Monastère San Juan de la Peña |
Le monastère San Juan de la Peña a été édifié en l'an 922, probablement par Sancho Garés II, comte d'Aragon Il est situé dans un abri sous roche, à 1120m d'altitude, à une douzaine de kilomètres au Sud-ouest de Jaca, au-dessus du village de Santa Cruz de la Serós, au pied d'une falaise surplombante de la sierra de la Peña. Ce site était occupé depuis deux siècles par des ermites, suite à l'invasion musulmane. Le 22 mars 1071, le roi Sancho Ramírez fit adopter dans le monastère, puis dans tout l'Aragon, la liturgie romaine utilisée en Occident, mettant fin à l'ancien rite mozarabe ou wisigothique. Il y installa les Bénédictins de Cluny. En 1078, le monastère reçut les reliques de San Indalecio et de San Jaime, ainsi qu'un important patrimoine des mains du roi d'Aragon. C'est ainsi qu'au-dessus de l'église inférieure préromane, furent édifiés un nouveau temple, des chapelles funéraires, et les bâtiments nécessaires à la vie de la communauté monastique. En 1083, le corps de Ramiro 1er souverain d'Aragon, fut solennellement enterré au monastère San Juan de la Peña, qui devint panthéon royal. L'église romane supérieure, constituée d'une triple abside encastrée sous le roche, fut consacrée le 4 décembre 1094, en présence du roi Pedro 1er. C'est au XIIème siècle que le monastère commença à décliner, et l'incendie de 1675 qui dura trois jours, obligeât la communauté monastique à quitter ces lieux devenus insalubres. La visite de l'ancien monastère débute par le dortoir des moines, nommé aussi à tort "salle des conciles", car les moines ont voulu faire croire qu'un concile y avait été célébré sous le règne de Ramiro 1er... Il est divisé en quatre travées par des arcs en plein cintre, qui reposent sur des piliers cruciformes. L'église inférieure édifiée sur deux niveaux est située à l'extrémité du dortoir. La partie primitive, constituée de deux absides rectangulaires est intégrée à l'abri sous roche. Elle fut décorée en 1170 par des fresques représentant la crucifixion, et une scène de la vie de Cosme et Damien. Les Saints sont brûlés par les flammes activées par un soufflet qu'actionne le bourreau, alors qu'ils dirigent leurs prières vers les anges et les cieux, alors que les païens dirigent leur regard vers la terre. La partie plus récente est également constituée de deux nefs; elle fut construite au XIème siècle pour servir de soubassement à l'église supérieure. On accède à l'étage supérieur par le panthéon des nobles, constitué d'une cour, dont le mur est creusé d'une double rangée de sépultures fermées par des dalles ornées de chrismes, blasons, croix et motifs divers, datées de 1082 à 1325. Elles sont séparées par des arcs en plein cintre décorés en damier "ajedrezado jaqués", et soutenus par des cariatides. Ce sont des personnages illustres du royaume d'Aragon qui furent enterrées ici, et leur famille contribuèrent à l'enrichissement du monastère. On peut remarquer de nombreuses inscriptions nécrologiques sur les murs de la cour. On accède ensuite à l'église haute à nef unique. Son sanctuaire est constitué de trois absides creusées dans la roche. Le panthéon royal néoclassique date du XIIIème, et fut construit par le roi Carlos III. La nécropole royale se trouve derrière le mur de marbre, les rois Ramiro 1er, Sancho Ramírez et Pedro 1er y sont enterrés. Les quatre reliefs en stuc réalisés par Pascual Ipas représentent des scènes de l'histoire d'Aragon. On pénètre dans le cloître par une porte mozarabe qui semble être un réemploi provenant de l'église inférieure. Côté cloître, l'arc porte une inscription signifiant: "La porte du ciel s'ouvre à travers celle-ci, à tout fidèle qui s'efforce d'unir à la foi les commandements de Dieu". Le cloître est certainement la partie la plus originale et la plus connue du monastère. Sa situation insolite sous l'aplomb de la falaise lui confère une disposition architecturale unique, visible depuis l'extérieur du monastère. Tous les chapiteaux sont originaux, et la plupart sont historiés, représentant des scènes de la genèse et de la vie du Christ. Ils avaient à l'époque, une fonction didactique, permettant aux illettrés de découvrir la bible. Le Maître de San Juan de la Peña a voulu souligner les expressions, les attitudes, les caractères, en créant des personnages disproportionnés aux yeux globuleux soulignés par des incisions au-dessus des sourcils, avec des plis et des bords dentelés sur les vêtements. Dans un angle du cloître, accolée à l'église, se trouve la chapelle de Saint Victorian qui fut construite entre 1426 et 1433 et a servi de sépulture aux abbés. De style gothique flamboyant, elle serait la première manifestation du gothique fleuri d'Aragon. L'œuvre est harmonieuse et délicate avec sa porte à pinacle , ses oculi, ses arcs polylobés richement sculptés, sa voûte en croisée d'ogives et son décor d'animaux, d'anges et de végétaux. A l'autre extrémité du cloître se trouve la chapelle des Saints Voto et Félix, construite au XVIIème siècle, de style néoclassique. On peut voir à l'intérieur, un tableau évoquant la légende attachée à l'origine du monastère. Un chevalier de Saragosse nommé Voto chassait le cerf dans la forêt environnante. Il chuta accidentellement avec son cheval, du haut de la falaise qui surplombe le monastère actuel. il invoqua alors Saint Jean Baptiste, et par miracle se réceptionna sans dommage devant un ermitage. De retour à Saragosse, il convainc son frère Félix de vendre tous leurs biens et de se retirer dans cette grotte. Un nouveau monastère de style baroque fut édifié en 1682 sur le plateau de San Indalecio, mais en 1809, il subit les exactions des troupes napoléoniennes... Il fut occupé par les moines jusqu'en 1835, date à laquelle l'état espagnol expropria leurs biens. On peut y visiter le centre d'interprétation du royaume d'Aragon, et le centre d'interprétation du monastère de San Juan de la Peña. On y trouve aussi un hôtel quatre étoiles... |
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