Yebra de Basa

Ce village est situé à 884 mètres d'altitude, à 7 kilomètres à l'Est de Sabiñanigo. En 1976, il comptait 172 habitants.

C'est à Yebra de Basa, que chaque année, le 25 juin, sont célébrées les fêtes en l'honneur de Santa Orosia, patronne de Yebra et de Jaca. Selon la tradition, c'est la date anniversaire de la découverte des restes de la Sainte. Sa tête est conservée à Yebra et son corps à Jaca. Cette célébration date du XVI^ème siècle.

A cette occasion, les habitants de la région montent en procession par le chemin des ermitages jusqu'au sanctuaire de Santa Orosia. Cet espace naturel est protégé depuis le 2 mai 1975 en raison de son intérêt naturel et historique.

Santa Orosia

Selon la tradition, Santa Orosia serait née en 855. Son nom signifierait "bonne rose"... Fille des rois de Bohème et de Slavonie, elle serait venue pour épouser Fortuño Garcés, héritier de la couronne de Navarre d'Aragon et du Sobrarbe.

Mohamad Aben Lupo, un chef musulman réfugié dans la région du Haut Gállego et dissident du pouvoir de Cordoue, informé de cette alliance, poursuivit la jeune Orosia et ses compagnons. Ceux-ci, conscients du péril encouru se cachèrent dans des grottes, mais ils furent découverts. Mohamad Aben Lupo proposa à Orosia de se convertir à l'Islam et de se marier avec le calife de Cordoue, afin de le réconcilier avec le pouvoir. Mais Orosia refusa et elle fut donc martyrisée: on lui coupa les bras et la tête, alors qu'elle avait fait jaillir miraculeusement une fontaine sur le plateau. On dit que cette eau pourrait rassasier la soif des moutons du berger qui avait retrouvé les restes de la Sainte.

Deux siècles plus tard, un ange est apparu à un pasteur pour lui indiquer leur emplacement. On raconte que sur le trajet que fit le berger pour ramener la tête à Yebra de Basa, et le corps à Jaca, toutes les cloches se mirent à sonner toutes seules. De plus, la pluie mit fin à la sécheresse qui sévissait dans la région.

Le pèlerinage.

Dès le 24 Juin, les pèlerins arrivent de toute la région, certains comme les "Romeros del Guarga", viennent en procession depuis le pont de Sabiñanigo, respectant les quatre stations que fit le pasteur durant son trajet.

La première messe a lieu en l'église de Yebra de Basa. Les danseurs exécutent une danse et on chante le Magnificat. La tête de Santa Orosia est transportée par quatre hommes de maisons différentes. Ils sont désignés chaque année selon un ordre qui est fonction de leur situation dans le village.

Ermita del Augusto (l'Angusto)

Dès la sortie du village, sur le chemin des oratoires, se trouve la chapelle de l'Angusto. Au dessus de l'autel, se trouve une statuette de Santa Orosia surmontée de son portrait. Sur le côté, une prière à la fois fervente et naïve, illustre parfaitement les sentiments qu'éprouvent les Aragonais pour cette Sainte. Cette prière est encadrée par deux peintures qui représentent le moment où elle fut décapitée et l'apparition de l'ange au berger.

Ermita de las Coroniallas (Escoronillas)

Ce nom est synonyme de  glacis, ou terrasse fluviale. Cet ermitage se situe sur un terrain marneux, à l'endroit où la pente commence à se redresser. C'est l'endroit où la Sainte s'arrêta pour se reposer.

Ermita de las Arrodillas

Cet ermitage est construit sur une grosse roche calcaire qui possède deux marques que la Sainte a laissées en s'agenouillant.

Pasatuaras

Ce lieu correspond au croisement du chemin avec le barranco de Santa Orosia.

Cruz Gualda

A cet endroit, le cortège des pèlerins se repose en posant croix et bannières car c'est en ces lieux que le berger s'était reposé en descendant les restes de la Sainte. Les musiciens jouent alors une mélodie.

Ermitas de San Cornelio y de la Cueva

Ces deux ermitages datant du XVII^ème siècle, sont superposés dans la falaise, juste en dessous de la cascade del Chorro.

On accède à l'ermitage San Cornelio par un escalier de pierre. Une seconde messe est célébrée à cet endroit. On dit que c'est là que reposèrent les restes des compagnons de la Sainte jusqu'à ce qu'ils soient profanés pendant la guerre civile.

L'ermitage de la Cueva, est situé au-dessus de San Cornelio. On y accède par un sentier situé sur la droite. Il est constitué d'un grand mur pour fermer le volume créé par l'érosion d'une couche tendre du terrain (corniche).

A l'entrée on remarque l'emplacement des cloches (qui furent fondues pendant la guerre civile). L'intérieur est éclairé par trois ouvertures, et l'on accède par une porte voûtée surmontée d'un blason.

Dans cette grotte, le 16 juin 1680, un enfant de Yebra: Bartolomé Escuer, fit une chute pendant son sommeil jusqu'à la grotte inférieure. Il ne souffrit miraculeusement d'aucune blessure... De nos jours, les jeunes de Yebra jettent une pierre dans le barranco, et selon les rebonds de celle-ci, ils connaissent le nombre d'années qu'il leur restent avant  de se marier...

Ermita San Blas

En cheminant sur la corniche au niveau de l'ermitage San Cornelio, se trouve l'ermitage San Blas dont la façade garde quelques décorations peintes, mais également quelques graffitis...

Ermita de Santa Bárbara

C'est là que les pèlerins font leur dernière station.

Ermita de la Cruz o del Zoque.

A cet ermitage, les croix de tous les villages venus en pèlerinage saluent celle de Yebra de Basa. Les danseurs exécutent une danse.

Fuente de tres caños

Cette fontaine est située sur le plateau, à côté du sanctuaire de Santa Orosia. Le martyre de la Sainte commença à cet emplacement. C'est pourquoi, la tête de la Sainte pâlit lorsque la procession passe à cet endroit... Cette fontaine est la source du ruisseau qui alimente la cascade qui surplombe les ermitages de la Cueva et San Cornelio.

Santuario de Santa Orosia

Ce sanctuaire est situé à 1570m d'altitude, au pied du mont Oturia. Il fut construit au XVIIème siècle (1665-1669) à l'emplacement d'une chapelle romane plus petite. Le bâtiment fut dégradé pendant la guerre civile mais il fut restauré durant les années 1970-1980 (ainsi que les ermitages qui jalonnent le chemin de la procession).

La tête de Santa Orosia est déposée sur l'autel, et l'on célèbre la troisième messe.

Ensuite, les pèlerins se rassemblent par village pour manger. Les danseurs en costume, avec des chapeaux décorés de fleurs et de rubans,  exécutent des danses traditionnelles au son du "chiflo" et du "chicotén", avant que les pèlerins ne se dispersent et redescendent les reliques dans la vallée.

A l'entrée du village, sur la façade sud d'une des premières maisons sur la gauche se trouve un petit monument en reconnaissance à Alfonso Villacampa, qui fut l'artisan du renouveau de la danse et de la musique traditionnelles de la vallée.

A l'intérieur du village, une maison possède un beau chapiteau au dessus de l'entrée. En dessous de ce chapiteau, sur la clé de voûte, est représenté un personnage "négroïde" assez étonnant...