris intense de l'ardoise de Touraine.
Nous nous arrêtons un moment pour visiter l'abbaye de Vertheuil. Cette abbaye fondée au IXème siècle, fut la plus renommée de ce secteur du Médoc.
Le portail roman d’inspiration saintongeaise est superbement décoré. Bien que les trois voussures du portail soient assez érodées, nous pouvons observer que la première est constituée d'une frise de personnages masculins habillés en tunique. Les uns semblent se tenir la barbe, alors que d'autres jouent de la flûte ou du pipeau... Il s'agit probablement d'une évocation des Vieillards de l’Apocalypse... La seconde voussure présente une série de personnages entremêlés avec des lianes. Au sommet de la troisième voussure se trouve un personnage qui sonne du cor. De part et d’autre, des personnages opposés deux à deux semblent travailler dans la vigne ou dans les champs.
À Saint-Estèphe, nous passons derrière le prestigieux château Phélan Ségur. Son vin a été classé en 2003 parmi les crus bourgeois « exceptionnels »... Nous côtoyons ensuite les vignes des châteaux Montrose et Haut-Marbuzet, avant de rejoindre la rive gauche de l'Estuaire. Nous suivons la D2E4 en direction de Pauillac, en faisant bien attention aux nombreux véhicules qui ne semblent guère concernés par les limitations de vitesse.
Nous sommes de retour au camping municipal de Pauillac pour midi, au terme d'une très belle boucle de 48km au cœur des prestigieux vignobles du Médoc.
Nous reprenons la route du Pays Basque à 13H30 pour arriver à Itxassou à 17H40.
