Sariñena - Monegros - Muel - Daroca - Lagune de Gallocanta
Samedi 8 novembre 2008
Nous quittons Bardos à 13H30 et partons par Bidache et Oloron. Au-dessus d’Accous, en direction du col d’Iseye (Est) les sommets enneigés sont magnifiques. A 15H45 nous franchissons le superbe tunnel du Somport, et descendons sur Jaca que l’on laisse sur notre droite pour passer à Sabiñanigo. Nous franchissons le col de Monrepos, et passons à Huesca à 17H30. Nous prenons la route de Barbastro, apercevons sur notre gauche le château de Montearagon qui manque un peu de lumière. Avant d’atteindre Sietamo, nous prenons la direction de Novales sur la droite. A Novales, nous tournons à gauche vers Sariñena. A 18H15, nous nous installons sur le parking du cimetière de Huerto pour passer la nuit.
Dimanche 9 novembre 2008
Nous repartons à 9H00 pour Sariñena, mais il y a un épais brouillard, ce qui fait que nous n’irons pas voir la lagune. Nous prenons la direction de Bujaraloz, puis tournons à droite vers San Juan de Flumen, et virons à gauche pour aller voir la chartreuse « Nuestra Señora de las Fuentes ».
Visite gratuite (seulement le dimanche matin), d’une merveille de style baroque entièrement décorée par le beau-frère de Goya : « Manuel Bayeu y Subias », qui faisait partie de la communauté religieuse. Les plafonds de la nef et des chapelles sont magnifiques. Hélas, l’édifice a servi de bergerie depuis 1936, et a été utilisé en particulier pour le stockage de la paille pendant trois ans. Celle-ci a absorbé l’humidité du sol, ce qui a entraîné des dégradations importantes des fresques murales. Les fresques murales évoquent la passion du Christ, alors que la voûte illustre la vie de Marie. Les coupoles sont remarquablement décorées, avec un effet de profondeur exceptionnel. Ce sont plus de 250 compositions picturales, constituant 2000m2 de fresques murales qui évoquent l'Ancien Testament et la vie de Saint Bruno, fondateur de l'ordre au XIème siècle. |
Dans une chapelle sombre dédiée à Saint Bruno, le guide nous éclaire à la lampe de poche, un autoportrait de l'artiste tenant sa palette à la main. A ses côtés, on peut remarquer le portrait d'un moine présentant un plan du monastère.
Durant des siècles, moines et carmélites se sont succédés dans cette chartreuse, fondée en 1507 par Béatrice de Luna et Blasco de Aragon, à l'emplacement d'un ancien ermitage. Le monastère actuel fut reconstruit au XVIIIème siècle et fut consacré en 1777. Il comprend une salle capitulaire, un hospice, une chapelle et 17 cellules monastiques.
De l’extérieur, nous ne voyons pas grand-chose car le brouillard est trop dense… La porte d’entrée est habillée de cuivre et décorée d’étoiles de Saint-Bruno, patron de la communauté religieuse qui occupait les lieux.
Nous repartons pour Lanaja et Alcubierre.
Alors que nous franchissons le puerto de Alcubierre, le soleil reprend le dessus… A Leciñena, nous montons à l’ermitage de la Virgen de Magallón qui domine la plaine environnante. Comme le représente la décoration de la clé de voûte de la porte d'entrée, la Vierge serait apparue ici à un berger en 1283...
La table d’orientation indique le Tozal de Guara, mais hélas la brume limite encore notre vue… Nous mangeons sur place avant de reprendre la route de Perdiguera. Nous contournons Saragosse sans s'arrêter et descendons vers le Sud.
À Muel, nous faisons une visite rapide à la chapelle Virgen de la Fuente, construite sur les vestiges d’une digue romaine. Ne nous pouvons y pénétrer, pour voir les pendentifs réalisées par Goya, car elle est fermée. Nous faisons une agréable promenade dans le parc municipal aménagé autour du bassin et des cascades.
La "Muwala" des Arabes possédait un château qui protégeait la route stratégique reliant Saragosse à Valence, mais auparavant, les romains avaient édifié de nombreuses villas qui avait besoin d'eau pour leurs thermes... C'est donc pour cette raison qu'ils avaient construit cette digue, qui est considérée aujourd'hui comme le plus ancien ouvrage d'art d'Aragon. Les énormes blocs appareillés constituent un mur de dix mètres de hauteur.
De nombreux céramistes aragonais se sont installés à Muel pour faire de la céramique de création en utilisant des techniques qui datent de l'occupation musulmane. La céramique polychrome fut ainsi réalisée jusqu'au XIXème siècle. Par chance, Henry Cook, archer de Philippe II, nota les procédés, les techniques de cuisson et de peinture. C'est en 1964 que la région a décidé de créer une école d'apprentissage qui prit pour référence, les dernières pièces conservées dans les musées ou les collections particulières. La première cuisson se fait à 800°, puis la pièce est décorée à la main avec de l'oxyde de cobalt bleu, avant de procéder à une seconde cuisson à 1000°. |
Continuant notre route vers le Sud, nous apercevons sur notre droite, la cime enneigée du Moncayo, qui nous domine de ses 2314m d'altitude..
En arrivant à Daroca, nous sommes très surpris de voir des jambons, suspendus sur un séchoir au bord de la route...
Nous faisons un tour à pied de la ville fortifiée par des murailles de différentes époques, dont les parties les plus anciennes datent du XIIIème siècle. Nous remarquons qu’elles sont constituées de matériaux divers: torchis, briques, pierres, etc. Les fortifications enserrent la cité sur 3,500km, en s'adaptant à la topographie compliquée du site entouré d'éperons rocheux.
Nous pénétrons par la Puerta Alta, décorée d'un blason polychrome de la ville, et parcourons la Calle Mayor.
La superbe porte del Arrabal et les murs qui lui sont contigus sont de style Mudéjar.
A l’extérieur des murailles, près de la porte Ouest, nous admirons une superbe fontaine monumentale, de "20 caños", qui date du XVIème siècle.
La collégiale Santa Maria est l'édifice le plus important de la ville. Il date du XIIème, mais fut profondément transformé au XVIème, la longueur de l'église romane devenant la largeur de l'église Renaissance.
En 1239, les Chrétiens mirent le siège de Puig de Codol, sur la route qui mène à Valence. Une messe fut célébrée par le curé de Daroca, Don Mateo Martinez. Quand les assiégés tentèrent une sortie, le prêtre enveloppa les hosties qui se teintèrent de sang et adhérèrent aux linges sacrés qui les entouraient. Le miracle était évident, mais se posa alors la question de qui aurait le privilège de conserver la précieuse relique... Les combattants de Teruel, Calatayud et Daroca placèrent alors le linge sur le dos d'une mule, qui déambulât sur les chemins aragonais, jusqu'à s'effondrer devant la collégiale Santa Maria de Daroca. Les cieux avaient choisi, et la chapelle de los Corporales fut érigée dans un contrefort de la collégiale. L'évènement est célébré annuellement le 7 mars, ainsi que la première quinzaine du mois de juin, avec processions, pluie de fleurs, festival de jotas et feria taurine...
Nous poursuivons notre route par le magnifique puerto de Santed, avant de redescendre légèrement pour rejoindre le village de Gallocanta. Un vieux monsieur, nous indique le départ de la piste qui nous permet d’atteindre l’ermitage Nuestra Signora del Bueno Acuerdo, qui domine magnifiquement la lagune de Gallocanta depuis le XIIIème siècle. Cette lagune résulte d'une fosse tectonique formée par l'effondrement d'une faille du système ibérique. Ce phénomène a produit un bassin endoréique, c'est à dire dans lequel les eaux n'ont d'autre destinée que celle de s'évaporer... Avec ses 6720ha, c’est la plus grande lagune d’Aragon, et l’une des plus grandes d’Espagne, perchée à 1000m d’altitude. Sa trop grande salinité ne permet pas la vie aquatique, mais les oiseaux migrateurs y séjournent en hiver : grues cendrées, flamants roses, cigognes noires et canards. Nettes rousses, outardes, fuligules milouins, foulques, avocettes, oies des moissons, tadornes de Belon, canards siffleurs, canards chipeaux, sarcelles, canards colverts, canards pilets et canards souchets reviennent avec plus ou moins de fidélité en hiver. On peut y observer 213 espèces de volatiles, dont 91 qui y nidifient!
La lagune de Gallocanta fut classée réserve de chasse contrôlée en 1972, puis zone spéciale de protection des oiseaux en 1987.
La fête de la grue a lieu chaque année le premier samedi de février. Des excursions dans la lagune sont organisées, accompagnées par des guides ornithologiques. Le programme est complété par des animations de rue avec dégustation de vin, de jambon, des concerts et des projections de documentaires.
Du 15 décembre au 15 février, le nombre de grues cendrées peut atteindre les 50 000, et il y en a actuellement 12 000…
Nous partons à pied sur le chemin qui se dirige vers le plan d’eau, comme le font la majorité des visiteurs. Vers 18H30, dès qu’arrivent les premiers vols de grues, tout le monde se tait, et nous assistons à un spectacle exceptionnel…
Bientôt, le vacarme de leur cris rend l’atmosphère émouvante… Moment inoubliable, et plus la nuit s’installe, plus les vols affluent, passant de plus en plus bas au-dessus de nos têtes, au point que nous entendons les battements d’ailes et les cris individuels.
Nous avons le privilège d’être les seuls à rester sur place pour passer la nuit…