Cratère Víti - Leirhnjúkur - Námafjall - Hverfjall - Grjótagjá
Dimanche 8 juillet 2018
Dès 9H00, nous prenons la route pour aller voir le cratère de Víti.
Dès que nous descendons du camion au niveau du parking, nous sommes saisis par l'intensité du caractère des paysages qui nous entourent. Les zones d'exploitation géothermique que nous venons de traverser nous indiquaient bien que nous étions sur un volcan potentiellement actif, mais l'immersion dans ce site extraordinaire provoque véritablement une émotion intense.
Ce cratère de 300 mètres de diamètre environ a été formé au cours d'une éruption explosive qui a duré 5 ans à partir du 17 mai 1724.
Le centre du cratère Víti est occupé par un merveilleux lac dont les eaux sont colorées en bleu turquoise par des algues siliceuses.
Nous montons par la droite en suivant la ligne de crête, avant de passer à proximité d'une zone d'exploitation géothermique située entre deux petits lacs. Ces lieux dégagent une ambiance surréaliste !
Les couleurs, les odeurs et le bruit que provoque l'échappement des vapeurs au niveau des forages nous font prendre la mesure de la puissance que dégage ce site volcanique.
Snorri nous recommande de rester sur le sentier afin d'éviter les zones dangereuses où nos chaussures pourraient fondre instantanément, et où nos pieds risqueraient de cuire...
Il est 10H00 lorsque nous partons visiter le site de Leirhnjúkur en empruntant un chemin balisé qui s'avance entre un vaste champ de lave noire encore fumante et le cratère de Krafla. Cette coulée de lave est très récente puisqu’elle date de la dernière éruption du Krafla (1975-1984), ainsi certaines parties n'ont pas encore totalement refroidi !
Après avoir parcouru quelques centaines de mètres dans un décor dantesque, nous découvrons une multitude de solfatares et autres fumerolles, qui dégagent une très forte odeur de soufre. Les couleurs du sol et leurs contrastes sont véritablement stupéfiants.
Un peu plus loin, un belvédère aménagé nous permet de dominer un lac laiteux, autour duquel nous observons des mares de boue multicolores et bouillonnantes.
En poursuivant notre parcours, nous constatons que le sol est fracturé en de multiples endroits. Le parcours très facile que nous réalisons dans ce site est véritablement grandiose ! Nous n'aurions pas imaginé au départ de ce voyage, percevoir à un tel point l'activité volcanique de l'Islande.
Nous poursuivons jusqu'au pied du petit cratère d’Hofur dans une zone où une grand quantité de lave s’est échappée lors des dernières éruptions. Nous enjambons, non sans émotion, des failles qui se trouvent dans l'axe du cratère. Est-il vraiment endormi ? Rien de moins sûr !
Christiane prend un bloc de pierre ponce, et le brandit fièrement, étonnée de la puissance soudaine de son bras...
Un peu plus loin, une cavité attire plus particulièrement notre attention tant la roche rouge vif pourrait nous faire penser à un pot de confiture renversé ! Personne n'osera s'aventurer dans le tunnel béant qui s'ouvre devant nous...
Au retour Snorri nous fait passer par un belvédère qui domine l'ensemble du site. Nous cheminons au milieu de tunnels de lave, de fumerolles, et de failles avant de rejoindre la parking à 12h05.
Nous faisons un rapide arrêt à la centrale géothermique qui se trouve en bordure de route. Je ne manque pas de remarquer la taille impressionnante des trépans qui sont utilisés pour réaliser les forages...
Voici qu'à 12H30, Snorri nous propose une nouvelle visite qui se révèlera passionnante : Námafjall. Ce site va nous présenter des manifestations d'origine volcanique spectaculaires : des solfatares, des marmites de boue, des fumerolles... L'endroit est éblouissant ! Les couleurs varient de l'ocre au jaune vif du soufre, du noir de la lave au gris de l'argile avec quelques mousses d'un vert fluo qui contraste avec le bleu du ciel qui a eu la bonne idée de se dégager.
Les vapeurs et l'odeur de soufre envahissent l'atmosphère. Un petit sentier facile permet de faire le tour du site en passant entre les marmites bouillonnantes. De nombreux panneaux indiquent un danger à l'approche de certaines marmites dont la température s'élève à plus de 80°. Il est impératif de ne pas s'aventurer hors des sentiers balisés tant le sol se craquelle et semble fragile par endroit.
Ces marmites de boues se forment avec l'eau de pluie, qui, lorsqu'elle s'infiltre dans le sol, se réchauffe avant de se charger en gaz puis en acide sulfurique. Au contact des minéraux, elle les transforme en argile. La vapeur de certaines fumerolles peut atteindre les 120° !
13H00 Nous embarquons dans le beau Mercedes jaune, assorti au site que nous venons de visiter, pour rentrer manger au gîte.
Pas de répit, il est 14h10 lorsque Goumi nous dépose à l'extrémité d'une piste pour monter au sommet du volcan explosif nommé "Hverfjall" (celui que nous avions vu hier depuis le site de Dimmuborgir).
Âgé de 2 500 ans, ce volcan est le résultat d'une seule éruption qui a rejeté des roches et des cendres, mais pas de lave. Le cône volcanique mesure environ 250 mètres de haut pour un diamètre de 1,200km, et la profondeur du cratère est d'environ 200 mètres.
La montée côté Nord se fait par un bon sentier sur des petits cailloux de basalte, et le sol est beaucoup plus stable que ce qu'on pourrait imaginer.
On dit parfois que la végétation est totalement absente sur ses pentes et dans son cratère, pourtant nous y découvrons un beau pied de Silènes à une fleur.
Au sommet (14H55 - 420m d'altitude), le panorama sur le lac de Mývatn et ses alentours est vraiment superbe, pourtant, c'est le fond du cratère qui capte l'attention, malgré son aspect particulièrement austère.
Nous descendons côté Ouest, en suivant un sentier balisé particulièrement raide. Entre-temps, Goumi qui était avec nous au sommet, a déja été chercher le camion, et nous attend au pied du sentier ! Ce chauffeur est un phénomène, une force de la nature. Sous son aspect un peu bourru, il est très attachant et c'est probablement "l'ours islandais" le plus doux et le plus amoureux de son pays... (et aussi de son camion...)
Nous avons parcouru seulement 2km et réalisé 250m de dénivelé. Cependant la journée n'est pas terminée...
15h25 : Goumi s'engage sur une piste particulièrement chaotique vers le Sud... Il nous réserve visiblement une surprise avec la complicité de Snorri...
Dix minutes plus tard, Goumi se gare sur le côté de la piste, au niveau d'une faille tectonique (65° 34' 32.3" Nord - 16° 50' 25.1" Ouest).
Nous marchons quelques minutes pour aller visiter un cratère où nous découvrons une nouvelle fois des tunnels de lave et des roches particulièrement colorées.
Snorri nous a averti : nous sommes dans un site très fréquenté par les faucons émerillons. Lorsque nous revenons au camion, le miracle se produit : un faucon vient se poser à quelques centaines de mètres de nous, et nous laisse tout le temps de nous approcher pour l'observer. Ce fut véritablement une belle rencontre !
Nous embarquons à 16H00, et en route pour le site de "Grjótagjá". Il s'agit d'une grotte qui se trouve dans la faille qui sépare les plaques tectoniques entre l'Europe et l'Amérique. La grotte possède en son cœur un lac d'eau chaude vaporeuse et bleutée dans lequel il était possible de se baigner avant que la température n'y devienne trop élevée (60°) après les 9 éruptions du Krafla entre 1975 et 1984. La température baisse d’un degré par an mais la température de l'eau varie actuellement entre 43° et 46°... Hélas, suite à des comportements irrespectueux du site (propriété privée), la baignade est dorénavant interdite...
Nous rentrons au gîte à 16h45, après avoir laissé la majorité de nos compagnons à Jarobödin, pour se baigner dans un lac d'eaux chaudes bleu turquoise, creusé dans un champ de lave. Nous avons une bonne raison d'échaper au bain : Christiane ne peut pas se mouiller la tête, à cause de sa cicatrice...
Nous n'avons parcouru qu'environ 70km dans la journée, mais elle a pourtant été bien remplie !
Avant le repas, Snorri nous propose de goûter quelques spécialités islandaises. Il nous offre donc du "harðfiskur", des lamelles d'aiglefin (haddock) séché et battu, à tartiner de beurre.
Nous goûterons également le fameux plat national : le "hákarl", du requin mariné durant plusieurs mois. Comme le requin n'urine pas, sa chair fraîche est saturée d'acide urique ainsi que d'oxyde de triméthylamine, une neurotoxine dont les effets sont proches de ceux de l'ivresse... La préparation consiste à enfouir la chair du requin dans le sol pendant environ six à douze semaines selon la saison puis à la faire sécher dans un séchoir pendant quelques mois.
Il nous sert le "hákarl" en tout petits cubes, accompagné d'un petit verre de "brennivin", une eau de vie de pomme de terre parfumée au "carvi" (appelé cumin des prés)... Certains détestent, d'autres en reprennent un second morceau pour bien définir la saveur qui se trouve être bien plus agréable que l'horrible odeur d'ammoniaque qui en émane. Je dirai pour ma part qu'il présente des similitudes avec le goût d'un très vieux fromage d'alpage (mais au moins il n'a pas de vers...). En fait, il s'agit plus d'une tradition gastronomique islandaise qu'un met de choix recherché par les connaisseurs.