Le canal des deux mers et le canal de Montech à Montauban
Vendredi 12 avril 2019
Nous quittons Bardos à 10H30, mais nous nous arrêtons à Bidache pour faire quelques courses.
Nous prenons l'autoroute à Peyrehorade jusqu'à Orthez. Nous poursuivons par Hagetmau, Saint-Sever et Mont-de-Marsan, puis nous tournons à droite à Saint Justin pour rejoindre Labastide-d'Armagnac (13H10) où nous nous arrêtons pour manger sur l'aire d'accueil des camping-cars qui se situe à l'extérieur du village. Il est possible de faire les vidanges et le plein d'eau gratuitement, mais l'aire de stationnement se trouve sur l'herbe, donc peu recommandable par temps pluvieux, d'autant qu'un panneau indique qu'elle est inondable... (43°58'18.7" Nord - 0°11'11.5" Ouest).
Après manger, nous prenons le temps d'aller visiter le village en commençant par le magnifique lavoir de "Las Canéres", qui se trouve à l'extérieur du village (en face de l'aire de camping-cars). Il est couvert par une superbe charpente qui a été restaurée en 2002. Juste à côté se trouve une fontaine surmontée d'un polyèdre.
Nous poursuivons la visite de cette bastide fondée en 1291 par le comte Bernard VI d'Armagnac. Les rues et ruelles forment un damier convergeant vers une vaste place rectangulaire entourée de couverts en bois ou en pierre sans unité de forme particulière. Nous pouvons très bien observer les andrones, espaces de quelques décimètres laissés entre les maisons pour permettre l'écoulement des eaux d'une part, mais aussi pour limiter la propagation des incendies. Un ancien puits a été conservé dans un angle de la place.
L'église romane fortifiée qui date du XIIème siècle est surmontée d'un clocher massif qui date du XVème siècle.
Nous reprenons la route à 14H45 en direction de Cazaubon, mais après avoir parcouru 2,500km sur la D626, nous tournons à gauche pour aller voir la chapelle Notre-Dame-des-cyclistes.
L'ancienne chapelle de Géou, longtemps laissée à l'abandon, a été restaurée à l'initiative de l'abbé Joseph Massie, curé de Créon- d’Armagnac, pour devenir le sanctuaire Notre-Dame-des-Cyclistes le 18 mai 1959. Les talents cyclistes de l'abbé étaient déjà connus car il avait franchi le Tourmalet en soutane quelques années auparavant...
Tous les ans, une messe est célébrée pour les cyclistes le lundi de Pentecôte dans cette chapelle. Le Tour de France est passé cinq fois à Notre-Dame-des-Cyclistes : en 1984, 1989, 1995, 2000 et 2017. Il y a même eu un départ depuis Labastide-d'Armagnac le 9 juillet 1989.
Ce sanctuaire a vu passer tous les grands champions cyclistes qui, pour la plupart, ont déposé leurs maillots glanés sur les circuits du monde. Ainsi, peut-on admirer les maillots d'André Darrigade, Jacques Anquetil, Louison Bobet, Roger Lapébie, Tom Simpson, Jean Stablinski, Bernard Hinault, Raymond Poulidor, Eddy Merckx, Van Impe, Richard Virenque, Luis Ocaña (qui s'est marié ici) et beaucoup d’autres... À la suite de la décision de l'Union Cycliste Internationale de lui retirer tous ses titres, le maillot de Lance Armstrong a été décroché le 26 octobre 2012...
Le superbe portail a été réalisé par un ami de l'abbé Massie, M. Carpy, ancien coureur et forgeron domicilié à Mont de Marsan. Il est superbement décoré de deux vélos anciens.
Nous remarquons que la voûte qui se trouve au-dessus du chœur est apparente en-dessous de la toiture qui la protège. C'est la première fois que nous observons cette disposition architecturale...
Nous notons que la voie verte du Marsan et de l'Armagnac passe à 300 m derrière cette chapelle (nous l'avons croisée à la sortie de Labastide-d'Armagnac), mais hélas, elle n'est pas bitumée...
Dès que nous reprenons notre route, nous entrons dans le département du Gers.
Nous passons par Condom et Lectoure pour rejoindre Valence-d'Agen (dans le Tarn-et-Garonne).
Il est 17H45 lorsque nous nous installons sur l'aire communale d'accueil des camping-cars de Moissac (44°05'53" Nord - 1°05'34" Est). Nous ne pouvons être mieux situés pour partir faire du vélo, car la voie verte passe juste derrière l'aire de stationnement et nous sommes à deux pas de la cité... Pour ce qui concerne notre emplacement, nous bénéficions de l'électricité et il y a tout le nécessaire pour faire les vidanges et le plein d'eau; tout cela pour un montant forfaitaire de 8€ par jour, ce qui nous paraît particulièrement raisonnable vu le niveau des prestations offertes.
Samedi 13 avril 2019
Il est 9H20 lorsque nous partons à pied en direction du centre-ville de Moissac, en longeant le canal latéral de la Garonne. Nous sommes surpris de voir le nombre de bateaux qui sont accostés dans le port de Moissac, et les premiers bateaux commencent à manœuvrer pour franchir une écluse. En chemin, nous croisons un couple de colverts...
Nous ne pouvions passer à Moissac sans aller visiter l'église et le cloître de l'Abbaye Saint-Pierre, d'autant que nous n'en avions pas eu le temps lors de notre dernier passage à Moissac au mois d'août 2016.
Nous observons tout d'abord le somptueux portail roman de la façade Sud. La décoration de son tympan s’inspire de l'Apocalypse de Jean et présente en son centre un Christ en majesté, entouré des symboles des quatre évangélistes. Les vingt-quatre vieillards du récit de l'Apocalypse prennent place dans le bas et sur les côtés de la scène. Sur les piédroits polylobés de la porte d’influence mauresque, sont représentés Saint Pierre et le prophète Isaïe.
À l'intérieur de l'église, plusieurs sculptures polychromes attirent notre attention :
- Une Vierge de pitié tenant sur ces genoux son fils mort que l'on vient de descendre de la croix. Elle est entourée de Saint Jean et de Marie Madeleine, aux longs cheveux tressés.
- Une œuvre de bois sculpté datée de XVème siècle représentant la fuite en Égypte.
- Une mise au tombée est datée de la même époque. Jésus, reposant sur son linceul est tenu par Joseph D'Arimathie à sa tête et Nicodème à ses pieds. Au second plan, Marie est soutenue par Saint Jean.
Côté Nord de la nef, se trouve un sarcophage mérovingien en marbre blanc des Pyrénées. Il est orné en son centre d'un chrisme surmontant deux oiseaux s'abreuvant dans une coupe. Datant du IVème siècle, il a été réemployé pour recevoir la dépouille de l'abbé Raymond de Montpezat décédé en 1245.
Nous allons ensuite visiter le cloître constitué de quatre galeries dont les arcades retombent sur une série de 116 colonnettes de marbre, rythmées par une alternance de fûts simples et doubles.
Nous prenons le temps d'observer en détail les chapiteaux historiés, sculptés sur quatre faces, chefs-d'œuvre de la sculpture romane. Ils sont particulièrement renommés pour la richesse des thèmes qu'ils illustrent : genèse, enfance du Christ, miracles de Saint Benoît, thèmes floraux ou stylisés, personnages, animaux et végétaux. Ils sont considérés parmi les plus beaux du Sud de la France.
Sur les piliers d'angle, des plaques de marbre sont gravées, représentant huit des douze apôtres : Pierre, Paul, Jacques, Jean, Philippe, André, Barthélemy et Matthieu. La calvitie de Saint-Paul me rassure, j'ai probablement trouvé la raison de la densité de ma chevelure...
De retour à l'aire de camping-cars, nous enfourchons nos vélos à 10H50 pour partir en direction de Castelsarrasin en empruntant la voie verte qui longe le canal des deux mers (canal latéral à la Garonne).
L'appellation "canal des deux mers" est attribuée à l'ensemble formé par le canal latéral à la Garonne qui va de Castets-en-Dorthe à Toulouse, et le canal du Midi qui rejoint Toulouse à la Méditerranée.
Alors que le canal du Midi fut construit de 1667 à 1681 par Paul Riquet sous le règne de Louis XIV, le canal de la Garonne ne fut réalisé qu'au XIXème siècle (1839-1856). Sa construction fut controversée et souvent remise en cause en cours de travaux compte-tenu de l'arrivée d'un nouveau mode de transport: le train... Finalement, le 12 mars 1956, le canal des deux mers reliait la Méditerranée à la Garonne dans sa partie navigable, ce qui permettait aux bateaux de rejoindre l'Atlantique. La trafic sur les 193km du canal de la Garonne entre Castets-en-Dorthe et Toulouse est aujourd'hui exclusivement dédié à la navigation de plaisance, la dernière péniche assurant le transport de marchandises ayant cessé son activité en 2000.
L'aménagement d'une voie verte, exclusivement destinée aux circulations douces, et en particulier aux vélos, nous offre aujourd'hui une opportunité exceptionnelle pour réaliser des parcours cyclistes accessibles à tous dans un cadre idyllique et sécurisé.
11H20 Nous franchissons le pont-canal du Cacor qui enjambe le Tarn. Il a été construit entre 1845 et 1847 en briques de Toulouse et en pierre blanche du Quercy par l'ingénieur François Terrié, sous la maîtrise d'ouvrage de Jean-Baptiste de Baudre, ingénieur des Ponts et Chaussées. Reposant sur 14 piles, il mesure 356m de long et présente une largeur de 8,35 m.
Nous arrivons à 11H45 au port Jacques-yves Cousteau de Castelsarrasin qui fut aménagé en 1998, et doté d'une capitainerie modernisée en 2014-2015.
Une oeuvre d'art en acier Corten réalisée par l'artiste néerlandais "Ruudt Wackers", évoque la célèbre Calypso du commandant Cousteau.
Nous avançons encore jusqu'à l'autre extrémité du port pour aller voir la passerelle construite par la maison Eiffel en 1889.
Nous traversons Castelsarrasin pour aller voir l'aire de camping-cars (44°02'18" Nord - 1°06'05" Est) qui n'a ni le charme ni la qualité de celle de Moissac...
Sur le chemin du retour, en longeant le canal, nous croisons le chemin d'une adorable couvée de canetons qui suivent vaillamment le sillage de leur maman...
Il est 12H30 lorsque nous sommes de retour à l'aire de Moissac, où nous prenons le temps de manger avant de prendre la route de Montech en camping-car.
Nous trouvons porte close en arrivant au camping de Montech, pourtant il y a du monde, et plusieurs camping-cars sont installés... L'accueil étant fermé, nous appelons les trois numéros de téléphone indiqués sur la porte. Au bout du fil, un monsieur semble étonné si ce n'est courroucé d'apprendre que l'employée ne soit pas à son poste... Cette personne nous rappelle une dizaine de minutes plus tard, et nous annonce que le camping n'ouvrira qu'à partir du 15 avril (donc lundi). Pourtant la moyenne saison est affichée s'étendant du 6 avril au 4 mai, ce qui est visiblement en contradiction avec la situation... Des camping-caristes qui sont arrivés dans la matinée ont été réceptionnés par un employé municipal, et nous proposent de nous faire rentrer... Nous déclinons leur offre sympathique, nous préférons stationner à l'extérieur pour partir en vélo en direction de Castelsarrasin par la voie verte qui longe toujours le canal des deux mers.
15H00 Après avoir rejoint le port de Montech, nous passons devant la confluence du canal latéral à la Garonne et de celui qui va de Montech à Montauban (en passant devant le camping inhospitalier de la commune de Montech...).
Un bon kilomètre plus loin, nous passons au pied de la pente d'eau de Montech qui fut mise en service en 1974 pour fluidifier la navigation. Deux énormes engins contrôlent le mouvement d'un bassin de section triangulaire dans lequel pénètrent les bateaux. Ils les hissent le long d'une rampe au cours d'une manœuvre qui dure vingt minutes, économisant ainsi trois quarts d'heure par rapport au passage des cinq écluses traditionnelles.
La flore n'est pas encore très développée, mais nous remarquons cependant au passage, une station d'Ornithogale en ombelle.
Il est 15h45 lorsque nous arrivons au niveau de la passerelle Eiffel de Castelsarrasin.
Nous sommes de retour devant le camping de Montech à 16H45 avec 50km au compteur du vélo pour la journée.
Nous revenons à l'aire de camping-cars de Moissac pour passer une seconde nuit.
Dimanche 14 avril 2019
Nous nous levons à 8H00, et faisons la vidange avant de quitter l'aire de Moissac. Nous remarquons un très beau pigeonnier en passant à Saint-Porquier.
Nous allons nous garer à proximité de la base nautique de Montech, et repartons en vélo (10H00) sur la voie verte en direction de Toulouse.
Nous retrouvons une belle péniche nommée "Hilda May" que nous côtoyons régulièrement depuis Moissac.
Une déviation de la voie verte nous conduit à traverser le village de Montbartier. À la sortie du village, deux perdrix s'envolent juste devant nous, et un peu plus loin, nous trouvons un magnifique champ d'Orchis bouffons. Nous repérons même deux pieds dont les fleurs sont de couleur blanche... Il y a également de beaux bouquets d'Euphorbe à ombelle jaune.
Il y a un peu de monde sur la voie verte, les uns à pied, les autres en vélo, et nous croisons plusieurs embarcations qui s'entraînent à l'aviron (accompagnées de leurs entraîneurs en vélo).
Il est 11h05 lorsque nous arrivons à Grisolles (aire de camping-cars avec services, mais pas très accueillante 43°49'44" Nord - 1°17'53" Est).
Nous rentrons à Montech pour manger dans le camping-car (12H00 - avec 36km au compteur).
Après avoir dégusté un excellent sauté de bœuf au Romarin, nous remontons sur nos vélos à 14H00 pour partir en direction de Montauban par la piste cyclable qui longe le canal de Montech - Montauban.
Petite halte pour observer un héron cendré qui semble être employé par le syndicat d'initiative local...
Les nombreuses écluses s'enchaînent, en particulier celle de Mortarieu, aménagée en restaurant, mais qui n'ouvrira qu'à partir du 16 avril...
En approchant de Montauban, les piétons sont de plus en plus nombreux, et le partage de l'espace s'avère un peu compliqué.
Arrivés au port de Montauban, nous faisons demi-tour à 14H45. Nous constatons que nous sommes à 162km de Castets en Dorthe d'où nous étions partis en août 2016.
Nous sommes de retour à Montech à 15H15 avec 60km au compteur du vélo pour la journée. 110km en deux jours : çà c'est de la rééducation pour le genou de Christiane qui est en rodage...
Nous quittons Montech à 15H45 en passant par Beaumont-de-Lomagne, Auch et et Mirande, avant de rejoindre l'autoroute A64 à Tarbes. Nous avons fait une pause à Miélan, aire sommaire mais gratuite où nous pouvons faire la vidange : 43°25'59,6" Nord - 0°18'32,3" Est.
Nous sommes de retour à Bardos à 20H05 au terme d'un périple de 481km.