Saint-Jean-le-VieuxDonazaharre |
Le village de Saint-Jean-le-Vieux est situé à 160m d'altitude, en Basse-Navarre, à 4km à l'Est de Saint-Jean-Pied-de-Port, sur les rives du Laurhibar. Saint-Jean-le-Vieux est riche d'un passé historique exceptionnel qui remonte à l'Antiquité avec la conquête romaine. Longtemps rivale de Saint Jean Pied de Port pour la suprématie sur le Pays de Cize, Saint Jean le Vieux a vu s'installer la plus importante garnison romaine de la région. Elle est désignée par un document antique sous le nom d' Immus Pyrenaeus (pied des Pyrénées): à la fois étape sur la voie romaine de Bordeaux-Astorga, poste militaire, et comptoir commercial (avec les mines de fer, de cuivre et d'argent de la vallée des Aldudes: Baïgorry et Banca). Les fouilles, sur le site découvert en 1965 à proximité de l'église, et classé Monument Historique en 1984, ont permis de mettre au jour des thermes ainsi que divers mobiliers exposés dans le musée construit à proximité (amphores, monnaies, céramiques, verre…). Hélas les constructions en métal qui sont censées protéger ce vestiges, sont particulièrement inesthétiques... Par contre, la motte féodale "Kaskohandi" ou "Kaskomendi" qui domine le site romain, n'a heureusement pas été massacrée par des aménagements intempestifs... Saint-Jean-le-Vieux regroupe deux paroisses médiévales Zabalza et Urrutia. On y comptait cinq églises au Moyen Age: Saint-Jean-Baptiste d'Urrutia, Saint-Pierre-d'Usakoa, Sainte-Madeleine-de-la-Recluse, la chapelle d'Arsoritzea, et la chapelle de Harrieta. Pendant longtemps, le village se groupa autour de sa plus ancienne église, Saint-Jean-d'Urrutia. Ce quartier était jadis le plus bâti et le plus fréquenté. Ce n'est qu'au début du XVIIème siècle que la cité se regroupe autour d'une autre église: Saint-Pierre-d'Usakoa. Sur les cartes de Sanson de 1648, on ne lit encore qu'Urrutia mais la paroisse véritable devient Saint-Pierre-d'Usakoa. C'est en 1803 que fut rattachée la paroisse d'Apat Ospitalea. Saint-Jean-le-Vieux était nommé "sancti johannis de cisera" en 1150, "sant iohan lo vieyll" en 1264, "sant johan el vieyllo" en 1350, "San-Juan-el-Viejo" en 1479 (chapitre de Bayonne), "San-Juan-lo-Bielh" en 1513 (chapitre de Pampelune), et "Sanctus-Petrus de Saint-Jean-le-Vieux" en 1685. Pendant la Révolution Française, Saint-Jean-le-Vieux fut appelé « Franche ». L'église Saint-Pierre d'Usakoa (construite sous l'égide de Saint Pierre-ès-liens) est d'origine romane, elle date du XIIème ou du XIIIème siècle. Église de la paroisse de Zabalza, l'édifice ne devint église paroissiale de Saint-Jean-le-Vieux qu'au XVIIème siècle, pour remplacer l'ancienne église Saint Jean-Baptiste d'Urrutia, qui tomba alors en décrépitude. La première grande restauration connue semble s'être déroulée au début du XIIIème siècle sous l'impulsion de Martin Biscay, curé de 1613 à 1616, et de son frère, curé pendant 31 ans. En effet, l'inscription latine portée sur le linteau du portail roman Ouest, restauré à cette occasion, nous l'apprend : "VIZCAY RECTORE FUIT REPARATIO". Ce linteau est surmontée d'une pierre portant la date "1630" entourant une croix et surmontée de deux clés. Ce portail se compose de trois voussures décorées de fleurettes s'organisant autour d'un tympan semi-circulaire. Des colonnettes à chapiteaux de palmes, de feuillages, d'entrelacs, de volutes et d'animaux, encadrent le portail, tandis qu'un chrisme est gravé sur le tympan. On ne trouve que peu de discoïdales anciennes dans le cimetière. En face de St Pierre d'Usakoa, sur la place se trouve une croix navarraise plantée sur 3 gradins. Les pèlerins venaient ici prier et se reposer avant de reprendre un long et périlleux voyage vers St Jacques de Compostelle. Le fût de la colonne supporte la croix dont les bras sont plus larges que le tronc. Sur une face, un Christ crucifié est sculpté, sur l'autre, c'est une vierge à l'enfant. Deux figures soutiennent les angles des bras et du tronc : leur visage est enveloppé de feuilles d'acanthe, de style renaissance. Toujours en face de l'église paroissiale, à l'angle Sud-ouest de la place, la maison Bassusenia possède un portail magnifiquement décoré par des polyèdres érigés sur des socles. Il faut remarquer les motifs floraux gravés sur les faces carrées de ces polyèdres. Ce type d'ornementation, et l'implantation des polyèdres sur socle semble assez rare. On trouve un superbe lavoir à une centaine de mètres au Sud-ouest de l'église. La Redoute fortifiée "Belle Esponda" est la mieux conservée et la plus remarquables des redoutes de la Révolution et du Ier Empire qui entouraient la place de St Jean Pied de Port. C'est un bel ouvrage étoilé dont le parapet domine le fossé. Au milieu de la face Sud, on distingue une gorge signalant l'entrée arrière de l'ouvrage. Les sommets des angles du parapet et ceux du contour extérieur du fossé, joints deux à deux, dessinent respectivement deux pentagones assez réguliers. A l'intérieur de l'ouvrage, on distingue les emplacements des barbettes (pièces d'artilleries) dans les angles. Cette redoute existait au moment des guerres de l'Empire mais il est possible qu'elle ait été édifiée lors de la guerre franco-espagnole de 1793-1795. Il ne semble pas qu'on y ait combattu. Le Château Salha, situé à proximité du bourg, en bordure de la D18 qui part vers Iraty, date de 1368. C'est certainement le successeur de l'antique "Salles des Seigneurs" ou "Donapetri", détruite en 1177 par Richard Cœur de Lion. La famille Salha devint une première fois propriétaire du château à la fin du XVIème siècle, puis au XVIIIème siècle, la maison étant ainsi appelée indifféremment depuis cette époque château Sala ou château de Saint-Pée. Le conseiller général, député et syndic Louis Etcheverry, célèbre pour avoir créé le journal "Escualduna" en 1887, le restaure au XIXème siècle. Aujourd'hui, le château Salha accueille des colonies de vacances. Le Château d'Irumberri, qui date de 1189, est le plus ancien de la commune. Le premier des Irumberry pris part à la huitième croisade en 1270 avec Saint-Louis et Thibaut II de Navarre. Au XVIème siècle, un Irumberri de Salaberri s'illustra à la bataille de Coutras, dans l'armée de Henri IV, y gagnant sa devise: "Force à superbe, mercy à faible". Au XVIIème siècle, Charles Michel Irumberri de Salaberry remporta la victoire de Châteauguay, qui eut lieu à un endroit stratégique sur les berges de la rivière du même nom, à 50 km au Sud-ouest de Montréal, près de la frontière américaine, contre les américains le 26 octobre 1813. Le colonel Charles-Michel de Salaberry, et son groupe de 300 hommes, y arrêtèrent les troupes américaines venues envahir le Bas-Canada. Cette victoire fut décisive pour l'indépendance du Canada. Au XVIème siècle, l'édifice original fut détruit, soit lors de la reprise de la Basse Navarre par les troupes navarraises, soit au cours des guerres de Religion. La construction actuelle ainsi que le pigeonnier semblent remonter au XVIIème siècle. Le château, qui domine la rivière Laurhibar et le quartier de La Madeleine, a été restauré dans le courant des XVIIIème et XIXème siècles. Un blason à l'inscription illisible est placé au-dessus de la porte d'entrée. Le Château d'Harrieta fut édifié au XIIème siècle, il était en 1150-1170 la propriété de Othsoa de Ferriette et figure comme palacio en 1388. En 1710, il appartenait à Jean de Larralde. C'était, au XVIIème siècle, le berceau de la famille de Harrieta, exploitants de sel. Les Harrieta ont joué un rôle important en Louisiane, l'un d'entre eux a fondé Mobile en 1702, une ville qui compte aujourd'hui près de 200.000 habitants en Alabama aux Etats-Unis. C'est dans ce château que se réunissaient les délégués du Pays de Cize, lors de la tenue des Juntes. En face de la maison se trouvait une chapelle détruite au début du 20e siècle Au Sud de la maison noble, des dépendances et des communs partiellement ruinés ont abrité un relais de poste. La façade Nord, autrefois façade principale, a conservé son aspect médiéval austère avec ses murs non enduits et ses deux tours. Le quartier d'Aphat Ospital subsiste encore mais on ne compte guère que quelques maisons, alors qu'il formait autrefois une véritable agglomération. Le site d'Apat Ospitalea était le siège depuis le 12e siècle d'une commanderie, d’un hôpital, d'une chapelle et d'un moulin appartenant à l’Ordre des Chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem. Le Livre d'Or de Bayonne fait mention en 1194 de "l'Hospitale et Oratorium de Apate". La Commanderie fut vendue comme bien national à la Révolution. D'après le chanoine Daranatz, la chapelle eut d'abord comme titulaire Saint Jean-Baptiste. C'est en 1803 que la paroisse Saint Blaise d'Apat Ospitalea fut incorporée à Saint-Jean-Le-Vieux. L'hôpital a été détruit dans les années 1950. La chapelle est abandonnée depuis le XVIIIème siècle, la visite pastorale de l'évêque de Bayonne en 1703 faisant la description d'un bâtiment peu entretenu. Cette chapelle réglait les destinées de Bustince (naissances, mariages, décès). Aujourd'hui tronquée, elle mesurait à l'origine 19m sur 10,50m. En effet, l'abside de la chapelle aurait été détruite en 1902. Les fondations subsistant au ras du sol ont permis de reconstituer le tracé de l'abside semi-circulaire. En 1922, la charpente aurait été refaite. De nos jours, les ruines de la chapelle possèdent un portail ogival à triple voussure, un oculus à six lobes, et dans le mur Nord-ouest, un enfeu vide à l'intérieur, qui date du XIIIème siècle. Elle a été rachetée par un particulier. La Croix de GANELON est d'époque carolingienne. Elle serait érigée à l'endroit précis où Charlemagne fit pendre le traître Ganelon après la bataille de Roncevaux en 778, où son arrière garde fut décimée par les Vascons. La légende veut que Roland, neveu chéri de Charlemagne, ait été trahi par Ganelon. Pour venger cette mort, Charlemagne fit dresser un pilier pour pendre le félon. La croix de fer est placée au sommet d'une colonne monolithe en grès rouge sise sur deux marches en pierre égalemnt en grès. Située dans l'axe de la route venant de Lacarre, entre Saint-Jean-le-Vieux et Aphat, sur la crête, ceux qui étaient suspendus à ce gibet ne pouvaient se soustraire à la vue des passants d'où le caractère d'exemple résultant de cette vision. La chapelle romane Saint Jean Baptiste d'Urrutia ou "Eliza zaharra" est sans doute le plus ancien sanctuaire de Saint-Jean-le-Vieux. Elle fut donnée par Pierre Sanche d'Urrutia à l'abbaye de Ronceveaux en 1243, mais elle fut cédée à l’évêché de Bayonne au XIVème siècle. Les pèlerins allant à Saint-Jacques-de-Compostelle passaient la rivière à gué à cet endroit. C'est à partir de la Révolution Française que l’édifice, en déclin surtout depuis les guerres de Religion, entame sa décrépitude. La messe y était encore célébrée en 1926. Cette chapelle est de forme rectangulaire (11m sur 7m) et comprenait deux niveaux. La présence de corbeaux sur la façade principale semble indiquer qu'il existait d’un porche protégeant l'entrée exposée à l'Ouest. Les murs, en pierre d’Arradoy et en calcaire, sont percés de fentes étroites et hautes, qui font penser à des meurtrières. Le portail roman presque intact est constitué d'une ogive inscrite dans un arc en double voussure reposant sur des consoles en grès d'arradoy. Il a été partiellement muré pour être transformé en porte rectangulaire. Il existait à proximité de cette chapelle, une fontaine miraculeuse placée sous le patronage de Saint Jean-Baptiste, où l'on venait pour guérir les enfants de la rougeole. La famille d'Urrutia servit les rois de Navarre en Bretagne et à Cherbourg. L'église Sainte Madeleine de Beigbeder (Betbeder) ou "de La Recluse" est située à un peu moins de 2km à l'Ouest du centre du village. Les chanoines réguliers des Prémontrés, venus de la Case-Dieu pour fonder au début du XIIIème siècle les abbayes de Lahonce et d'Urday, fondèrent également les prieurés d'Ispoure et de la Madeleine qui relevaient de Lahonce. La première mention de l'église de La Madeleine date de mars 1328. L'édifice devint chapelle privée du seigneur d'Irunberri (dalles funéraires de la famille d'Irunberri à l'intérieur), avant de devenir, en 1568, l'annexe de l'église paroissiale Saint-Laurent d'Ispoure. C'est en 1828 que la paroisse de La Madeleine fut réunie à Saint-Jean-le-Vieux. Elle a été restauré à l'époque contemporaine. Il y avait également à Beigbeder des pâturages, des vergers et des pépinières appartenant au roi de Navarre. L'édifice présente un plan allongé à vaisseau unique d'une grande simplicité, avec chevet plat à l'Est et clocher-mur à deux baies campanaires à l'Ouest. On observe encore dans l'appareil du mur gouttereau Nord la trace d'une porte en arc brisé qui devait être la porte des cagots. Cette église est entourée de quelques maisons et d'un fronton. On trouve une intéressante croix navarraise en bordure du parking situé à proximité. Face à l'église Sainte Madeleine de Beideger, la maison Priorenia " maison du Prieur", bel exemple d'architecture navarraise, carrée et sobre a dû succéder aux anciens bâtiments de l'hôpital pour malades qui venaient se mettre sous la protection de Sainte Madeleine. A l'origine, ce fut peut-être une maladrerie pour tous les errants voyageurs ou pèlerins atteints de maladies contagieuses comme la lèpre ou la gale... Elle servit de refuge à un malheureux traqué par le Tribunal pendant la révolution de 1789. Il y peint des fresques et l'on croit reconnaître les figures de certains chefs révolutionnaires. Sur la rive gauche du Laurhibar, de l'autre côté du pont, se trouve le moulin "Peko Eihera", propriété de François et Thérèse Lacroix, que l'on peut contacter au 05 59 37 06 72, pour faire une visite extrèmement intéressante. Ce moulin datant de 1249, est ouvert au public depuis 2005, le mercredi et le samedi de 13H00 à 18H00. Arsoritzea est citée dans liste des feux du royaume de Navarre, en tant que maison noble de la paroisse de Zabalza, en 1264 ("arçorritz"), en 1268 ("arssoritz") et en 1366 ("lospitau darssoritz"). Arsoritzea abritait un hôpital et une commanderie. Abbaye laïque à l' origine, elle fut donnée à Pampelune en 1147, puis appartint à l'Ordre de Malte. Elle devint plus tard une commanderie de Roncevaux et fut administrée par l'évêque de Bayonne au 17e siècle. Une chapelle dédiée à Saint Laurent était située à proximité de la maison noble; elle fut détruite au début du 20e siècle. De même, un moulin aujourd'hui détruit était en contrebas du four à pain portant la date 1867. La Commanderie d'Assoritz a aujourd'hui disparu. Cette maison hospitalière, prieuré-hôpital, était consacrée à Sainte Foy de Conques, patronne particulière des croisés français en Espagne (Ordre de Malte). Là, durent faire halte en particulier les Normands partis en 1013 avec Roger de Tosny, sire de Castillon. Thurod le Normand, à qui l'on doit probablement la geste de Roland ou "Chanson de Roland", dut s'arrêter à cette étape où les souvenirs de la bataille étaient restaient toujours vivants, enjolivés par les récits que ramenaient les combattants français de la Reconquista (VIII-XVème). La maison Arsoritzea a subsisté près du pont de la route de Jaxu. On observe une fenêtre à meneau et traverse en bois en élévation latérale Sud. En dépit des remaniements successifs, elle conserve des éléments de fortification tels que des meurtrières dans le mur gouttereau Nord. |