A vélo dans la Haute Lande et en Gironde

 Octobre 2006

Jeudi 26 octobre

Nous quittons Bayonne aux environs de 10H30, pour prendre la RN10 jusqu'à Saint-Geours-de-Maremne. Nous passons Saint-Paul-lès-Dax et Mont-de-Marsan pour rejoindre Labrit où nous arrivons à 12H30. Au cours des derniers kilomètres, nous apprécions les superbes (et nombreuses) maisons à colombages. Le bourg de Labrit fut remanié dans les années qui suivirent les effets de la loi du 19 juin 1857, qui obligea 262 communes des Landes de Gascogne à assainir leurs landes communales en vue de la plantation des pins.

Labrit, est le pays d'origine de la famille des Albret, qui marqua l'histoire des rois de Navarre, et dont une fille, Jeanne III, devint la mère d'Henri IV. L'emplacement du château de terre et de bois, construit à partir de 1127 est encore visible.

Nous mangeons sur le parking situé derrière l'église, avant d'enfourcher nos vélos.

Nous passons au Sen, puis, sur la route de Lencouacq, nous faisons envoler un faisan et ses poules... Un vol de palombes est posé à la cime des pins...

Nous nous étonnons de l'église de style hispanisant de Lencouacq...

Nous passons à Cachen où nous trouvons quelques belles maisons à colombages

Nous faisons une petite pause à l'église de Bélis qui possède une très belle porte en bois sculpté.

Passant par Brocas, nous allons voir le haut-fourneau qui a fonctionné entre 1832 et 1889. Il se trouve à proximité d'un étang situé à l'emplacement où l'on extrayait la garluche qui servait de minerai. La nappe phréatique affleurante a donc transformé la zone excavée en un petit lac. Hélas le petit musée de la forge est fermé. La garluche, forme évoluée de l'alios, mais à faible teneur en fer, était également utilisée comme matériau de construction.

Nous passons par Vert, où nous observons l'église qui fut remaniée au Moyen Âge, pour rentrer à Labrit à 17H00. Nous avons fait 46km de vélo.

Dès 17H30, nous repartons en camping-car par Luxey, Sore, Belhade et Mano pour rejoindre Hostens. Hélas une tempête est passée par là, et le site du lac est interdit au public. La zone située autour de l'aire de services camping-cars est également très endommagée et la borne est momentanément hors-service...

Nous repartons par Villandraut, et allons nous installer pour passer la nuit, à proximité immédiate de la piste cyclable Mios-Bazas, à Uzeste. Nous étions déjà venu passer la nuit à cet endroit, à coté de l'ancienne gare, transformée en gîte rural. Il est déjà 19H00 et la nuit commence à tomber.

Vendredi 27 octobre

Nous quittons notre "bivouac", et revenons sur nos pas pour laisser le camion à Saint-Léger-de-Balson, à proximité de la piste cyclable Mios-Bazas, devant l'école.

Départ en vélo à 9H30 par la piste cyclable. Nous traversons Saint-Symphorien et partons au Nord sur la D11.

Nous faisons un crochet par Origne, où le restaurant "La cuillère à pot" affiche au menu du jour: "gibier + cèpes"... Mais ce n'est pas l'heure...

Nous passons à Balizac et Laulan pour rejoindre Budos. A la sortie du village, un superbe château médiéval du XIV^ème siècle surplombe le vignoble.

Nous franchissons la petite rivière nommée: "le Ciron", qui draine vers la Garonne, l'Est du plateau Landais. C'est à cette rivière et à ses brumes, que l'on doit l'alchimie qui favorise l'apparition de la "pourriture noble": le Botrytis cinerea, un champignon qui attaque les raisins à maturité et les déshydrate de 25% de leur jus. Les grappes pourrissent, puis fournissent les célèbres crus de Sauternes, couleur d'or...

Sur la hauteur du village de Bommes, nous passons devant l'école de viticulture du château de "La Tour Blanche". Malgré sa vocation pédagogique, c'est le n°2 du Sauternes, derrière château Yquem...

Nous passons devant le château Clos-Haut-Peraguay, sans céder à la tentation d'une dégustation...

Sur le vignoble du château Rayne Vigneau, les rosiers sont encore en fleurs à l'extrémité de chaque rang de vigne.

Le château d'Yquem est hélas dissimulé par des arbres de haute futaie.

Nous parvenons à Sauternes, où nous nous installons pour pique-niquer sur la place centrale.

Nous repartons en direction de Léogeats, passant devant le château Filhot, pourvu d'un superbe pigeonnier du XIII^ème siècle, percé d'ouvertures aux quatre points cardinaux, et équipé de deux margelles de pierre, destinées à empêcher l'intrusion des prédateurs.

Nous faisons une petite pause devant le château de Villandraut, qui n'a plus rien à voir avec les crus de Sauternes. Cette forteresse moyenâgeuse, entourée de douves, et flanquée de tours élevées, était l'expression de la toute puissance de Clément V, élu pape en 1305, né  à Villandraut (qui à cette époque est un lieu-dit "la Vigne d’Andron"), et enterré à Uzeste. Alliant une défense rigoureuse et un confort résidentiel rare, il fut à plusieurs reprises le siège de la cour papale au début du XIVème siècle.

Nous rentrons pour 14H00, à Saint-Léger-de-Balson, par la piste cyclable Mios-Bazas, avec 61km au compteur du vélo. Nous allons voir l'église du XIIème siècle, superbement rénovée. Elle fermée, et nous ne pourrons donc pas voir ses peintures murales de grande renommée...

Après un café et une bonne douche, nous voici frais comme des gardons...

Nous repartons en camping-car par Saint-Symphorien, Balizac, Landiras et Illats, avant de traverser la Garonne entre Podensac et Béguey.

L'aire France-Passion de Haux ne nous inspire pas, nous allons donc nous installer sur l'aire de camping-cars de Créon, au bord de la piste cyclable Roger Lapébie qui rejoint Bordeaux à Sauveterre-de-Guyenne.

Partant visiter Créon, nous avons le malheur de passer devant la pâtisserie qui fait face au point vélo aménagée dans l'ancienne gare... Nous succombons...

Retour au camion pour déguster, puis petit tour dans Créon, bastide qui a conservé une vaste place à arcades, hélas envahie par le stationnement des voitures... La fromagerie nous fait succomber une seconde fois à la tentation, et nous nous offrons un beau morceau de fromage de Salers...

Samedi 28 octobre

Dès 9H30, nous partons par la piste cyclable en direction de Bordeaux. Nous la quittons à Lignan-de-Bordeaux, où nous faisons un arrêt pour observer en bord de route, face à l'église, d'étonnantes tombes anthropomorphiques, creusées à même la roche, et qui datent des X et XI^èmes siècles. Nous montons ensuite à l'église romane du XIIème, où nous remarquons un cadran solaire sur la façade Sud, mais surtout, de superbes modillons sculptés.

Nous passons ensuite à Saint-Caprais-de-Bordeaux, où les modillons sculptés de l'église sont également magnifiques, et de factures assez semblable à celle des précédents. Construite à l'emplacement d'une église du V ou VIème siècle, superbe exemple d'art roman, l'église  de Saint-Caprais est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1925.

Nous remarquons, entre la mairie et le stade, un bâtiment dont le fronton est orné d'une superbe tête de bœuf en pierre.

Nous passons ensuite devant le château de Lyde, avant de parcourir le vignoble de l'Entre-deux-mers, par une très agréable route de crête.

Il nous faut monter une côte un peu raide pour parvenir à l'église de Saint-Martin-de-Haux, dont le portail à quatre voussures vaut à lui seul le déplacement. De l'intérieur vers l'extérieur, on observe une frise d'animaux placés dans les méandres d'une broderie végétale, et sur la voussure suivante, les vingt quatre vieillards de l'apocalypse saluant le Christ entre deux anges. Au sommet, figurent les quatre symboles des évangélistes. On reconnaît dessous, une série de scènes de l'Ancien Testament. L'ensemble est encadré par une frise continue, constituée de personnages féminins qui se tiennent par la main. sur les chapiteaux figurent des scènes du Nouveau Testament: les saintes femmes au tombeau, l'adoration des mages. Nous remarquons également une piéta polychrome sur le côté gauche du portail.

Nous rejoignons La-Sauve-Majeure et son abbaye fondée avec sept bénédictins par le moine Gérard de Corbie en 1079.

L'église abbatiale fût consacrée le 24 août 1231. Endommagée par un tremblement de terre, plusieurs fois mise à sac, transformée en carrière puis en prison, elle servit d'hôpital militaire durant la Grande Guerre. Elle devint un point de rassemblement important de pèlerins en partance pour Rome, Jérusalem, et surtout Saint-Jacques-de-Compostelle. Avant leur départ, les pèlerins s'y arrêtaient pour recevoir les bénédictions d'usage, pour faire bénir leur bourdon (bâton de pèlerin, se confesser, mais aussi pour rédiger leur testament en cas de non-retour... Au retour de Saint Jacques, ils venaient récupérer les objets précieux mis en dépôt, ou pour se consacrer à la vie monastique. L'afflux de pèlerins nécessita la construction d'un hospice pour les plus pauvres, et d'un hôpital pour les malades.

Les voûtes d'ogive de la nef à deux étages sont parmi les plus anciennes de Guyenne, le chœur hexagonal est majestueux, avec ses absidioles, et le clocher octogonal du XIII^ème qui surplombe l'édifice. Les divers chapiteaux historiées illustrent: le sacrifice d'Abraham, Daniel dans la fosse aux lions, la vie de Samson, la décollation de Jean Baptiste, le combat d'un aspic et d'un basilic ainsi que des centaures.

Les bénédictins étaient d'excellents viticulteurs, ils ont contribué à l'amélioration des méthodes de culture et à l'extension du vignoble en défrichant le plateau de l'Entre-deux-Mers.

Nous montons jusqu'à l'église Saint-Pierre, dont les éléments de décors du mur Est évoquent le pèlerinage, avec en particulier une statue de Saint-Jacques appuyé sur son bourdon (le bâton du pèlerin). Nous observons le portail principal et les nombreux modillons sculptés.

Nous rentrons à Créon (pour 12H30), par la piste cyclable, très agréable, qui emprunte le tracé d'une ancienne voie ferrée. Le compteur du vélo affiche 41km... Nous avons fait presque 150km en trois jours...

En début d'après-midi, nous rejoignons l'aire France-Passion du château Dallet à Baigneaux. Nous passons l'après-midi en compagnie des moutons, et dans la soirée, Philip Dallet, le propriétaire exploitant nous vend six bouteilles de 2003 pour vingt quatre euro. Nous le goûtons aussitôt avec du magret et des cèpes...

Dimanche 29 octobre

Après une excellente nuit super calme, nous quittons Baigneaux vers 9H30. Nous repartons pour Langon, puis nous repassons par Uzeste pour visiter la collégiale. Cet édifice de style gothique date des XII et XIV^èmes siècles. On y trouve le tombeau du pape Clément V, premier pape français en Avignon, inhumé à Uzeste en août 1314. Son règne a été marqué parles difficultés de Philippe Le Bel avec la Papauté, suite à la publication de la "Bulle Unam Sanctam", mais aussi et surtout par l'affaire des Templiers.

Face à cet édifice, des affiches apposées sur le mur de la bibliothèque, témoignent d'une vie culturelle active, avec un ton "identitaire" clairement prononcé.

Nous ne pouvons nous perdre: sur la façade délavée d'une maison, un panneau indique "Les Pyrénées 210km"...

Nous passons à Luxey et à Sabres, où nous apercevons les locomotives rutilantes, qui conduisent les visiteurs à l'écomusée de Marquèze (grand parking sous les pins, accessible aux camping-cars).

Les lignes droites sont interminables; nous passons à Morcenx-bourg et à Rion-des-Landes qui possède une très belle église.

Nous faisons étape en forêt pour manger, en rentrons à Biarritz en milieu d'après-midi.