Jaca et ses environs
Michel - Michèle, Jean Pierre - Évelyne, Jacques - Marie Hélène, Michel - Marie Claire, Jean Paul - Christiane
Samedi 13 novembre 2010
Nous repartons pour Santa Cruz de la Serós en voiture, pour visiter l'église Santa Maria qui faisait partie du monastère des bénédictines du XIème siècle. Il a été édifié en ces lieux par Sancho Garcés II et son épouse Doña Urraca Fernandez, en l'an 992. Cependant, l'apogée de ce couvent se situe sous le règne de Ramiro 1er d'Aragon avec l'arrivée en 1061 et 1070 de ses trois filles: Urraca, Teresa et Sancha. Ce monastère fut conservé jusqu'en 1555, date à laquelle la communauté monastique fut transférée à Jaca. Les religieuses résidaient dans l'église et plus particulièrement dans la tour.
Le portail est orné d'un chrisme entouré de deux lions, qui ressemble à celui de la cathédrale de Jaca. Sur le cercle du chrisme, on peut lire une inscription en latin qui signifie: "Je suis la porte facile, entrez par ici, je suis la source de vie, ayez plus soif de moi que de vin, vous qui pénétrez dans ce temple bienheureux de la Vierge". Au pied du linteau, on peut également lire: "Corrige-toi avant d'invoquer le Christ".
On trouve de nombreux modillons sculptés, et deux d'entre, sur la façade Nord, sont polychromes.
Suite à un accident récent, l'accès à la tour et à la salle voûtée située au-dessus de la nef est hélas interdit. Nous nous mettons donc en chemin pour rejoindre le village de Binacua par le chemin de saint Jacques de compostelle.
Nous faisons une petite halte à la chapelle de San Caprasio avant de quitter Santa Cruz de la Serós. Cette chapelle de style roman-lombard est très dépouillée, mais il en émane une pureté qui invite à la méditation, comme nous l'avions ressenti dans l'église romane San Emeterio y San Celedonio au-dessus de Samitier.
Michel nous conduit sur le chemin de Saint Jacques, d'où la vue sur les Pyrénées est toujours aussi somptueuse, alors que derriète nous, la Peña Oröel se dresse telle une proue de navire.
Nous traversons le village de Binacua, remarquant quelques belles maisons de pierres surmontées de cheminées aragonaises.
Devant une maison du village, des champignons sèchent dans un tamis...
Nous voyons au loin, à l'Ouest-nord-ouest, le village de Berdún, juché sur une éminence caractéristique.
Un habitant du village va chercher la clé de l'église pour nous permettre de la visiter.
Lorsque la porte s'ouvre, nous sommes très surpris d'en découvrir une seconde, surmontée d'un tympan décoré d'un chrisme.
Nous prenons le sentier qui passe derrière le cimetière pour revenir à pied à notre hôtel.
Les deux J.P. ont pressé le pas pour aller récupérer le véhicule au point de départ, et une courte halte à l'hôtel nous permet de prendre la paella que nous a concocté la maman du patron. Nous prenons la route pour Jaca, et remontant en direction du Somport, nous tournons à droite à Castiello de Jaca pour pénétrer dans la superbe vallée de la Garcipollera. Nous laissons Villanovilla sur la droite et remontons la rive gauche du río Iguacel jusqu'à l'ermitage de la vierge d'Iguacel. Il nous faut traverser le río à pied pour rejoindre l'église, seul vestige du monastère d'origine, placé dans un site magnifique entouré de peupliers.
Nous y retrouvons Julio qui est venu pour nous permettre de la visiter, mais nous commençons par nous installer sur les tables de pique-nique pour déguster avec lui la délicieuse paella...
Le promoteur de cet ermitage est le comte Sancho Galíndez, conseiller du roi Ramiro 1er, et précepteur de son fils, le futur roi Sancho Ramírez. Grâce aux inscriptions qui surmontent le portail Ouest, nous savons que le sculpteur est Galindo Garcés.
Le mur Sud est un vestige de l'église primitive qui a la particularité d'être décoré d'un moulure ressemblant à un alfiz. L'alfiz est une ornementation architectonique en forme de corniche rectangulaire, spécifique de l'art musulman, et par extension de l'architecture mozarabe.
La décoration est inspirée de la cathédrale de Jaca, surtout pour les chapiteaux qui surmontent les fines colonnes des fenêtres à la base de l'alfiz.
Le portail principal exposé à l'Ouest est décoré de motifs à billettes. Les billettes sont des moulures ornementale,s saillantes et discontinues, à profil en demi-cercle. Les billettes à deux ou plusieurs rangs dessinent un motif à damier qui orne fréquemment, à l’époque romane, les corniches et les archivoltes.
La sol de la nef est constitué d'un pavage décoratif, constitué de superbes motifs géométriques. Julio nous indique un point particulier, où la concentration énergétique est particulièrement intense...
Le chœur est décoré de superbes fresques gothiques, relativement bien conservées.
Nous quittons Iguacel, mais pas la vallée de la Garcipollera, car 850m en dessous du parking, nous laissons nos véhicules, et montons par une piste jusqu'au village abandonné de Larrosa. Nous accédons au village par derrière l'église San Bartolomé, dont le chevet de style mozarabe est encore assez bien conservé.
A l'intérieur, quelques pierres tombales du XVIIIème gisent sur le sol, et l'on peut encore deviner les peintures qui ornaient le chœur. Au fond de l'église, une cuve baptismale, envahie par la végétation, me rappelle celle que nous avons vu le matin même à Binacua.
Nous descendons plein Ouest en dessous du village pour rejoindre le point de confluence du barranco del Munde et du barranco de Acin. Nous passons rive gauche, et rejoignons la piste au lieu-dit "La Margen" (altitude 1050m - latitude N 42°37'50,5" - longitude W 0°27'40,2").
Nous repassons à l'hôtel avant de revenir sur Jaca pour déguster un excellent repas chez "Fau" (spécialiste de champignons), en face de la cathédrale.