Teruel - Miravete de la Sierra - Cantavieja - Mirambel
Mardi 14 avril 2009
Après une nouvelle une nuit hyper calme, nous repartons vers 9H15 après avoir fait le plein d'eau à une fontaine de l'autre côté de la route, en face du parking. Nous traversons les Pinares de Rodeno, qui ont été déclarés Paysage Protégé en 1995, afin de préserver les qualités paysagères de ses formations de grés côtoyant les masses de "pin Rodeno" (Pinus pinaster).
Nous arrivons à Teruel vers 10H30, cité inscrite au Patrimoine mondial de l'Humanité depuis le 25 novembre 1986 par l'UNESCO.
Nous montons l’Escalinata néo-mudéjar réalisée en briques rouges et azulejos par Carlos Castel et José Torán pour aller visiter la ville.
Le cœur de la cité se trouve à la plaza del Torico, au centre de laquelle trône une fontaine, où les têtes de taureaux crachent l’eau. Un taureau de bronze surmonte la colonne centrale. De superbes maisons « art-nouveau » débordent de décorations.
Il faut savoir que l'histoire de la cité commence à l'époque de la Reconquista par le roi Alphonse II d'Aragon en 1171. La légende raconte qu'un taureau surmonté d'une étoile se mit à mugir devant les armées chrétiennes qui étaient à la recherche du meilleur lieu pour installer leur nouvelle frontière face aux infidèles. Ils estimèrent que l'augure était favorable pour ériger une tête de pont face à la Taifa de Valence et aux Banu-Razin. Le taureau et l'étoile intégrèrent le blason de la ville, et sont à l'origine du toponyme: "Toruel" devenu Teruel...
La tour mudéjare de San Salvador fut érigée au début du XIVème siècle. Il s'agit d'une tour-porte de style almohade, constituée d'une tour interne qui supporte l'escalier, lui-même enveloppé par une tour externe construite en briques. Cette tour est une vraie merveille où s'exprime tout le raffinement du savoir faire musulman de l'époque.
La tour de Saint Martin lui est comparable… Terminée en 1316, elle est de type minaret almohade. Les décors de brique composés d'arcs mixtilignes entrelacés, de losanges et de modillons, sont rehaussés par des céramiques de couleur. Les contreforts en pierre qui soutiennent son soubassement ont été réalisés par l'architecte français Pierre Vedel en 1551.
Nous allons visiter le mausolée des amants, assistant au préalable à une courte projection sur leur histoire et sur celle de la ville.
Les chroniques médiévales racontent que Diego Marcilla tomba éperdument amoureux d’Isabel de Segura. À l’époque, Teruel venait être conquis pour le royaume d’Aragon, et c’était une cité frontalière. Le père d’Isabel, informé de l’amour de sa fille, empêcha son mariage avec Diego. C’est un deuxième enfant, il n’héritera donc pas de maison ni de terres. Il lui propose d’attendre pendant cinq ans, et s’il parvient à faire fortune dans la guerre, il lui céderait la main de sa fille. Le jour même du retour de Diego a Teruel, son aimée devient l’épouse de Pedro de Azagra. En se présentant à elle, il demande un baiser. Elle refuse. Diego s’écroule. Le lendemain, à l’église de Saint-Pierre, ont lieu les obsèques. Une femme en deuil s’approche du cadavre. Elle l’embrasse et s’écroule, morte. Il s'agissait d'Isabel... |
En 1955, les momies des amants auraient été découvertes avec un document authentifiant les corps...
Aujourd'hui, le mausolée, oeuvre de Juan de Alavos, est placé dans une chapelle richement décorée, adossée à l'église San Pedro. Des mains des amants qui s’approchent sans se toucher, émane tout le romantisme de l’histoire.
A proximité du mausolée, nous admirons un superbe tableau contemporain de Jorge Gay : « El Amor Nuevo », réalisé en 2004-2005.
Nous visitons l'église et la tour San Pedro. Il s’agit d’une construction mudéjare du XIVème siècle. La tour, en briques, est incrustée de céramiques. L’extérieur de l’église est aussi décoré d’azulejos. Elle possède une abside polygonale renforcée de grandes tours. À l'intérieur, elle ne présente qu’une seule nef couverte d’une voûte en croisée d'ogives et pourvue de chapelles latérales. Le retable du maître-autel est de style Renaissance.
Nous quittons Teruel vers 13H15, et nous nous arrêtons pour manger dans la nature sur la route de Cantavieja. La traversée de la Sierra de Gudar enneigée nous enchante. Nous découvrons de superbes parterres mauves de Genêt hérisson.
Nous passons par Cedrillas, Monteagudo del Castillo (1467m d'altitude) et Allepuz, avant de faire un petit crochet sur la gauche, pour aller visiter le charmant petit village isolé de Miravete de la Sierra (1228m d'altitude), sur les rives du río Guadalope, enjambé par un pont du XVIème siècle à l'entrée du village On arrive par la place où se trouve une fontaine. Le village est dominé par des rochers imposants à l'emplacement où était édifié l'ancien château. Miravete conserve l'unique "cruz de termino", croix installées dans la plupart des villages de la région au Moyen-Âge. L'église Notre Dame des Neiges a été classée en 2001.
Nous revenons à Villaroya de los Pinares avant de passer le Puerto de Villaroya dans la neige (1690m).
Nous apprécions beaucoup au passage, le village de Fortanete dominé par son château, avant de franchir le Puerto de Cuarto Pelado (1670m).
Nous visitons Cantavieja, très beau village qui manque cependant un peu d'homogénéité. La place est des plus beaux lieux du Maestrazgo. Elle est bordée par l'église de l'Assomption, bâtie durant la période baroque sur le modèle de la Basilique du Pilar, par la maison du Conseil, d'origine gothique, et par un autre bâtiment sur portiques.
La route de Mirambel est en plein travaux, mais le village valait la peine d'un petit effort pour le rejoindre... Ce petit village fortifié a été très bien restauré, il a reçu en 1981, le prix "Europa Nostra" qui récompense les efforts de restauration faits par les habitants. Sa reconquête, au XIIème siècle, fut commandée aux Templiers, puis elle subit au XIXème, les terribles épisodes des guerres carlistes du Maestrazgo.
La porte de las Monjas par laquelle nous entrons est magnifique côté intérieur. Encore des jalousies aux fenêtres du couvent des augustines, construit en 1564… Belles demeures à blasons sculptés du XVIème, porte de l’église couverte de métal décoré, tout ceci donne un charme certain à ce village.
Nous repartons en direction de Castellote, et nous nous installons en face de l'Ermita de San Marcos, parfois surnommé "Catedral de las Montañas". Le portail de l'église date du XVIIIème. A l'intérieur, la coupole principale mesure douze mètres de haut, et est entourée de quatre petites coupoles. L'édifice en forme occupe un espace de 20m sur 22. Construite en 1720, elle fut détériorée au moment de la guerre civile, avant de subir un incendie en 1957, qui a détruit le retable baroque de grande valeur. A l'extérieur, on trouve des couverts et des écuries. L'ermitage proprement dit occupe l'emplacement d'un ermitage primitif datant du XVème siècle.
Il est 19H45, nous avons fait 156km dans la journée, et 686 depuis Bardos.