San Juan de Ortega

 

Façade de l'église.

Ce minuscule village de Castille, d'une vingtaine d'habitants seulement, est situé à 1000 mètres d'altitude, à une trentaine de kilomètres à l'Est de Burgos, sur le chemin de Compostelle.

Le village est né autour d'une chapelle et d’une auberge établies vers 1115 par San Juan de Ortega.

San Juan de Ortega "Saint Jean des orties", appelé parfois "le Saint cantonnier", est né en 1080 à Quintanaortuño, à proximité de Vivar del Cid, 15km au Nord de Burgos. Il fit un pèlerinage à Jérusalem, et en accomplissement d'un vœux, il édifia ce sanctuaire dans ce lieu qui à l'époque était plein d'orties. Ortega provient du latin 'urtica".

 Ainsi, est né un noyau de population qui recevait en 1202 des privilèges par le roi Alphonse VIII. Cette charte accordait des libertés à ceux qui s’établissaient, bien qu'il leur rappelle les liens qu'ils devaient au monastère.

Le 24 avril 1138, le Pape Innocent II prit sous sa protection le nouveau monastère, régit par des chanoines réguliers qui vivaient sous la Règle de Saint Augustin. Quelques Années plus tard, le 27 juillet 1170 Alphonse VIII en fait don à la cathédrale de Burgos. Après des années de litiges entre le chapitre et la cathédrale, en 1222, les deux parties signent un accord sur la juridiction de l'évêque dans les affaires du monastère.

En 1431, la situation de pauvreté du monastère et le relâchement des règles, fait que l'évêque de Burgos, Pablo de Santamaría, décide d’établir une communauté de moines de l'ordre espagnol de Saint Jérôme de Fresdelval pour qu'ils le réforment. Ils prirent possession du monastère en mars 1432. L'année suivante, San Juan de Ortega a été érigé comme monastère indépendant, confirmé par le pape Eugène IV le 27 juin 1441. Commence alors, une période de prospérité, favorisée par le mécénat de Pablo de Santamaría et de Alonso de Carthagène (tous deux évêques de Burgos, dont les armes apparaissent dans les clefs de voûte et au-dessus de la porte principale de l'église), et celui de Juan de Ortega, évêque d'Almeria.

On peut visiter de nos jours, l'église, classée monument national en 1931, construite à partir de 1150 et qui porte le nom de son bâtisseur, San Juan de Ortega. Quelques chapiteaux sont remarquables, comme celui qui décrit le combat de Roland et de Farragut et, surtout, le triple chapiteau de la Nativité. Il révèle le cycle de l'Incarnation et pour la première fois, l'archange Gabriel est représenté à genoux devant la Vierge, reconnue comme mère de Dieu. Conformément à toute une iconographie hispano-wisigothique et mozarabe, Gabriel lève de la main gauche une croix pattée, la Croix de Victoire asturienne. La Vierge, les deux mains ouvertes, paumes en avant, accepte la volonté divine. Derrière elle, une servante regarde le spectateur. Sur le chapiteau voisin, la Vierge est représentée avec Elisabeth qui lui pose, dans un geste plein de tendresse, la main gauche sur le ventre, lors de la Visitation. Le reste de la corbeille du chapiteau est entièrement décoré de scènes de la Nativité. Deux fois par an, au moment de l'équinoxe de printemps (21 mars) et de celui d'automne (22 septembre), ce chapiteau est éclairé par un rayon de soleil en fin d'après-midi. C'est la "luz equinoccial" qui symbolise l'Esprit saint descendant sur Marie.

Superbe entrée de lumière fermée par de l'albâtre.

Deux superbes retables baroques en bois sculpté polychrome, méritent d'être observés dans le détail.

A l'extérieur, il ne faut pas manquer d'observer les superbes modillons sculptées qui alternent des personnages et des motifs végétaux.

 On peut admirer également, le cloître, la chapelle de San Nicolás.

À l'ouest de la chapelle de Saint Nicolas se trouve l'ancien hôpital des pèlerins, construit à la fin du XVème ou début du XVIème siècle. Au XVIIIème siècle il est mentionné dans la documentation du monastère comme hospice. On accède à l’intérieur par une porte voûtée. Sur la clef de voûte se trouve l’écusson des royaumes de Castille et de León, couronné par une mitre. Les Pèlerins de Saint Jacques font encore halte en ces lieux, avant de rejoindre Burgos.

L'ancien hôpital des pèlerins.L’écusson des royaumes de Castille et de León, couronné par une mitre.

San Juan de Ortega était un architecte, bâtisseur de ponts et d'églises, il devint l'adjoint, puis le successeur de Santo Domingo de la Calzada.

Santo Domingo de la Calzada.

Il fit de nombreux miracles, comme la guérison l'enfant muet de pèlerins irlandais, ou la maternité d'épouses stériles...

Mort en 1162, il fut enterré dans son temple. Le tombeau, merveille de l'art funéraire, a été réalisé par un de ses amis. Il resta sculpté pour sa gloire, mais son humilité lui fit préférer la pierre nue.

Le tombeau réalisé par un de ses amis.

Sarcophage.

Sarcophage.

On peut également remarquer à l'extérieur, une belle plaque de bronze représentant les Pèlerins d'Emmaüs.

Les Pèlerins d'Emmaüs.

Espagne Castilla y León